Tsugumi Project Vol.1 - Actualité manga
Tsugumi Project Vol.1 - Manga

Tsugumi Project Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 04 Septembre 2019

Chronique 2

Après Histoires sans fin en février, le mois de juillet nous a permis de découvrir la deuxième création originale de Ki-oon de l'année 2019: Tsugumi Project, une série post-apocalyptique lancée en grandes pompes à l'occasion de Japan Expo, et portée par un jeune auteur prometteur se faisant appeler ippatu. Ancien assistant de grands mangas comme Shinichi Ishizuka sur les décors de Vertical ou le regretté Jirô Taniguchi, cet artiste s'est ensuite essayé à ses propres créations au Japon avec la série Ginjuji QQQ-hen... Mais c'est bien avec Tsugumi Project que le mangaka pourrait décoller réellement, tant, avouons-le clairement, il impressionne dès ce premier volume.

Nous voici donc dans un monde d'anticipation, où le Japon n'est plus. 260 ans auparavant, une guerre nucléaire a anéanti toute vie humaine dans le pays, qui dès lors a été laissé à l'abandon, jugé inhabitable par l'homme à cause des radiations. Pourtant, c'est sur cette île abandonnée de tous que des prisonniers de l'armée française s'apprêtent à être lâchés. Leur mission: retrouver l'arme biologique qui serait à l'origine de ce dramatique conflit, qui a été récemment découverte via des bribes de documents, et qui a pour nom de code "Toratsugumi". Les prisonniers seront lâchés sur l'île pendant un an, et devront accomplir leur mission dans cet intervalle. Le mérite de la découverte de documents ou d'armes utiles sera porté au crédit individuel de chacun, mais la mission est collective, alors il est interdit aux prisonniers de se tirer dans les pattes. Mais de toute façon, une fois sur place, ce sont des dangers autres que leurs congénères qui risquent d'attendre les prisonniers, car il ne fait aucun doute que sur ces terres dévastées et radioactives, de nouvelles formes de vie peut-être dangereuses sont nées... Et Léon, fait prisonnier sans trop savoir pourquoi, pourrait bien en faire les frais. Quand l'avion censé les amener au Japon se crashe dans la baie de Tokyo, cet homme semble être le seul rescapé. Avec pour premières armes son uniforme le protégeant de la radioactivité, la langue japonaise qu'il a dû apprendre au cas où, et son expérience personnelle de soldat d'élite, il va devoir organiser sa survie sur ces terres, pendant toute une année, dans l'espoir d'accomplir sa mission, d'être libéré et de retrouver ses proches. Mais comme prévu, ce Japon dévasté et laissé à l'abandon pendant plus de deux siècles pourrait s'avérer bien plus dangereux encore qu'il ne le pensait, entre des créatures puissantes et visiblement affamées, une étrange et agressive tribu d'êtres ressemblant à des primates et avec qui il peine à communiquer... Sa rencontre la plus étonnante vient toutefois d'une fillette d'a priori 13 ans, qui lui vient soudainement en aide quand il est attaqué, et qui possède de longues pattes d'oiseau...

Soulignons tout de suite la principale qualité de ce premier volume: sa patte graphique, tout bonnement impressionnante, en permanence. On le ressent dès les nombreuses premières pages en couleurs (une dizaine de pages !): ippatu, visuellement, ne négligera absolument rien. Ses décors d'un Tokyo post-apocalyptique sont en permanence saisissants, de par leur réalisme, leur richesse, leur profondeur, leur omniprésence, et la façon dont l'auteur cherche encore et toujours à bien les mettre en valeur via des idées de découpage variées ainsi que des cadrages savoureux, entre des plans éloignés et des vues de dessus de la ville, des contreplongées qui en soulignent l'immensité, et des plans plus rapprochés nous immisçant dans les décombres, les intérieurs délabrés et les nombreux endroits où la nature sauvage a repris ses droits. Tout bonnement, on ressent toujours à quel point Léon fait pâle figure dans cet immense et inconnu environnement hostile où il va pourtant devoir survivre. Et côté designs, c'est tout aussi qualitatif. Les personnages humains ont des visages loin d'être lisses et très travaillés, même si le dénomme "Doudou" est un eu cliché sur les bords. Quant au bestiaire, on sent qu'ippatu s'y fait déjà bien plaisir, entre les chiens et autres animaux affamés, les "primates" à l'allure bien pensée, la fameuse fillette-chimère très bien pensée et dégageant beaucoup de puissance dans les pattes, et son colossal lion géant à la crinière virevoltante qui en met plein la vue. l'ensemble est riche, dense, profond dans l'encrage, encore plus appuyé via d'assez nombreux traits et hachures... Quand l'auteur lui dit que dessiner lui prend beaucoup de temps, on le croit très facilement, et le résultat est magnifique.

