Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 19 Mars 2024
Chronique 2 :
Mana Books continue de nous régaler avec des adaptations nous plongeant dans des univers toujours plus riches! Ici il ne s'agit pas d'une adaptation de jeu vidéo comme il en propose tant mais d'un light novel écrit par Kuji Furumiya datant de 2012! En 2020 l'histoire est adapté en mangas puis en 2024 en anime!
A ce jour le manga, qui nous intéresse ici, compte actuellement six volumes et est toujours en cours au Japon! Le dessin sera confié à Naoki Koshimizu!
Avec ce titre on plonge de nouveau dans un univers de fantasy avec ses codes et ses règles, mais il se dégage un petit parfum d'enquête au sein d'une cour qui fera immanquablement penser aux "Carnets de l'apothicaire"!
Quoi qu'il en soit, nous pénétrons dans un univers riche proposant un habile mais difficile mélange entre légèreté et histoires plus sombres, le genre d'univers se voulant parfaitement séduisant!
Nous sommes sur un continent découpé en de nombreux royaumes et où vivent cinq puissantes sorcières depuis plusieurs siècles, chacune d'entre elles se voyant attribuer des pouvoirs et des légendes différentes!
La sorcière de la Lune bleue, celle qu'on dit être la plus puissante, vit recluse au sommet d'une tour remplie de pièges mortels. On raconte que quiconque parviendra à son sommet, pourra demander n'importe quoi à la sorcière...mais il y a bien longtemps que personne n'est revenu de la tour!
Oscar, prince héritier du royaume de Farsas, le plus grand royaume du continent se décide à braver les dangers de la tour, comme son arrière grand père l'avait fait avant lui 75 ans auparavant. Et tout comme son ancêtre avant lui, il parviendra au sommet pour trouver la belle Tinasha, qui malgré les siècles conserve une apparence de jeune fille. Celle ci bien moins redoutable que la légende le raconte accueille avec courtoisie son hôte dont le vœu s'avère bien compliqué: la sorcière de l'eau, une des cinq grandes sorcières, à maudit Oscar et sa famille quand lui même était enfant...ils ne peuvent plus avoir de descendant, ce qui marquerait la fin de la lignée royale! Tinasha ne pouvant lever le sort lui explique qu'il faudrait qu'il rencontre une femme capable de résister au sort pour enfanter...et qui mieux qu'une grande sorcière pour résister à un tel sort? Oscar passe un pacte avec Tinasha qui va venir vivre à ses cotés pendant un an, le temps qu'elle trouve un moyen de lever le sort...mais c'est décidé pour Oscar, Tinasha sera la mère de ses enfants! Celle ci va donc venir vivre au château royal en cachant son identité et va aider Oscar à lutter contre les complots de la cour...
Suite à un départ assez classique, très rapidement le titre va prendre une direction qu'on n'avait pas forcément vu venir...alors qu'on aurait pu penser être face à une énième série de Fantasy (ce qui est très bien en soi), le titre va développer une approche quelque peu différente en retournant les attentes du lecteur et les codes du genre...il n'en fallait pas plus pour titiller la curiosité et se démarquer de la trop grande concurrence.
Bien qu'entouré de nombreux autres personnages, il semblerait que la série va reposer sur les épaules de deux archétypes assez classiques, mais qui n'en demeure pas moins efficaces! On a donc le beau prince valeureux et particulièrement habile, il nous est vendu comme le meilleur épéiste du royaume, rien que ça! Et à ses cotés on retrouve une belle sorcière qui est aussi vendue comme la plus puissante parmi ses pairs et ce dès les premières pages! A ceci s'ajoute que Oscar possède une épée pouvant contrer la magie et on a immédiatement un binôme qui ne semble craindre rien ni personne, qu'aucune menace ne pourrait inquiéter!
Voilà un choix étonnant pour commencer un récit mais qui peut s'avérer d'autant plus intéressant.
