True Love Lyricism : Critiques

Junai Lyricism

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 06 Avril 2022

Miyabi est un mangaka pour adultes que l'on avait pris beaucoup de plaisir à découvrir en juillet dernier, chez Hot Manga, avec le très bon hentai Un monde haut en couleurs, sa toute première publication française. Et le voici qui a fait son retour chez l'éditeur français en février dernier avec un autre de ses recueils: True Love Lyricism, sorti au japon en 2016 aux éditions Bunendô sous le titre Junai Lyricism, et qui regroupe, sur un peu plus de 180 pages, six histoires qui furent initialement prépubliées dans le magazine X Comic Bavel.

Première histoire de l'ouvrage, "Runaway Love" est également la plus approfondie puisqu'elle s'étire sur trois chapitres pour un total d'environ 90 pages, donc à peu près la moitié du recueil. On y découvre Yôsuke, un employé sérieux et plutôt lambda qui, en rentrant un soir de son éreintant travail, se met à penser qu'il aimerait bien, pour se détendre, tomber sur une jolie fille un peu coquine... Jamais il n'aurait cru que cette pensée se réaliserait en tombant nez à nez sur Misuzu, une jeune et jolie fugueuse. préférant d'abord l'ignorer, il se ravise en pensant qu'elle est sur le point de se suicider, et finit par l'inviter à dormir chez lui le temps de se trouver un autre endroit où crécher. En réalité, même s'il trouve Misuzu ravissante, Yôsuke n'a aucune arrière-pensée déplacée en lui proposant de loger temporairement chez lui... mais ça semble être tout le contraire pour la jeune fille qui, persuadée qu'il attend quelque chose d'elle comme tous les autres mecs, commence à se montrer très avenante. Quand Yôsuke, forcément proche de craquer, finit par la repousser et veut se montrer plus attentionné avec elle, Misuzu se montre soudainement bien plus agressive et lui dit de garder sa gentillesse. Mais qu'est-ce qui a pu pousser cette envoûtante jeune fille à devenir ainsi, aguichant les hommes et rejetant toute empathie à son égard car elle voit ça comme de l'hypocrisie ? Yôsuke saura-t-il lui faire ouvrir son coeur, puis l'accepter telle qu'elle est réellement ?

L'une des qualités premières de ce plutôt long récit est sans doute de savoir faire monter l'attente et la tension jusqu'à l'acte sexuel, grâce à un héros qui a pour grand mérite de vouloir se montrer attentionné, et de ne pas se jeter tout de suite sur la pourtant très charmante et entreprenante Misuzu. Yôsuke veut construire quelque chose avec elle, lui apporter de l'affection, du réconfort, souhaite la comprendre, et résiste donc autant que possible à ses charmes pour ne pas devenir un simple énième salaud voulant profiter de son sublime corps. De là naît une frustration qui fait encore plus monter l'attente et le désir aussi bien chez le héros que chez le lecteur, jusqu'à ce qu'arrivent des ébats très variés en terme d'ambiance, entre l'un où les personnages se lâchent avec une pointe de brutalité, et l'autre qui se veut plus doux car porté par les sentiments nés entre les deux personnages. Dans tout ça, l'auteur n'oublie évidemment pas d'approfondir son héroïne en expliquant l'origine sombre et forcément douloureuse de sa façon d'être, et même si les explications restent brèves elles sont suffisantes.

Bien que plus courtes (ça varie entre 15 et 30 pages), les 5 récits complémentant le recueil ne sont pas en reste en termes d'ambiances variées. Par exemple, l'une nous fait assister aux pratiques sexuelles, avec son patron, d'une belle serveuse naïvement convoitée par un autre garçon, pour un résultat qui joue habilement sur une pointe d'immoralité. Dans une autre, c'est un certain rapport de domination qui s'installe entre une étudiante qui sait ce qu'elle veut et l'élu de son coeur, un petit binoclard en réalité mignon tout pleins ans ses lunettes mais quasiment aveugle sans celles-ci. Il sera aussi question, entre autres, d'un professeur ayant longtemps résisté aux avances insistantes d'une de ses élèves pour enfin pouvoir vivre une relation avec elle une fois celle-ci diplômée, d'un couple décidant de le faire à l'extérieur, loin de tout, pour pouvoir gémir tout leur soûl, et d'un autre binôme semblant plus excités que jamais quand ils peuvent s'observer dans un miroir en faisant l'amour.

Mais qu'elles soient simplement tendres et intimes ou un peu plus perverses, toutes les histoires du recueil ont pour point commun la recherche d'un plaisir mutuel. Tous les couples ici présents font bien attention l'un(e) à l'autre pour en ressortir tou(te)s deux satisfait(e)s et plus uni(s), ce qui implique pas mal de préliminaires bienvenus, surtout quand Miyabi s'applique à mettre en valeur différentes partie du corps qui se voient tour à tour stimulées. Ajoutons à ça un dessin très qualitatif, avec des angles soignés et diversifiés, des physiques féminins assez variés et tous bourrés de charme à leur manière, et un travail des trames renforçant généralement la sensualité des protagonistes.

Deuxième publication française et deuxième grande réussite pour Miyabi: True love Lyricism est un recueil de qualité, qui a de quoi ravir les fans du genre, d'autant plus qu'il est servi dans une très bonne édition avec une qualité de papier et d'impression satisfaisante, la présence de quatre pages en couleurs sur papier glacé, un lettrage assez propre y compris pour le sous-titrage des onomatopées, et une traduction de Jean-Baptiste Bondis très appliquée.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs