Tunnel To Summer Vol.1 - Manga

Tunnel To Summer Vol.1 : Critiques

Natsu e no Tonneru, Sayonara no Deguchi Gunjô

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 17 Juin 2024

L'actualité cinéma réserve une place à l'animation japonaise avec le film "Tunnel to Summer" du talentueux Tomohisa Taguchi. Le réalisateur des deux meilleurs films "Persona 3 the Movie" mais aussi de l'exceptionnel "Digimon Adventure : Last Evolution Kizuna" a livré une fable adolescente d'une belle poésie, abordant des idées classiques telles que le deuil ou l'amour, mais par le prisme d'une intimité forte. Pourtant, le film de Taguchi n'est pas une création originale, mais bien l'adaptation d'un light novel écrit par Mei Hachimoku et illustré par l'artiste Kukka, paru en juillet 2019 au Japon.

Deux ans avant le film, en 2020, le roman fut décliné en un manga dessiné par Koudon, dessinateur qui s'était fait connaître jusqu'alors avec les séries "Hunt - Le jeu du Loup Garou" (ou "Jinrô Game"). Puiblié jusqu'à 2021 dans le Sunday GX, le manga est conclu en quatre tomes. Chez nous, Mangetsu a lancé la parution en juin 2023, nous permettant de découvrir l'histoire d'origine de Mei Hachimoku avant la sortie du film d'animation dans nos salles obscures. Aujourd'hui, l'existence de ces deux versions dans nos contrées est d'autant plus forte qu'elle permet d'apprécier les choix d'adaptation scénaristiques du cinéaste Tomohisa Taguchi, et d'apprécier une version plus dense par un mangaka au trait fin et vivant.

Dans une campagne japonaise du bord de mer, une rumeur fait parler d'elle : celle du tunnel d'Urashima. On dit que quiconque pénètrerait les lieux verrait ses vœux être exaucés, mais en ressortirait particulièrement vieilli. Lycéen, Kaoru Tôno souffre d'un contexte familial complexe suite au décès de sa petite sœur, il y a des années de ça. Pour se revigorer après avoir assisté une nouvelle fois au spectacle pathétique de son père alcoolique, il tombe par pur hasard devant ce qui pourrait être le fameux tunnel. Le quotidien de Kaoru s'apprête à changer, tandis que son destin va se mêler à celui de Hanashiro, une élève belle et discrète, mais au fort caractère...

Avec ce premier tome, "Tunnel to Summer" semble s'inclure dans une tendance surtout établie dans le monde du light novel. La tranche de vie adolescente (ponctuée d'un zeste de romance, bien que rien ne soit clairement établi actuellement dans la présente série) se couple avec un cadre fantastique voué à apporter une fantaisie qui vient sortir les jeunes protagonistes de leur routine. Dans le cinéma d'animation, cette alchimie fut largement constatée ces dernières années avec les œuvres de Makoto Shinkai, ce qui poussera sans doute certains à penser que le film "Tunnel to Summer" jour la carte du plagiat, à tort.

Sur ce premier tome, donc, l'équilibre est parfaitement établi entre le pan tranche de vie et la dimension surnaturelle de l'histoire. Grande différence vis-à-vis du film (qui a dû procéder à de nombreuses coupes scénaristiques pour tenir sur une durée préétablie), le casting de jeunes personnages est varié, avec des caractères qui frôlent certes l'archétype, mais en laissant une marge de manœuvre suffisamment vaste pour que l'on sente que ce petit monde est voué à évoluer, et de préférence par rapport au fameux tunnel d'Urashima. C'est là que le manga offre une saveur différente de celle du film, tant sa partie vie lycéenne prend une certaine place dans cette amorce, bien que le héros Kaoru Tôno soit le seul à être pleinement décortiqué pour le moment. Le manga est possiblement plus proche du light novel que ne l'est le film, ce qui n'est ni un défaut ni une qualité puisque seul le résultat définira notre impression. Mais cette richesse de la tranche de vie rend la lecture du manga de Koudon plaisante et complémentaire à la version cinéma de Taguchi, permettant aux deux visions de coexister impeccablement.

La dimension fantastique, elle, prend son petit temps à entrer en jeu. Mais une fois cette introduction faite, elle dévoile peu à peu ses concepts intrigants qui viennent frapper le protagoniste directement dans sa psychologie et dans ses traumas. Pour le moment, le grand mystère du tunnel d'Urashima reste entier, et la partie surnaturelle de l'histoire se lance à peine. Celle-ci est vouée à marquer les autres personnages et les sorties de leurs conditions d'adolescents ordinaires, ce qui permet de mieux comprendre le focus étalé de la partie vie scolaire. Pour rester sur la comparaison avec le film, ce sont surtout des points esthétiques qui viennent titiller notre curiosité. Sans doute avons-nous là une autre vision des environnements dépeints par Mei Hachimoku dans son roman, à moins que Tomohisa Taguchi n'ait transgressé la règle de la fidélité afin d'établir une imagerie qui lui est propre dans son métrage. Il faudrait avoir le light novel d'origine sous la main pour avoir le fin mot de l'histoire. Mais dans le manga, l'esthétique choisie est réussie, le cadre à la fois traditionnel et inquiétant du tunnel d'Urashima donnant une agréable ambiance au lieu.

Il y a donc énormément à dire sur ce premier tome, que ce soit en lecture individuelle ou en le mettant en relation avec l'adaptation en film d'animation fraichement sortie dans nos salles. De par les différences des deux supports, il convient de considérer la proposition de Mei Hachimoku comme une œuvre unique, et ce premier tome constitue une petite réussite grâce à son équilibre des tons et des genres, bien que l'intrigue soit à peine mise en place au bout de la lecture. On attendra donc de voir avec une certaine curiosité ce que rendront les trois prochains tomes de la version manga de Koudon, dont la patte pleine de vie apporte une fraîcheur et des ambiances réussies et, de nouveau, très éloignées du film.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs