Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 10 Novembre 2025
Il existe une auberge mystérieuse qui est un lieu de transition entre la vie et la mort, et qui accueillent les défunts qui ne sont pas encore prêts à passer de l'autre côté. Dans ce cadre qui semble hors du temps et où les saisons s'adaptent à chaque nouveau cas, ces âmes en peine doivent retrouver un objet qu'ils ont perdu, objet toujours lié aux regrets qu'ils ont pu laisser derrière eux avant de décéder. Et pour les aider, ils peuvent compter sur celle qui a été désignée patronne du lieu, jeune fille qui, sous son franc-parler parfois cassant, a naturellement le désir de les aider à atteindre l'Au-delà en toute sérénité.
Après un premier volume saisissant, Hozumi semble d'abord repartir sur une recette classique, avec un premier cas centré sur une trentenaire qui ne se souvient pas de la manière dont elle est morte et qui a le sentiment d'avoir trahi sa meilleure amie. Mais après ce premier chapitre rapide mais soigné dans ce qu'il dépeint, l'heure est venue pour la mangaka d'insister de plus en plus sur les cas les plus particuliers de l'auberge, à savoir ceux qui la font vivre, qui s'en occupent, qui n'ont toujours pas quitté le lieu pour des raisons ne demandant qu'à se clarifier les unes après les autres. Que peut bien penser Jun en voyant la patronne aider tout le monde sans distinction, y compris ceux qui se sont très mal comportés ? Quelle raison pousse le chef de cuisine Sakurai à vouloir tout oublier et renier de sa vie au point de rester à l'auberge ? Quelle tristesse se cache au plus profond d'Okaru, et que voit-elle en la patronne au point de vouloir toujours veiller sur elle au plus près ? Qui est donc exactement l'énigmatique concierge, et est-il véritablement digne de confiance ?
Si certains cas sont simplement entretenus tandis que d'autres se résolvent de manière parfois très touchante (Okaru...), chacun d'eux est consciencieusement abordé par une autrice qui sait vite et bien les rendre riches en émotion, en plus de lui permettre d'évoquer avec soin un paquet d'émotion très humaines en bien comme en moins bien (amour, jalousie, perte d'un proche bien trop jeune, deuil, désillusions sentimentales ou professionnelles...), et de souligner l'égalité de tout le monde face à l'inévitable mort, quelle que soit la manière dont on peut succomber (vieillesse, accident, suicide, maladie...).
Au fil de ces portraits concis et poignants où la patronne aide toujours les hôtes, c'est toutefois une question qui, de plus en plus, domine: qui pourra la sauver, elle ? Pourquoi ne cherche-t-elle pas ce qu'elle a perdu ? Des éléments de vérité se dessinent en se révélant assez durs et tragiques, tout en accentuant de plus belle certaines énigmes sur la jeune fille, sur qui elle est et sur le lien exact qu'elle peut avoir avec Matsûra, celui-ci continuant de guider les âmes jusqu'à l'auberge pour la voir quitte à se faire inlassablement rejeter. Il est difficile d'en dire plus sur tout ça sans spoiler, alors soulignons juste que Hozumi fait preuve d'un grand soin d'écriture pour amener petit à petit ces éléments et nous maintenir toujours accrochés à l'histoire de la protagoniste et de son entourage.
En somme, les choses ont beau aller vite, la mangaka sait toujours y doser soigneusement le travail sur ses personnages et sur leurs émotions, qui plus est en s'appuyant sur une narration visuelle et sur des dessins toujours aussi riches et évocateurs. Impossible de ne pas attendre avec beaucoup d'intérêt le troisième volume, qui conclura déjà cette série touchante à souhait.
31/10/2025