Versus Fighting Story Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 24 Juillet 2018

Fin mai 2017, les éditions Glénat annoncent un nouveau manga français au concept détonnant dans leur catalogue : un titre sur l'e-sport. Tout comme le sport au sens large a inspiré une multitude de manga, le sport électronique est aussi décliné en un shônen effrené, un projet mené par trois artistes. Au scénario, Izu, pseudonyme utilisé par l'auteur et présentateur Guillaume Dorizon, qui signe aussi l'intrigue d'Ayakashi, toujours chez Glénat. Au dessin, nous retrouvons Kalon, une illustratrice qui s'était déjà fait connaître sur deux mangas aux éditions des Humanoïdes Associés : Love I.N.C et E-Dylle, tandis que l'artiste Madd est en charge du storyboard.


Joueur de Street Fighter V, Maxime Volta a su dominer la scène française du jeu et gagner une incroyable notoriété... ce qui a aussi fait germer en lui un égo surdimensionné. Il ne s'attendait donc pas à être vaincu lors d'un championnat durant l'événement Stunfest, face à un joueur japonais combattant les yeux fermés.
Un an plus tard, l'oncle de Maxime remet sur pied une équipe de professionnels issus du monde entier, afin de dominer de nouveau la scène internationale de Street Fighter V, un projet aussi démesuré que couteux financièrement. De son côté, Maxime a quitté le monde de l'e-sport mais est contacté par Inès, une jeune femme qui souhaite que l'ancien champion intègre son équipe...


Un manga sur l'e-sport représente un sujet audacieux tant il est difficile d'imaginer la bonne idée de traduire de manière vive sur des planches noir et blanc la passion que procure un match vidéoludique. La recette est pourtant loin d'être innovante car à la manière des shônen sportifs aux tendances nekketsu qui apportent une certaine démesure aux pratiques sportives, Kalon, Izu et Madd ont donné lieu à un récit qui ne se prive pas de surenchère pour rendre son sujet dynamique et intense.
Et c'est très rapidement que le ton est donné : les premiers joueurs présentés sont haut en couleur et caractérisent bien les excès du shônen sportif,. On retrouve alors le protagoniste grande gueule, le joueur asiatique capable de combattre les yeux fermés, où la talentueuse e-sportive n'hésitant pas à venir s'illustrer en robe de soirée, dans un accoutrement aussi chic que sexy... On comprend rapidement que cette tonalité, en décalage avec la réalité, est volontaire et efficace pour rendre le titre attractif au plus grand nombre, et pas seulement qu'aux amateurs de compétition de Street Fighter.


Car il faudra tout de même être enclin à en apprendre plus sur le sujet pour parcourir Versus Fighting Story qui se montre particulièrement riche dans son traitement des compétitions e-sportives. L'une des plus grandes qualités de ce premier tome vient alors de se manière d'utiliser la pratique sous toutes ses formes pour rendre des compétitions dynamiques et créer des rivalités tangibles qui ne demanderont qu'à être exploitées par la suite. L'e-sport ne se limite donc pas à appuyer sur des boutons devant un grand public, toute la dimension technique de cette variante professionnelle de Street Fighter V est exploitée le mieux possible, les auteurs allant jusqu'à inclure de très nombreux termes employés par les spécialistes. Pour les néophytes, cela demandera quelques moments de pause pour tenir compte des notes explicatives qui apportent un véritable enrichissement du sujet. Mais dès lors qu'on s'intéresse au sujet, la sauce prend immédiatement et la lecture se révèle particulièrement prenante, aussi bien dans sa manière de créer une intrigue rythmée riche qui plante la compétition à venir que dans sa manière d'instruire sur la pratique de l'e-sport, et plus en particulier sur le jeu Street Fighter V dans sa dimension compétitive.


Mais pour que le titre fonctionne complétement, il lui fallait une bonne histoire. Là aussi, le pari est pour l'instant honoré puisque l'intrigue fonctionne très bien. Versus Fighting Story contera, sur le long terme, le parcours d'un champion déchu, ce qui passera visiblement par des rivalités diverses. Comme sujet phare, Izu développe ainsi bien l'opposition entre la passion et la dimension pécuniaire de la pratique, une thématique qui pourrait d'ailleurs être élargie au sport au sens large. On reste très curieux de voir jusqu'où ces thèmes seront portés car, pour un univers aussi méconnu que l'e-sport, il y a de quoi décortiquer des choses passionnantes.


Visuellement, ce premier tome s'en sort très bien. Kalon parvient à rendre des personnages très variés tandis que le storyboard de Madd permet un jonglage très fluide entre les écrans vidéoludiques et la vision des joueurs, aboutissant à une narration dynamique. Les codes graphiques du genre sont donc correctement repris et bien utilisés pour créer du dynamisme, pas seulement pour rendre l'allure manga. Une bonne alchimie qu'on espère retrouver sur l'ensemble du titre.


Reste alors une édition de la part de Glénat tout à fait correcte : un papier souple mais qui retient bien l'encre, et un amas de bonus qui permet d'enrichir le sujet de l'e-sport. Du tutoriel de base de Straat Fighter V au lexique en passant par un interview de joueur pro, un certain Luffy, tout est fait pour que Versus Fighting Story ne soit pas un titre qui surfe bêtement sur l'émergence du sport électronique mais cherche à enrichir l'activité. Dernier bonus plus que sympa : une préface par Ken Bogard, joueur et présentateur sur jeuxvideo.com, qui livre sa vision du titre. Un très bon moyen supplémentaire de faire écho à la réalité de la pratique.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction