Tsugumi Project Vol.4 : Critiques

Chronique 2 :

Au cours de leur périple jusqu'à Sado, nos deux mercenaires, Léon et Doudou, ont fait d'étranges rencontres et maintenant ils font route ensemble avec Tsugumi et Satake à leurs cotés. La puissante femme singe ne semble pas leur vouloir du mal, bien au contraire elle les protège. Mais ils ne sont pas au bout de leurs surprises et vont croiser la route d'une jeune fille singe, de la tribu de Satake...et c'est ainsi que celle ci va se confronter à nouveau à son douloureux passé...

Qu'il semble loin le temps de la sortie du troisième opus de cette série qui avait si bien commencé! Mais l'auteur nous le promet à la fin du tome, on peut espérer désormais une sortie des volumes plus régulière! Et si le troisième opus s'était montré quelque peu en dessous des deux premiers, au vu de la qualité de celui ci, on ne peut qu'espérer une sortie moins espacée...surtout que mine de rien on vient de passer le cap de la moitié de la série puisqu'il n'en reste plus que trois après le celui ci...

On a donc ici un volume riche en surprises et révélations! En premier lieu, le petit groupe va s'enrichir de la présence de Sataka, la puissante femme singe qui a affronté Léon auparavant. Mais bien loin de lui en tenir rigueur, elle partage sa route et semble vouloir le protéger. Voilà un allié de poids...mais pourtant les menaces plus imposantes que Satake ne sont pas rares dans ce Japon dévasté!
Au cours de leur voyage Léon va revenir sur son passé...et si on n'y apprend pas vraiment grand chose, on fait la connaissance de son épouse dans sa jeunesse. Le problème c'est qu'il en ressort que cette dernière est une sacrée cruche...et c'est à peu près tout! Bien entendu j'exagère, mais l'introduction de cette dernière ne la met pas en valeur.

Bien plus intéressant, on fera par la suite la connaissance d'une autre jeune fille mutante qui à défaut d'être une bonne combattante s'avère être un puits de science, ce qui ne peut qu'être un ajout bénéfique à la petite troupe de plus en plus hétéroclite.
Et c'est par le biais de cette nouvelle venue qu'on va en apprendre davantage sur Satake mais cette fois ce retour dans le passé va s'avérer bien plus prenant que le précédent. On y découvre une société avec des règles intransigeantes et d'une violence peu commune, une société pourtant organisée et florissante.
C'est ainsi que l'univers continue de se développer et devient par la même occasion de plus en plus intrigant et passionnant, et à ce stade on ne demande qu'à en découvrir davantage!

Si l'action est bien menée est particulièrement bien mise en scène et lisible, on note par moment un relâchement sur le dessin.

L'attente aura été longue mais c'était visiblement pour la bonne cause puisque ce tome est vraiment très satisfaisant et nous replonge avec plaisir dans cet univers étrange, dangereux mais passionnant!

Chronique 1 :

Pas moins de deux ans et demi: c'est le temps qu'il aura fallu attendre pour enfin découvrir la suite de Tsugumi Project en France, le tome 3 de la création originale des éditions Ki-oon étant sorti dans notre pays en janvier 2020. Et pendant ce long délai, on peut dire que la série d'Ippatu a pris du galon ! Jugez vous-mêmes: elle a su notamment plaire aux mangakas Kôhei Horikoshi (My hero Academia) et Akihito Tsukushi (Made in Abyss) qui lui ont rendu hommage, et a surtout tapé dans l'oeil des éditions Kôdansha qui la prépublient au Japon depuis l'année dernière dans le Young Magazine, où elle tient l'affiche aux côtés de séries comme Kaiji, The Fable ou encore GTO Paradise Lost. Au Japon l'oeuvre a même dépassé depuis peu la publication française avec un 5e volume paru en juin dernier, et sa notoriété grandissante devrait franchir encore d'autres frontières puisque Kôdansha USA prévoit une publication en anglais à partir du printemps 2023. Bref, Tsugumi Project est sur de très bons rails, ce qui a même permis à Ippatu d'engager des assistants, l'auteur nous promettant alors dans sa postface du tome 4 une rythme plus rapide pour les volumes à venir.

Nous laissions Léon et Doudou alors qu'ils ont entrepris d'atteindre l'île de Sado. Après l'attaque d'une redoutable créature, ils sont secourus par Tsugumi, Tora et même Satake, qui décident de les accompagner vers leur destination, même si notre jeune héroïne à pattes d'oiseau semble garder de très douloureux souvenir de cette île.

Fort logiquement, le volume se consacre donc essentiellement à ce voyage qui se poursuit au fil de différentes étapes telles que la ville-cuvette de Gunma, Ippatu régalant assez facilement par ses décors toujours aussi présents et suffisamment fouillés. Mais il va de soi qu'il ne s'agit pas là d'une petite promenade de santé, et bien des péripéties attend donc le petit groupe, avec en premier lieu quelques attaques de monstres coriaces ainsi que des découvertes de créatures plus mignonnes (même si Tora leur réserva un sort peu enviable...), ce qui permet à l'auteur d'entretenir un certain rythme et surtout de bluffer à nouveau via quelques designs particulièrement denses et assez inventifs ! Nos héros vont également devoir prendre garde à la radioactivité de certains lieux à éviter, devront veiller à ne pas avaler n'importe quoi... et feront me^me une nouvelle rencontre importance en Tama, une jeune fille-oiseau de 13 ans qui, pour compenser son physique très chétif, peut compter sur ses impressionnantes connaissances, et qui se montrera déjà très utile pour Léon et les autres.

Mais l'entrée en scène de cette nouvelle venue a également un autre effet, en confrontant le petit groupe à certaines épreuves au sein d'Ikaho, un village réputé très peu accueillant, dont Satake est précisément originaire, et où elle va vite retrouver une vieille connaissance. Ippatu enrichit encore un petit peu plus ici le background de son univers avec le concept de "grande errance" (en gros, un rite de passage à l'âge adulte très, très strict), mais le principal intérêt de ce court passage réside bien dans ce que l'on peut alors découvrir sur Satake, sur son passé, en plus d'affirmer sa place dans le groupe alors qu'elle n'était pas forcément jugée digne de confiance au départ. On regrettera juste que ses confrontations de valeurs avec Mikazuchi soient si vite expédiées, alors que les idées étaient intéressantes autour d'une Satake préférant l'amitié et la bienveillance à la violence.

Mais les petits développements ne s'arrêtent pas là. Côté Léon, on découvre un petit peu plus son passé et son lien avec Marie dans un flashback franchement expéditif mais véhiculant l'essentiel. Côté Doudou, l'auteur n'oublie pas sa piqûre de rappel sur le possible double-jeu du personnage, alors même que son amitié envers Léon (qu'il a déjà sauvé plus d'une fois) semble sincère. Et bien sûr, côté Tsugumi, il y a aussi quelques toutes petites choses à retenir: quand elles ne fait pas de nouveaux caprices, ne prend pas en grippe Satake et ne commet pas de nouvelles grosses boulettes, celle-ci montre qu'elle grandit à son rythme, qu'elle gagne au moins un tout petit peu en maturité et sait se montrer plus bienveillante. une chose est sûre: elle continue de plutôt bien animer le récit !

Dans l'ensemble, on retrouve donc avec plaisir Tsugumi Project après cette très longue attente. Il y bien quelques maladresses, surtout dans les petits flashbacks et dans certains événements un peu rushés (le passage à Ikaho en tête), mais l'univers proposé par Ippatu continue facilement d'intriguer, tandis que son dessin a encore de quoi laisser admiratif par moments.