Viens-là mon amour - Actualité manga

Viens-là mon amour : Critiques

Kocchi Muite, Ai

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 22 Novembre 2017

Critique 2


Suzuhara, étudiant, habite dans un appartement aux murs assez fins pour laisser entendre ce qui se passe chez son voisin, Nishino. Notamment les cris de jouissance de ses conquêtes. Agacé, il se manifeste et provoque la colère de Nishino qui vient se plaindre auprès de lui pour avoir fait fuir sa copine. Et persuadé qu'il a déjà succombé à ses charmes, un jour où Suzuhara l'avait regardé fixement sur le palier, il va jusqu'à lui proposer de coucher ensemble. Il essuie un refus net.


Le lendemain, à la fac, Suzuhara retrouve son meilleur ami Nakayama qui lui demande de lui prêter son appart' pour une soirée, car n'ayant pas trop les moyens, il ne peut emmener sa copine dans un hôtel. Bien qu'il éprouve des sentiments pour lui, le jeune homme accepte. Et alors qu'il se demande où aller pour la nuit, il croise Nishino qui l'invite de nouveau. Un peu paumé, Suzuhara accepte sans penser aux conséquences qu'aura cette nuit passé avec ce pédant Don Juan.


En plus du bonus de l'histoire principale, vous trouverez un chapitre qui traite des déboires amoureux de Akio, un travesti, dont un ami lui propose de lui faire l'amour.


Ce one-shot de Michinoku Atami est le premier chez Boys Love IDP. L'histoire du héros gay amoureux de son meilleur ami hétéro et qui n'ose pas avouer ses sentiments de peur de le perdre est un classique.


Mais le traitement qu'en fait l'auteure rend le récit divertissant et touchant. 


Nakayama n'est pas méchant et n'ignore rien des orientations sexuelles de son ami. Ni des éventuels sentiments qu'il pourrait avoir pour lui. Il ne le juge pas et semble lui aussi vouloir conserver cette belle amitié. Il faut dire qu'habituellement, le meilleur ami ne sait rien, que tout est secret, créant parfois des tensions dans le déroulement scénaristique pour questionner le lecteur sur «holàlà, mais comment tout cela va se terminer ? ».


Ici, puisqu'il est au courant dès le début, la situation diffère, car tout est reporté sur la relation entre Nishino et Suzuhara, Nakayama découvrant assez vite ce qu'ils font ensemble, s'interrogeant sur la suite de cette relation. Il a une attitude bienveillante, celle d'un vrai ami en somme.


Quant à Suzuhara qui a quelque part un rôle entièrement passif, on ne peut que l'encourager à trouver le bonheur, même avec Nishino qui n'est pas du tout tendre. Ce dernier est un bon gros bourrin. Néanmoins, on peut reconnaître les énormes efforts qu'il fait pour conquérir celui qui a ravi son coeur. Il est présenté comme l'hétéro coureur de jupons, celui qui chope tout quand il veut, où il veut. Et bien que sa méprise au départ, concernant l'attirance qu'il croit voir de la part de son voisin, se transforme en curiosité, elle n'a finalement rien de malsain puisqu'il fait par la suite véritablement attention à ce que ressent Suzuhara.


Mais le récit le plus intéressant dans ce one-shot, c'est celui d'Akio. Tout comme le gay amoureux de son pote hétéro, le thème du travestissement n'est pas une chose rare dans le BL. Disons qu'il est généralement traité de deux façons uniquement.


Soit on a droit au jeune homme fluet qui ressemble fortement à une demoiselle et qui alors là est clairement le uke. Soit il s'agit d'un travesti baraqué avec du poil au menton (et ailleurs), portant un maquillage outrancier, travaillant dans un bar gay et minaudant qu'il rêve lui aussi d'avoir un copain comme ça ou comme ci. Et il est toujours un personnage secondaire. Voire tertiaire.


Akio, lui, il est pile entre les deux. Il a un charme tout à fait féminin, avec de longs cheveux et du maquillage, ainsi que des manières, tout en ayant une musculature virile.


Ses échecs, avec des hommes qui sont clairement au courant qu'il est du même sexe qu'eux, le rendent très touchant. Tout comme son ami très intimidé par sa demande, comme s'il se surprenait lui-même.


Au vu de la thématique, il aurait été encore mieux de faire carrément une histoire sur lui.


Et ne le cachons pas, les scènes torrides sont d'un érotisme fou et raviront les fans de BL.


Critique 1


Le mois de septembre a encore vu arriver une nouvelle mangaka aux éditions Boy's Love : Atami Michinoku avec Viens-là mon amour, qui est le tout premier boy's love de l'artiste. Plutôt prolifique depuis le début de sa carrière en 2015, cette mangaka ne se limite pas au BL et a notamment signé le shôjo Fudanshi Kôkô Seikatsu, qui a été adapté en un anime diffusé en France sur Crunchyroll. Viens-là mon amour été publié en 2015 chez Fusion Product sous le titre Kocchi Muite, Ai dans le magazine Baby. Il s'agit de la toute première oeuvre de ce magazine à être publiée dans notre pays.


L'oeuvre nous plonge aux côtés de Suzuhara, un étudiant qui peine à s'épanouir dans son homosexualité. Préférant cacher ses orientations sexuelles aux autres, il n'a dévoilé la chose qu'à Nakayama, son meilleur ami, qui l'a accepté tel qu'il est sans préjugé. Ainsi, Nakayama est le seul garçon avec qui Suzuhara peut rester lui-même, même si son ami est hétéro. Mais au fil du temps, la nature des sentiments de Suzuhara pour Nakayama a changé sans qu'il puisse y faire quoi que ce soit, et alors qu'il sait très bien que Nakayama n'aime pas les hommes. Cachant alors en lui la douleur d'un amour qu'il ne veut pas avouer, Suzuhara accepte en plus de prêter son appartement à l'élu de son coeur pour qu'il puisse passer du temps avec sa petite amie. Un peu perdu dans ce qu'il ressent, il se rapproche alors de son voisin de palier, Nishino, un coureur de jupons enchaînant les conquêtes féminines et qui, par curiosité, l'invite à coucher avec lui...


Pour un premier boy's love, Atami Michinoku développe des idées intéressantes avec son héros un peu perdu, coincé dans un amour secret et à sens unique pour son meilleur ami, et se réfugiant alors dans les bras tendus de son voisin comme pour tenter de trouver une sorte d'exutoire. Tout en croquant des scènes érotiques assez torrides, explicites et ne cachant quasiment rien, la mangaka développe en son personnage principal un portrait de jeune homme réaliste dans ce qu'il ressent : il a tout simplement peur d'être blessé, évite alors d'avouer ses sentiments pour son ami hétéro, et cherche alors un certain réconfort ailleurs. En face, Nishino est l'autre personnage central : habitué à sauter sur à peu près toutes les filles qu'il croise, ce coureur de jupons étend ses expériences avec Suzuhara, mais alors qu'il pensait ne trouver là qu'une relation purement physique, il pourrait bien se rapprocher plus que prévu de lui... Malheureusement, là où Suzuhara est un personnage plutôt réussi, Nishino reste plutôt basique, surtout dans son évolution qui est très rapide.


Au niveau des dessins, on retrouve la même volonté de réalisme de la mangaka, avec des physiques certes idéalisés comme quasiment toujours dans les BL, mais qui se veulent crédibles malgré tout. L'aspect assez direct des scènes de sexe ne fait que renforcer ce côté réaliste et crédible. Le dessin en lui-même est capable d'offrir beaucoup d'intensité quand il le faut, la dessinatrice soignant particulièrement ses visages, ainsi que ses trames qui apportent parfois une profondeur supplémentaire.


Notons que l'histoire principale s'achève après environ 140 pages pour laisser place à deux récits courts. Le premier part sur de bonnes bases en évoquant le cas d'un homme qui se sent femme, mais ne peut pas vraiment développer la chose du fait de sa brièveté. Le deuxième, lui, est un petit bonus relié à l'histoire principale.


Pour un premier boy's love, Atami Michinoku offre une copie imparfaite, trop rapide, mais très prometteuse, autant dans le fond que dans la forme. On a affaire à un bon petit one-shot, qui donne envie de revoir très vite cette mangaka en langue française. 


Boy's Love a soigné son édition : malgré quelques bulles coupées en bord de page, on a droit à un papier correct, à une bonne impression, et à une traduction très soignée d'Aline Kukor qui n'a aucun mal à faire ressortir le ressenti des personnages.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Persmegas

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs