Vanilla Star : Critiques

Au sorti d’une déception amoureuse importante, Takeshi entre dans un état légèrement léthargique et endormi, jusqu’à ce qu’il retrouve une certaine forme d’inspiration … C’est en surfant sur internet qu’il va sciemment consulter un site d’extraits de films homosexuels, avant d’acheter le dvd qui met en scène Yuto, dont Takeshi est attiré au premier regard. En fouillant, aidé d’un ami très porté sur le monde du virtuel, le jeune homme parvient à prendre contact avec lui, et ce même si c’est par l’intermédiaire de son autre boulot, à savoir prostitué. Malgré sa répugnance à payer ce genre de services, Takeshi va rencontrer Yuto de cette manière et compte bien ne plus le lâcher de vue … En commençant par le harceler au sujet de son numéro de téléphone personnel. Ce jeune homme instable dans la vie mais sérieux en amour va alors découvrir la joie du couple mais aussi ses désillusions : Yuto ne parle jamais de lui, et Takeshi ferait tout pour retrouver le sourire innocent de l’adolescent qu’il a été et dont il a vu une photo volée sur son blog. Pour notre amoureux, c’est le début d’une quête de l’amour partagé et des petits bonheurs de la vie, au-delà de la mélancolie habituelle de son conjoint. Tenter de le faire sourire, le savoir heureux, c’est avant tout ça, la vie, pour notre héros au grand cœur.

Certes, l’intrigue n’est pas réellement développée … Comme dans la plupart des yaois qui traitent d’une romance réelle et sans délire fantastique, on sait pertinemment comme cela va finir. Mais c’est le chemin parcouru qui compte alors, plus que le résultat. Eh bien au vu des premières impressions, données par le magazine Be x Boy essentiellement, on s’attendait à un récit plus sombre, beaucoup moins léger et insouciant. Le passé de Yuto n’a rien de réellement traumatisant ou perturbant, du coup la force de Takeshi parait un peu superflue dans ce couple au final bien plus anodin qu’on ne le pensait. Les protagonistes restent sympathiques mais sont dépourvus bien vite de l’aura de mystère qui les entourait. On se prend pourtant rapidement à l’histoire contemporaine mais surtout crédible de Yuto et Takeshi : cela permet de découvrir deux jeunes gens dans leur environnement, à travers une histoire d’amour tout ce qu’il y a de plus simple. De plus, rendre Takeshi un peu en dessous de tout et quelque peu naïf et benêt permet au manga de donner un petit coup de dynamisme à ses personnages. De plus, la fin proposée par la mangaka permet d’ouvrir définitivement un Yuto blessé et méfiant sur le monde extérieur et sur les réalités de la vie. Malheureusement, il y a encore beaucoup d’incohérence dans certaines psychologies et comportement … Mais dans cette fiction, on n’en tiendra pas réellement rigueur.

L’attrait principal du manga, c’est le dessin de Kano Miyamoto. Élégant, sortant de l’ordinaire et possédant une grande composante esthétique, son trait est sans doute son plus grand atout. Les personnages sont expressifs grâce à de nombreux mais discrets effets de lumière, d’orientation et de mimiques. On comprend alors bien les sentiments de chacun, même si quelques personnages secondaires apparaissent comme trop fades pour que l’on se souvienne d’eux et les différencie. La plupart du temps, les graphismes se suffisent à eux même et le texte viendrait même presque nous embrouiller avec ses jolies phrases. De plus, on retrouve parfaitement la mélancolie de Yuto dans le travail de la mangaka, dans une ambiance un peu sombre et décalée, qui n’en est pas moins réaliste pour autant. Un peu d’originalité dans l’ordinaire, donc, et rien que pour cette raison on appréciera Vanilla Star et la petite nouvelle de fin de tome qu’il propose, malgré sa brièveté et son manque tout relatif d’intérêt. Mangaka à suivre, si elle nous offre d’autres bons petits moments de lecture … Dommage qu’il y ait pourtant trop de rigidité dans la narration !