Rapidement le duo fonctionne à merveille et on devine ce qui nous attend dans l'évolution de leur relation, à ce niveau je ne pense pas qu'il faille s'attendre à quelque chose de très original, mais cela n'en sera pas forcément moins prenant et pertinent!
Il ne faut pas attendre longtemps non plus pour découvrir un monde de fantasy se voulant assez classique dans sa présentation avec son bestiaire et ses royaumes. Et si à ce stade on n'a pas encore vu grand chose des deux, quelques éléments sont glissés ça et là qui ne demandent qu'à être davantage exploités.
Mais le concept dominant de ce titre c'est bel et bien la magie! C'est le point de départ de l'intrigue, c'est ce qui est évoqué en premier dès la première page et c'est ce qui définit le personnage principal!
Et si la magie semble être au centre de tout, pour le moment les auteurs n'en font pas trop étalage, on la voit partout mais rien de grandiloquent! Tinasha y renonce même en parti pour ne pas se faire remarquer et cacher son identité...mais même en réduisant au maximum sa magie elle s'avère plus puissante que tous les mages de la cour!
On peut alors se demander quels vont être les enjeux de ce titre si dès le départ on a des personnages surpuissants qui ne redoutent rien! L'histoire d'amour entre les deux? Évidemment, mais plus en toile de fond, en fil rouge, évoluant au fil des chapitres. Il semblerait bien que Tinasha va aider Oscar et ses proches à résoudre des énigmes liées à la magie grâce à ses connaissance hors du commun sur le sujet, à l'instar d'une jeune apothicaire dans un autre titre!
Va t-il s'agir d'un titre d'enquête de cours avec la magie en toile de fond...peut être mais pas uniquement puisque dès la fin du premier opus les auteurs nous dévoilent une conspiration de grande envergure impliquant apparemment une autre grande sorcière...voilà de quoi encore plus titiller notre curiosité pour conclure ce premier tome qui s'est montré aussi séduisant que convaincant!
Une lecture plus qu'agréable, et si ce premier tome semble ne pas nous dévoiler tout le potentiel du titre on est plus que confiant et par extension particulièrement curieux et pressé de découvrir la suite!
Une très jolie découverte!
Chronique 1 :
Aujourd'hui très hétéroclite, ne se cantonnant plus au registre vidéoludique, la maison Mana Books flirte avec différents genres et affirme une présence de plus en plus forte. Il convient même de dire qu'elle n'est plus dans l'ombre de Ki-oon, l'un des mastodontes du monde éditorial français du manga, et qui partage avec Mana Books le même fondateur et la même maison mère.
La fantasy est désormais présente dans le catalogue de Mana, comme l'attestait déjà le très bon Villageois LVL999. En cette fin d'hiver 2024, un autre manga puisant dans ces imaginaires enchanteurs, et tiré d'un light novel, fait irruption.
Initialement, Unnamed Memory est un roman écrit par Kuji Furumiya et publié dès 2008 sur la célèbre plateforme Shôsetsuka ni Narô. En 2019, c'est aux éditions Kadokawa que le web novel devient un light novel, illustré par chibi. La série est aujourd'hui achevée en 6 volumes, bien qu'une suite nommée Unnamed Memory: After The End soit en cours de parution.
L'adaptation manga est signée Naoki Koshimizu, artiste que nous avons connu pour The Isolator, une adaptation d'un light novel de Reki Kawahara, papa de Sword Art Online. Après cette expérience, le mangaka dessina une courte adaptation du roman Boogiepop Returns: VS Imaginator, preuve qu'il est rodé à l'exercice de l'adaptation. Sa version de Unnamed Memory est en cours depuis 2020 dans le magazine Dengeki Daioh de l'éditeur ASCII Mediaworks, ce qui en fait sa série la plus longue à ce jour avec 6 tomes au compteur actuellement.
