Vampire Vol.2 : Critiques

Au 17ème siècle en Bretagne, un jeune héritier du nom de Gilles de Roy sème le chaos autour de lui, effaçant son ennui en couchant avec de jeunes garçons avant  de les tuer et de conserver leurs têtes comme des trésors.
Dans le nord du Proche-Orient, un sultan est trop obsédé par la quête de l'immortalité, au point qu'il ne se rend pas compte de l'amour qu'entretiennent son fils et l'une de ses épouses.
Au coeur de Vérone, la jeune Juliette est sur le point de connaître avec le dénommé Roméo Montaigu une histoire d'amour aussi forte que tragique.
Au 19ème siècle dans l'État du Mississippi, l'esclave noire Christabel et son jeune maître blanc Ray sont prêts à braver tous les interdits de l'époque pour vivre leur amour.

Quatre lieux, quatre histoires, quatre issues pessimistes. Qu'elle revisite des légendes comme celle de Gilles de Rais, se réapproprie des oeuvres classiques comme les 1001 Nuits et Roméo et Juliette, ou nous plonge dans les errances d'une époque via le statut d’Américains noirs au 19ème siècle, Yuki Takahashi, à travers le parcours de son immortel vampire Aleste, continue de séduire de par l'originalité de son propos : ses histoires revisitent avec un certain intérêt les grandes lignes des légendes et des oeuvres qu'elle reprend, et la façon dont le vampire Aleste s'y glisse est prenante, non seulement parce qu'elle ne trahit pas les oeuvres d'origine (les viols d'enfants par Barbe-Bleue et les grandes lignes de l'oeuvre de Shakespeare sont respectés), mais aussi, et surtout parce qu'elle revisite tout cela en vue de son message résolument pessimiste. Les richesses, la quête d'immortalité, le pouvoir, la recherche de l'amour véritable, les conditions sociales... Yuki Takahashi présente toute la vacuité de ces éléments typiques de la condition humaine.

Bref, à l'instar du premier tome, le deuxième volume de Vampire ne manque clairement pas d'intérêt et offre une utilisation du thème des vampires plutôt intéressante... Il est alors dommage de constater les mêmes défauts que dans le premier tome : des chapitres trop courts, pour des histoires qui vont beaucoup trop vite, une narration un peu trop abrupte et des dessins assez élégants, mais profondément inexpressifs.

Enfin, un petit mot sur la première histoire, qui pourrait en offusquer certains de par l'erreur de siècle dans la réécriture de l'histoire de Gilles de Rais (17ème siècle au lieu de 15ème siècle), et de par le fait que "Rais" devienne "Roy". Dans sa postface, l'auteure affirme clairement s'être contentée de s'inspirer du personnage historique en y apportant une touche fictionnelle, d'où sans doute le nom de "Roy". On devine également que ce petit subterfuge a été conçu pour ne pas créer d'incohérence temporelle, car l'histoire de Gilles de Rais se déroule historiquement quelques décennies avant celle de Vlad Tepes, et il aurait alors été étrange de faire apparaître Aleste quelques décennies avant sa naissance !

On retrouve dans ce deuxième tome certains défauts du premier, mais une fois le concept adopté, on découvre en Vampire une série certes très imparfaite, mais intéressante, de par ses réinterprétations de certains mythes et récits célèbres, et de par son utilisation du mythe du vampire afin de présenter la vacuité humaine.