Eté à Tsurumaki (un) - Actualité manga

Eté à Tsurumaki (un) : Critiques

Tsurumaki Machi Natsu Jikan

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 04 Juin 2021

Il nous avait beaucoup séduits avec Tohu Bohu en 2012, puis avec Souvenirs de la mer assoupie en 2018: Shin'ya Komatsu est enfin de retour aux éditions IMHO cette semaine avec Un été à Tsurumaki, ouvrage dont l'éditeur avait annoncé l'acquisition il y a un peu plus d'un an et demi. De son nom original Tsurumaki Machi Natsu Jikan, cet ouvrage d'un tout petit peu plus de 200 pages se compose de 12 chapitres, et a été prépublié dans son pays d'origine en 2015 dans le magazine Comic @ Bunch des éditions Shinchôsha, ce qui en fait le livre le plus récent du mangaka à être paru dans notre langue.

L'oeuvre nous immisce donc dans une ville nommée Tsurumaki, où vit notre jeune héros, le petit Mitsuru, un enfant de primaire un peu tête en l'air, passionné par une collection de stickers se trouvant dans des paquets de bonbons, et ayant un bien étonnant don: celui de pouvoir parler aux plantes, ou plus précisément aux petites fées qui s'y trouvent. Alors que les vacances estivales scolaires, de mi-juillet à fin août, arrivent enfin sous la chaleur saisonnière, l'enfant aurait pu passer un été tout à fait classique, entre les jeux avec les copains, les devoirs de vacances, les passages dans les confiseries et autres joyeusetés insouciantes... mais sa rencontre avec les fées d'une jacinthe d'eau vont en décider autrement, en marquant le point de départ d'une succession d'événements insolites. Des événements impliquant bien souvent, d'une manière ou d'une autre, des plantes, et au bout desquels il devra peut-être bien sauver le monde...

En premier lieu, les oeuvres de Komatsu sont toujours un vrai plaisir pour leur rendu visuel: à des designs de personnages plutôt ronds, faussement simples et un brin naïfs, l'artiste ajoute un travail de toute beauté sur ses décors, ici le cadre de la ville de Tsurumaki et de ses alentours qu'il va nous faire visiter sous toutes les coutures au rythme des péripéties de Mitsuru, pour un résultat foisonnant, à la fois chaleureux et frais, à l'image de la saison estivale pendant laquelle se déroule l'intrigue. Le mangaka ne s'arrête même pas là, en accordant un grand soin aux plantes de plus en plus envahissantes dans ses décors, et en distillant ce qu'il faut d'éléments un brin étranges. Et si on n'en a pas assez, Komatsu glisse également entre ses chapitres quelques croquis présentant différents lieux emblématiques de sa ville.

En somme, voici de quoi impeccablement porter un récit qui, d'abord, semble presque se présenter comme une succession d'aventures imaginatives d'un petit garçon. A chaque étape du récit (ce qui revient, globalement, à quasiment chaque chapitre), on commence par suivre une nouvelle journée de l'enfant, où il est censé vivre quelque chose de classique des vacances: faire ses devoirs de vacances, essaie de dénicher un oiseau devenu rare dans le coin avec un de ses copains, aller jusqu'au travail de son père pour lui apporter son déjeuner, aller à une séance de cinéma en plein air, se confronter à une pénurie de ses bonbons-méduses, rendre visite à ses grands-parents avec sa petite soeur... mais à chaque fois, ses pas finissent par le conduire face à des rencontres et des rebondissements bien plus fantastiques, que tout esprit cartésien se refuserait à croire. S'agit-il alors de simple aventures inventées par l'esprit du gosse, et donc d'une pure ode à l'imagination enfantine ? L'auteur se plaît d'abord à laisser subsister un certain doute, puis distille de plus en plus d'indices pour nous amener vers une aventure où l'imagination est bien réelle et où tout finit par se rejoindre de façon assez astucieuse.

C'est ainsi que l'on passe un très bon moment devant cette lecture riche. Shin'ya Komatsu nous offre l'un de ses divertissements pleins de fraîcheur, d'imagination et de trouvailles visuelles dont il a le secret, et séduit peut-être plus encore que dans ses précédents récits. Il s'agit évidemment d'un must have pour quiconque est déjà tombé sous le charme de cet artiste assez unique, d'autant que la qualité d'édition est au rendez-vous: le grand format permet de bien profiter du travail visuel du mangaka, le papier ainsi que l'impression sont de bonne facture, la traduction d'Aurélien Estager est très bonne, et le travail effectué sur les onomatopées est très convaincant afin de participer pleinement à l'immersion.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction