Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 01 Juin 2023
Les adaptations manga de light novel ont plus que jamais le vent en poupe. Par elles, certains genres ont explosé, dont l'isekai et la fantasy, pour le plus grand bonheur de certains, mais au déplaisir de bien d'autres. Dans ces deux genres, les codes vidéoludiques du RPG sont régulièrement repris, aussi il n'est pas surprenant que la maison Mana Books se soit intéressée à ce type d’œuvres.
En ce printemps 2023, la grande nouveauté de l'éditeur est l'adaptation du light novel LV999 no Murabito, écrit par Koneko Hoshitsuki et illustré par Fuumi, initialement publié sur internet avant de profiter d'une version physique en 8 volumes.
Signée Kenichi Iwamoto, dont il s'agit de la toute première œuvre sur laquelle il agit seul, la version manga est en cours de parution depuis 2017 dans la revue Comp Ace des éditions Kadokawa Shoten et dénombre actuellement 14 volumes. Suivant une traduction littérale, mais efficace, c'est sous le titre Villageois LVL999 que le manga nous est proposé, avec sortie simultanée des deux premiers ouvrages.
Le monde d'autrefois n'existe plus. Depuis que les monstres et les démons sont apparus, les humains se sont vus attribués aléatoirement des rôles desquels ils ne peuvent déroger, des statuts qui leur confère aussi des compétences particulières. Koji Kagami est pourtant une exception. Simple villageois, il a atteint le niveau 999, le rendant bien plus puissant que n'importe quel chevalier. Pourtant, il n'aspire pas à de grandes ambitions, mais sa rencontre avec une enfant de la race des démons va changer les choses...
Univers reprenant les codes du RPG, simple PNJ qui se voit doté d'une force incommensurable, opposition contre un fameux roi-démon... Toutes ces idées sont récurrentes dans les mangas de fantasy actuels (isekai ou non), si bien que la lecture du synopsis de Villageois LVL999 ne laisse pas forcément entrevoir une œuvre qui se distingue des autres. Et pourtant, cet a priori est vite chassé au fil de la lecture de ce premier tome qui, s'il n'amène pas de formule particulièrement différente, traite ses idées d'une manière efficace, dans le dynamisme et la légèreté.
Est-ce parce que le roman de base est écrit de manière à sortir du lot, ou doit-on cette réussite au talent du jeune mangaka qu'est Kenichi Iwamoto ? Difficile de savoir si on n'a pas accès au récit initial, mais peu importe. Ce premier opus parvient à planter les germes de son univers sans aucune lourdeur (ne qui n'est pas donné à toutes les adaptations manga de light novel), et présente une narration entraînante, qui nous fait rapidement entrer dans cette aventure. Un périple pourtant simple centré sur un simple villageois devenu surpuissant, accompagné d'une fillette qui n'a rien d'ordinaire, dans un monde de fantasy médiévale comme on en trouve pléthore. Mais l'efficacité du style du mangaka est là, couplé à un scénario qui ne s'encombre pas de futile, pour rendre le tout dynamique et plaisant, ne donnant jamais l'envie de stopper la lecture en cours de route. Il faut dire que l’œuvre présente des arguments plus singuliers, comme une intrigue qui réserve son lot de mystères. Et quand on sait que le roman est aujourd'hui conclu, on peut s'attendre à ce que l'adaptation manga présente une trame claire, sans se perdre en péripéties anodines. Pour l'heure, le récit ne s'enlise pas dans une routine ni dans une tranche de vie vouée à plonger le lecteur dans le quotidien d'un univers imaginaire. Il y a une histoire à raconter, aussi on attend de voir ce qu'elle saura nous proposer.
À côté, c'est par son humour que Villageois LVL999 nous séduit rapidement. Que ce soit par le détachement de son héros, la loufoquerie de certains personnages et un sens de l'absurde qui ne semble s'imposer aucune limite, ce premier volume amuse à de nombreux moments. Dans cette fraîcheur de ton, la trame parvient aussi à présenter des personnages qui ne semblent pas être prisonniers de leurs archétypes, ce qui confère à ce début d'intrigue une vie véritable, qui accentue notre envie d'en découvrir plus. Beaucoup de qualité donc, sur un fond scolaire en apparences. On en attendra beaucoup de la suite, effet qui tombe à point nommé puisque le deuxième tome est déjà disponible.
Côté édition, Mana Books livre un joli travail, conformément à ses habitudes. Un papier épais, quelques pages couleur en amorce, une couverture au papier mât d'un bel effet... rien à redire sur les finitions. Ni sur la traduction, d'ailleurs, puisque le texte proposé par Karine Rupp-Stanko est particulièrement efficace, dans sa capacité à retranscrire la vie du titre notamment.