Enfin, pour compléter le tableau, une adaptation animée produite par le studio ENGI (rien à voir avec un quelconque fournisseur d'énergie), sous la direction de Kazuya Miura, débutera le 9 avril au Japon.
Dans l'histoire de Kuji Furumiya, cinq sorcières se sont autrefois imposées par leurs pouvoirs. La plus puissante d'entre elles se nomme Tinasha, et se cache désormais au sommet d'une tour. Surnommée la "Sorcière de la Lune bleue", elle est réputée pour être la plus puissante parmi les siennes, et ses pouvoirs permettraient à quiconque gravirait son lieu d'habitation en résistants aux multiples pièges de voir un souhait lui être accordé. Descendant de la famille royale, Oscar tient à rencontrer Tinasha afin de lever le sort qu'une autre sorcière lui a jeté, lui empêchant d'avoir une descendance puisqu'une grossesse prendrait la vie de celle qui porterait leur enfant. Afin de passer outre la complexité de la malédiction, l'héritier de sang royal propose de faire de la sorcière la mère de sa descendance. Et en l'absence de l'accord de cette dernière, il lui suggère une solution : venir vivre au palais, à ses côtés, afin de chercher une solution à cette malédiction.
Avec son histoire de sorcières et de malédictions dans un univers de médiévale-fantasy, "Unnamed Memory" réinvente à son tour le folklore imaginaire européen d'autrefois, comme des récits tels que Re:Zero (pour ne citer que le plus connu) a pu le faire avant. Mais pas question d'isekai ici, puisque le protagoniste n'a rien d'un individu réincarné, et consiste en un prince héritier qui aspire à lever le mal qu'il pèse sur lui. C'est en allant à la rencontre de Tinasha, lors d'une introduction mouvementée, qu'il compte atteindre son objectif.
D'emblée, ce premier tome titille nous intérêt par son univers et sa trament qui donnent l'impression d'une anticipation de la part de l'auteur du roman d'origine. Rapidement, le mythe des cinq sorcières laisse place à un début d'aventure en cour royale où des complots se trament, tandis que la situation d'Oscar elle-même promet un développement scénaristique d'ampleur. Ce premier volet ne se laisse donc pas voguer au gréé des péripéties et a une trame à développer, des légendes à déployer, et des mystères à résoudre. Tout ceci aux côtés d'un duo plutôt efficace puisque Oscar et Tinasha sont assez complémentaires et donnent l'envie de voir jusqu'où leur alchimie pourrait aller.
Ce volume premier se contente alors de poser les bases d'un ensemble qu'on imagine assez vaste, en jouant sur ces éléments de base et en laissant planer le suspense sur l'ampleur que pourrait prendre l'œuvre. Aussi, c'est le chapitre supplémentaire, numéroté 5.5, qui vient appuyer ces promesses après un opus où la situation mouvementée consiste en une résolution d'affaire de meurtre dans un terrain mystique, où les possibilités du scénario ne forment qu'un élément de teasing. Mais parce que Kuji Furumiya amène ces bases efficacement tout en donnant de la couleur à ses deux protagonistes, on est largement tenté de le suivre dans sa formule et dans son univers. Et si l'ensemble est une réussite, c'est aussi grâce au travail d'adaptation de Naoki Koshimizu qui semble bien aguerri dans la retranscription de romans en mangas. Son découpage est fluide, l'auteur semble user des bons éléments pour aiguiller notre compréhension, et son trait est suffisamment maîtrisé pour donner de la vie à l'œuvre originale.
Bref, un bon départ pour ce récit se fantasy qui nous rassure aussi sur un point : le light novel (du moins, sa partie principale) étant conclu en seulement 6 volumes, on peut s'attendre à un manga qui se suffira à lui-même sans s'étaler dans une succession d'arcs improvisés et sans point de chute. Avec l'anime qui approche, on espère que Naoki Koshimizu pourra aller jusqu'au bout de son adaptation, sans interruption !