Bref, l'impact visuel est total, et cette patte graphique nous immerge à 100% dans une histoire qui, pour le moment, ne fait que se poser. Les grandes lignes sont assez simples, et dès lors que l'on découvre les prénoms de la fillette-oiseau et de son tigre on comprend déjà qu'ils auront un lien étroit avec la mission de Léon (étrange, d'ailleurs, que ce dernier n'ait pas déjà tilté). Néanmoins, ippatu esquisse déjà ce qu'il faut d'enjeux supplémentaires: la rivalité de la France avec les autres pays pour retrouver "Toratsugumi", l'existence d'autres factions envoyées elles aussi sur l'île, la possible entente avec d'autre survivants... tout ceci s'immisce aux côtés d'un aspect pour l'instant très branché découverte et survie. Car évidemment, les premiers enjeux pour Léon sont de veiller à ne pas crever, et de découvrir ce lieu post-apocalyptique pour peut-être mieux s'en imprégner et le comprendre. Le petit côté survie est bien entretenu avec les passages dans les commerces pour trouver des choses utiles, entre autres, mais c'est plus encore le côté découverte qui stimule. Que sont cette fillette-oiseau et ce lion géant ? Pourra-t-il totalement sympathiser avec ces êtres ayant longtemps vécu en totale sauvagerie ? Comment lutter contre des animaux féroces s'étant adaptés à cet environnement ? Que sont les sortes de primates et y a-t-il la moindre possibilité de communiquer avec eux ? Sur ce dernier point, l'auteur offre quelque chose de très prometteur: loin de n'être que des ennemis dangereux, les habitants de cette île pourraient bien avoir développé leur propre vie communautaire, leurs propres règles, leur propre langage, et il sera alors véritablement intéressant de voir ce qui sera fait de cet aspect.

En attendant, ce premier volume de Tsugumi Project est une claque. En attendant de voir ce que son scénario et son univers ont réellement sous le coude, ippatu pose des bases très prenantes et intéressantes, qu'il parvient à rendre totalement immersives par la force de son travail graphique impressionnant.

Du côté de l'édition, en plus des nombreuses pages couleur, on a droit à pas mal de bonus intéressants en fin de tome: des présentations et esquisses de Léon et de la fillette, deux illustrations n&b, et, surtout, une assez longue interview d'ippatu qui permet d'en apprendre un peu plus sur lui, sur son parcours et sur la création de Tsugumi Project. Côté papier, impression, lettrage et traduction, c'est impeccable.


Chronique 1

Toujours désireux de nous faire découvrir de jeunes talents prometteurs, Ki-oon nous propose ici une nouvelle création 100 % de leur cru avec Tsugumi Project, sorti tout droit de l'imagination de son auteur Ippatu, un créateur mêlant habilement le réel et le fantastique! 


Se découvrant une passion pour le manga avec Osamu Tezuka, il va devenir l'assistant de Jiro Taniguchi ainsi que de Shinichi Ishizuka, un CV qui en dit déjà long sur le potentiel de ce jeune auteur! 


Suite à plusieurs histoires courtes et une première série inédite en France, il va commencer une carrière d'illustrateur dans le jeu vidéo, avant que Ki-oon lui offre la possibilité de réaliser la série qu'il ambitionne de faire depuis des années! 


Lancée en grande pompe lors de la Japan Expo 2019, nous tenons peut-être là le futur fer de lance de l'éditeur, en tout cas c'est tout le mal que nous leur souhaitons! 


Préparez-vous à entrer dans un univers qui pourrait être le nôtre, mais qui risque de se montrer aussi déstabilisant que fascinant! 


Dans un futur indéterminé, le Japon a été détruit par des frappes nucléaires, c'est désormais une terre normalement délaissée et inhabitée! Pourtant il semblerait qu'une puissante arme portant le nom de code "Tsugumi" s'y trouve! Bien évidemment cette arme devient un enjeu de taille pour les différentes nations et la France souhaite prendre les devants! Des condamnés à morts, donc des individus sacrifiables, sont envoyés au Japon avec pour mission de récupérer cette arme! Ils ont un an pour remplir leur mission avant qu'une mission "de secours" ne vienne les récupérer avec en récompense un abandon de leurs peines! 


Léon fait partie du groupe envoyé dans cette mission suicide...il ne sait pas ce qu'il doit chercher, mais, alors qu'il est innocent, son seul objectif est de remplir la mission pour pouvoir retourner auprès de sa femme et de son fils. 


Mais à peine arrivé sur place il réalise la nature hostile de ce que fut autrefois le Japon, désormais habitée par des bêtes sauvages des plus étranges...sa première priorité sera donc de survivre sur le long terme! 


Ce premier opus s'ouvre sur de magnifiques pages couleurs nous présentant un paysage urbain où là nature a repris ses droits (un peu à la manière de "Je suis une légende"), avant qu'on ne découvre une superbe jeune fille...vivant dans ces ruines! 


Puis changement de décor radical! Nous basculons vers Léon et les autres condamnés, à bord d'un avion qui va les larguer dans cette jungle urbaine (au sens littéral du terme)! 


L'auteur nous présentant la situation et le contexte de son œuvre par le biais des gardiens rappelant les détails de la mission aux condamnés...ceux à qui une tâche importante est confiée bien qu'ils soient sacrifiables! 


L'auteur ne tarde pas à ouvrir plusieurs pistes, outre le contexte qui est rapidement planté: il semble qu'on ait affaire à un régime totalitarisme n'hésitant pas à créer de toutes pièces de fausses situations afin de s'assurer une main d’œuvre sacrifiable. 


Pour l'heure on connaît assez peu la situation de Léon, bien qu'il revienne dessus à plusieurs reprises, nous ne découvrons que la surface, il faudra bien évidemment creuser par la suite. On ignore donc énormément de choses le concernant, seuls sa situation familiale et le fait qu'il soit victime d'un complot nous sont connus. Mais rapidement on découvre un individu ingénieux plein de bon sens, certes courageux, mais pas inutilement téméraire, mesurant les risques qu'il doit prendre. 


Et les risques ce n'est pas ce qui manquera; car son "séjour" commence de la plus désagréable des manières: par un crash! Se retrouvant seul il va devoir explorer les lieux, ce qui permettra aux lecteurs de le faire en même temps que lui, afin que nous découvrions le monde étrange et angoissant que nous réserve Ippatu! 


Les humais semblent avoir déserté les lieux, mais la vie demeure bien présente, malgré ce qu'on raconte à propos des radiations...mais une vie visiblement hostile malgré un semblant de civilisation! 


Ainsi nous découvrons des créatures s'apparentant à des singes avec des pattes de poulets, des êtres qui communiquent et semblent posséder une certaine intelligence malgré une sauvagerie et un instinct animal bien présents. 


Mais bien plus étrange encore que cette espèce, nous allons retrouver la jeune fille des premières pages couleur...qui n'en est pas une, du moins pas totalement! 


Elle possède également des pattes d'oiseaux et se trouve accompagnée d'un lion / tigre géant...plus le mystère s'épaissit et plus nous avons envie d'en apprendre davantage sur ce monde étrange. 


Les péripéties sont loin de s’arrêter là, mais il serait dommage de ne vous laisser aucune surprise. 


Évoquons juste un autre condamné qui va visiblement accompagner Léon dans son périple, un espion Perse se présentant comme un élément comique, mais fiable, soulevant déjà des questions sur le bien fondé de la mission... Le bémol? Un personnage noir qui s'appelle Doudou? Sérieusement? 


On a là un titre qui déborde déjà d'action, qui nous plonge dans un univers qui pourrait nous sembler familier (on a tous déjà vu des univers post apocalyptique), mais dans lequel l'auteur apporte sa patte et son univers, de la fantasy qui côtoie l'anticipation, des personnages mystérieux et intrigants qu'on ne demande qu'à connaître davantage... Bref une totale réussite pour cette entrée en matière! 


La patte graphique est assez particulière, à l'image de l'ambiance de la série, à la fois réaliste et totalement fantaisiste. Par moment dans la représentation des mouvements et dans certains visages on pourrait croire retrouver du Keisuke Itagaki, l'auteur de Baki, mais à d'autres moments on a l'impression d'être à mille lieues de ça. Le trait est fin, mais appuyé, l'auteur usant grandement des clairs / obscurs pour renforcer les effets de lumières, il est parvenu à créer des personnages expressifs dans un monde fourmillant de détails, voire même un peu chargés par moment. 


Un excellent premier tome pour on l'espère une série longue qui est en tout cas grandement prometteuse. 


Ki-oon a mis le titre grandement en avant, et on les comprend! On souhaite toute la réussite possible à l'auteur à et l'éditeur qui a cru en lui! 



Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
17.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs