Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 13 Avril 2021
Chronique 2 :
Les cours de dessin et les méthodes très particulières du professeur Hidaka ont permis à la jeune Akiko Hayashi de beaucoup apprendre, à tel point que la jeune fille était déjà certaine à 100% d'être prise à Tokyo... Sans doute était-elle un peu trop présomptueuse puisqu'elle a échoué, là où sa camarade Futami a été acceptée. Il ne lui reste alors plus que son troisième et dernier choix: l'université des Beaux-Arts de Kanazawa. Mais la jeune Akiko est alors en plein doute: si elle a réussi l'épreuve théorique, elle a le sentiment d'avoir raté l'épreuve pratique, et s'apprête déjà à baisser les bras. Hidaka a beau lui dire qu'en cas d'échec elle doit suivre encore des cours avec lui pendant un an, elle n'en a plus envie. Mais heureusement, elle s'est sans doute torp vite avancée en disant avoir échoué... heureusement ? Pas si sûr, car, comme la mangaka le dit elle-même, ce sont 4 années d'enfer qui l'attendent à Kanazawa.
En commençant par quelques pages où son elle-même du passé dépérit et pense échouer tandis que Hidaka la sermonne et l'encourage de plus belle, Akiko Higashimura nous donne déjà un bon aperçu de ce que sera ce deuxième volume, centré sur ses années universitaires, années pendant lesquelles elle est passée par bien des maux. Des maux assez personnelle, et dont elle-même semble peiner parfois à trouver la raison exacte: ainsi, dès son début de vie étudiante, la jeune Akiko, en section peinture à l'huile, ne trouve plus la motivation pour le dessin, semble jeter l'éponge petit à petit, d'autant plus que les élèves autour d'elle sont bien plus doués qu'elle qui na jamais peint à l'huile, et qu'à la base, ce qu'elle veut faire, c'est du manga, chose qu'elle n'a jamais osé avouer à Hidaka. Mais il y a aussi tous ces éléments propres à la vie étudiante qui, de fil en aiguille, peuvent faire perdre de vue les études, les efforts: sorties entre copines, beuveries, sentiment de liberté... L'Akiko Hayashi décrite ici a été comme nombre d'étudiant(e)s, nombre d'entre nous, sur plus d'un aspect. Et à l'heure de rendre des comptes, que restera-t-il ?
Si l'on pourra regretter que la mangaka passe vite sur ses années étudiantes puisqu'à la fin de ce tome elle est déjà en 3 année, le fond, lui, reste toujours intéressant, sur différents points. Higashimura se permet de temps à autre des petites digressions souvent pertinentes, que ce soit sur un garçon qui suivait aussi les cours de Hidaka, sur son premier hiver à Kanazawa, sur le premier grand amour de sa vie... tout comme elle évoque, de temps à autre, des petits détails intéressants sur le manga, comme le fait qu'à cette époque tout le monde lisait Kyôko Okazaki, ou que l'image qu'on avait du manga en cette période n'était pas comme aujourd'hui.
Cependant, le coeur du récit reste bel et bien le rapport qu'Akiko a pu avoir avec Hidaka, ce professeur à qui elle a caché qu'elle voulait faire du manga, qui a affirmé qu'elle exposerait avec lui un jour, dont elle a caché l'existence à son entourage par "honte" et pour avoir l'air plus cool à la fac, et qui, pourtant, l'a toujours soutenue. Au point de se ramener dans la maison familiale avec sa vieille bécane pour exiger qu'elle peigne des autoportraits, et de se pointer dans son logement étudiant à Kazawa à une époque où elle ne lui donnait plus de nouvelles par honte d'avoir un peu tout laissé tomber. Si Akiko Higashimura ne le dit pas directement, on se pose forcément des questions: qu'est-ce que, à cette époque, a bien pu ressentir cet homme très paternel avec son élève, et qui a tant cru en elle ? Une chose est sûre: en plus de poser sur celle qu'elle a été un regard tantôt affectueux et nostalgique (pour des souvenirs de bons moments) tantôt accusateur (envers la jeune idiote qu'elle a peut-être été), c'est aussi avec une alternance d'humour et de mélancolie que la manga se remémore cet homme, qu'une nouvelle fois elle tutoie à chaque fin de chapitre comme si l'oeuvre lui était adressée, le tout sonnant alors comme un bel hommage.
Chronique 1 :
Akiko a enchainé les échecs dans ses examens pour l'université. Son dernier espoir reste la fac de Kanazawa, mais la jeune fille se plante à l'épreuve pratique, bien qu'elle ait honoré l'examen théorique avec succès. Bien qu'elle n'ait pas encore reçu les résultats, elle baisse d'avance les bras et annonce la terrible nouvelle au professeur Hidaka. Pour Akiko qui souhaite plus que tout dessiner du manga, chose qu'elle n'a jamais avoué à son tuteur, son rêve est-il voué à l'échec ?
Drôle mais aussi mélancolique et intimiste, le premier tome de Trait pour trait avait séduit pour ses multiples ambiances et toute la finesse qu'Akiko Higashimura apportait à son œuvre très personnelle basée sur ses propres expériences.
Dans cette suite, ce sont naturellement les ingrédients des premiers chapitres que nous retrouvons, bien que l'histoire dévoile une nouvelle étape du parcours de l'autrice en herbe : Ses années étudiantes, ou du moins une première partie. Le suspense quant à la réussite d'Akiko à ses examens ne demeure pas bien longtemps, l'autrice abordant rapidement le vif du sujet, une période qu'elle regarde ici avec un œil particulièrement mature.
Car tout en narrant son état d'esprit d'époque appuyé par quelques péripéties étudiantes mettant en exergue le caractère insouciant de l'ancienne jeune adulte, la mangaka aborde de manière frontale le regard que nous pouvoir avoir sur nos erreurs d'autrefois, et le passé qu'on aimerait changé. Pas d'événements particulièrement dramatique pourtant, loin de là même, et c'est justement parce que les anciennes erreurs d'Akiko ne sont autres que des égarements de jeunesse que le propos demeure universel, en plus d'être habilement dépeint par une artiste qui se base sur ses propres regrets.
L'ambiance de fond demeure particulièrement touchante, d'un bout à l'autre, et nous happerait même si Trait pour trait dépeignait une fiction totale. Car de nouveau, peut-être plus encore que le parcours universitaire de l'héroïne, c'est son rapport au professeur Hidaka qui reste un point central de l’œuvre. Une relation qu'Akiko Higashimura parvient à rendre une nouvelle fois percutante par des instants solennels, d'autres plus drôles grâce à l'état d'esprit si unique de l'enseignant, et certains émouvants pour les mêmes raisons au point de nous piquer au vif, quand ils ne sont pas plus dramatiques. Le rapport entre la jeune autrice et cette figure paternelle conserve ce quelque chose d'unique, à chaque instant, y compris dans le dernier segment du volume un peu plus amer, mais qui en dit long sur le rapport entre les deux individus et le manque de communication qui pouvait subsister entre eux.
Un deuxième tome qui confirme donc toute la saveur particulière de Trait pour trait, manga autobiographique axé sur cette relation avec l'atypique Professeur et sur la jeunesse d'une autrice qui jette un œil vers son passé avec nostalgie et mélancolie. Difficile alors de résumer l'impression de lecture avec de simples mots : L’œuvre d'Akiko Higashimura est amusante, cocasse, subtile et touchante, parlant forcément au lecteur adulte qui, à l'instar de l'autrice, se prend à penser à ses erreurs de jeunesse.
Les cours de dessin et les méthodes très particulières du professeur Hidaka ont permis à la jeune Akiko Hayashi de beaucoup apprendre, à tel point que la jeune fille était déjà certaine à 100% d'être prise à Tokyo... Sans doute était-elle un peu trop présomptueuse puisqu'elle a échoué, là où sa camarade Futami a été acceptée. Il ne lui reste alors plus que son troisième et dernier choix: l'université des Beaux-Arts de Kanazawa. Mais la jeune Akiko est alors en plein doute: si elle a réussi l'épreuve théorique, elle a le sentiment d'avoir raté l'épreuve pratique, et s'apprête déjà à baisser les bras. Hidaka a beau lui dire qu'en cas d'échec elle doit suivre encore des cours avec lui pendant un an, elle n'en a plus envie. Mais heureusement, elle s'est sans doute torp vite avancée en disant avoir échoué... heureusement ? Pas si sûr, car, comme la mangaka le dit elle-même, ce sont 4 années d'enfer qui l'attendent à Kanazawa.
En commençant par quelques pages où son elle-même du passé dépérit et pense échouer tandis que Hidaka la sermonne et l'encourage de plus belle, Akiko Higashimura nous donne déjà un bon aperçu de ce que sera ce deuxième volume, centré sur ses années universitaires, années pendant lesquelles elle est passée par bien des maux. Des maux assez personnelle, et dont elle-même semble peiner parfois à trouver la raison exacte: ainsi, dès son début de vie étudiante, la jeune Akiko, en section peinture à l'huile, ne trouve plus la motivation pour le dessin, semble jeter l'éponge petit à petit, d'autant plus que les élèves autour d'elle sont bien plus doués qu'elle qui na jamais peint à l'huile, et qu'à la base, ce qu'elle veut faire, c'est du manga, chose qu'elle n'a jamais osé avouer à Hidaka. Mais il y a aussi tous ces éléments propres à la vie étudiante qui, de fil en aiguille, peuvent faire perdre de vue les études, les efforts: sorties entre copines, beuveries, sentiment de liberté... L'Akiko Hayashi décrite ici a été comme nombre d'étudiant(e)s, nombre d'entre nous, sur plus d'un aspect. Et à l'heure de rendre des comptes, que restera-t-il ?
Si l'on pourra regretter que la mangaka passe vite sur ses années étudiantes puisqu'à la fin de ce tome elle est déjà en 3 année, le fond, lui, reste toujours intéressant, sur différents points. Higashimura se permet de temps à autre des petites digressions souvent pertinentes, que ce soit sur un garçon qui suivait aussi les cours de Hidaka, sur son premier hiver à Kanazawa, sur le premier grand amour de sa vie... tout comme elle évoque, de temps à autre, des petits détails intéressants sur le manga, comme le fait qu'à cette époque tout le monde lisait Kyôko Okazaki, ou que l'image qu'on avait du manga en cette période n'était pas comme aujourd'hui.
Cependant, le coeur du récit reste bel et bien le rapport qu'Akiko a pu avoir avec Hidaka, ce professeur à qui elle a caché qu'elle voulait faire du manga, qui a affirmé qu'elle exposerait avec lui un jour, dont elle a caché l'existence à son entourage par "honte" et pour avoir l'air plus cool à la fac, et qui, pourtant, l'a toujours soutenue. Au point de se ramener dans la maison familiale avec sa vieille bécane pour exiger qu'elle peigne des autoportraits, et de se pointer dans son logement étudiant à Kazawa à une époque où elle ne lui donnait plus de nouvelles par honte d'avoir un peu tout laissé tomber. Si Akiko Higashimura ne le dit pas directement, on se pose forcément des questions: qu'est-ce que, à cette époque, a bien pu ressentir cet homme très paternel avec son élève, et qui a tant cru en elle ? Une chose est sûre: en plus de poser sur celle qu'elle a été un regard tantôt affectueux et nostalgique (pour des souvenirs de bons moments) tantôt accusateur (envers la jeune idiote qu'elle a peut-être été), c'est aussi avec une alternance d'humour et de mélancolie que la manga se remémore cet homme, qu'une nouvelle fois elle tutoie à chaque fin de chapitre comme si l'oeuvre lui était adressée, le tout sonnant alors comme un bel hommage.
Chronique 1 :
Akiko a enchainé les échecs dans ses examens pour l'université. Son dernier espoir reste la fac de Kanazawa, mais la jeune fille se plante à l'épreuve pratique, bien qu'elle ait honoré l'examen théorique avec succès. Bien qu'elle n'ait pas encore reçu les résultats, elle baisse d'avance les bras et annonce la terrible nouvelle au professeur Hidaka. Pour Akiko qui souhaite plus que tout dessiner du manga, chose qu'elle n'a jamais avoué à son tuteur, son rêve est-il voué à l'échec ?
Drôle mais aussi mélancolique et intimiste, le premier tome de Trait pour trait avait séduit pour ses multiples ambiances et toute la finesse qu'Akiko Higashimura apportait à son œuvre très personnelle basée sur ses propres expériences.
Dans cette suite, ce sont naturellement les ingrédients des premiers chapitres que nous retrouvons, bien que l'histoire dévoile une nouvelle étape du parcours de l'autrice en herbe : Ses années étudiantes, ou du moins une première partie. Le suspense quant à la réussite d'Akiko à ses examens ne demeure pas bien longtemps, l'autrice abordant rapidement le vif du sujet, une période qu'elle regarde ici avec un œil particulièrement mature.
Car tout en narrant son état d'esprit d'époque appuyé par quelques péripéties étudiantes mettant en exergue le caractère insouciant de l'ancienne jeune adulte, la mangaka aborde de manière frontale le regard que nous pouvoir avoir sur nos erreurs d'autrefois, et le passé qu'on aimerait changé. Pas d'événements particulièrement dramatique pourtant, loin de là même, et c'est justement parce que les anciennes erreurs d'Akiko ne sont autres que des égarements de jeunesse que le propos demeure universel, en plus d'être habilement dépeint par une artiste qui se base sur ses propres regrets.
L'ambiance de fond demeure particulièrement touchante, d'un bout à l'autre, et nous happerait même si Trait pour trait dépeignait une fiction totale. Car de nouveau, peut-être plus encore que le parcours universitaire de l'héroïne, c'est son rapport au professeur Hidaka qui reste un point central de l’œuvre. Une relation qu'Akiko Higashimura parvient à rendre une nouvelle fois percutante par des instants solennels, d'autres plus drôles grâce à l'état d'esprit si unique de l'enseignant, et certains émouvants pour les mêmes raisons au point de nous piquer au vif, quand ils ne sont pas plus dramatiques. Le rapport entre la jeune autrice et cette figure paternelle conserve ce quelque chose d'unique, à chaque instant, y compris dans le dernier segment du volume un peu plus amer, mais qui en dit long sur le rapport entre les deux individus et le manque de communication qui pouvait subsister entre eux.
Un deuxième tome qui confirme donc toute la saveur particulière de Trait pour trait, manga autobiographique axé sur cette relation avec l'atypique Professeur et sur la jeunesse d'une autrice qui jette un œil vers son passé avec nostalgie et mélancolie. Difficile alors de résumer l'impression de lecture avec de simples mots : L’œuvre d'Akiko Higashimura est amusante, cocasse, subtile et touchante, parlant forcément au lecteur adulte qui, à l'instar de l'autrice, se prend à penser à ses erreurs de jeunesse.