Touhou - Forbidden Scrollery Vol.1 - Actualité manga
Touhou - Forbidden Scrollery Vol.1 - Manga

Touhou - Forbidden Scrollery Vol.1 : Critiques

Touhou Suzunaan

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 21 Janvier 2022

Plutôt méconnue chez nous, bien qu'elle ait un solide cercle d'amateurs, la saga Touhou est en développement constant depuis sa création en 2002, avec le jeu The Embodiment of Scarlet Devil. Crée des mains d'un certain ZEN, ancien employé de Taito qui a en amour les genres du shoot'em up et du manic shooter, ce dernier a conçu de ses propres mains l'une des licences les plus singulière de ces deux dernières décennies, dont des jeux continuent à être produits tandis que des produits dérivés officiels ont vu le jour. Depuis le milieu des années 2000, les éditeurs Ichijinsha et Kadokawa étendent la saga à travers des œuvres purement fictionnelles, de quoi permettre aux fans assidus de retrouver l'univers et les personnages par un autre biais que celui des pads et des manettes.

Jusqu'ici, aucun éditeur français n'avait pris le risque de proposer un manga Touhou chez nous. Meian est le premier à mettre les pieds dans le plat en ce début d'année 2022 avec Touhou – Forbidden Scrollery, un titre initialement paru dans le Comp Ace de l'éditeur Kadokawa Shoten entre 2012 et 2017, pour un total de sept volumes. Le dessinateur de cette adaptation ne nous parle guère puisque le présent manga est la seule œuvre professionnellement publiée de Moe Harukawa à ce jour. Ce dernier dû compter sur son imagination pour retranscrire l'univers créé par ZEN comme l'ont fait d'autres auteurs avant lui, aussi le mangaka a donné naissance à une tranche de vie fantastique s'appuyant aussi bien sur les protagonistes de la saga que sur de toutes nouvelles figures créées pour l'occasion.

Dans l'univers fictif de Touhou existe le village des humains, lieu où se tient la librairie Suzunaan. Sa tenancière, la jeune Kosuzu Motoori, est particulièrement atypique tant elle ne jure que par les grimoires démoniaques, des ouvrages illisibles pour le commun des mortels et en lien direct avec les yôkai. Pourtant, Kosuzu parvient à décrypter l'un d'entre eux, et il n'en faudra pas plus pour que la menace de ces êtres surnaturels ne plâne sur le village et ses alentours. Fort heureusement, la magicienne Marisa Kirisame et la shamane Reimu Hakurei, quasiment inséparables, sont là pour mener l'enquête quand il le faut.

Si Touhou a pour réputation d'être un scoller nerveux et coloré, le manga Forbidden Scrollery joue une carte assez différent en étant un récit fantastique posé, ce premier volume se découpant en différentes enquêtes autour de yokai, menée par Marisa et Reimu, dans lesquelles le personnage de Kosuzu aura toujours un rôle à jouer. Moe Harukawa fait donc le choix de croquer l'univers plutôt que le rythme des softs, donnant lieu à un récit surnaturel garnit d'une perpétuelle bonne ambiance, dans lequel les menaces sont, pour l'heure, gentillettes.

Ce premier opus s'appuie donc sur tout un folklore, non inédit à Touhou puisque la figure du yokai est largement connue, pour élaborer un récit partagé entre différents genre, de l'enquête au fantastique, le tout vécu par des personnages mignonnets et dépourvus de toute malice. L'ambiance posée se veut donc envoûtante, avec quelques moments d'humour bien sentis à certains instants, l'ensemble jouant sur les caractères des personnages comme sur la légèreté de cette réinterprétation de la figure des yokai. C'est léger, posé, mystérieux quand il le faut, et suffit à créer un premier volume prenant dans sa formule.

Mais le point fort de ce début d'intrigue est surtout visuel. Moe Harukawa (dont le nom d'auteur n'a peut-être rien d'un hasard étant donné l'aspect mignonnet de l'œuvre) croque à merveille cet univers enchanteur et ses héroïnes chétives mais vaillantes, et dans des environnements qui retranscrivent tout le surnaturel dans lequel baigne le monde de Touhou. Les allures de petit village nippon d'autrefois sont rendus dans un ensemble esthétique dans lequel on devine le surnaturel, ce que le mangaka dépeint avec détails. Si l'intrigue pourra paraître légère (en tout cas, pour le moment), c'est bien pour cette atmosphère visuelle que ce premier opus s'avère séduisant, et le choix d'un grand format de la part de l'éditeur aide à cette immersion.

Car Meian a effectivement opé pour un format plus large qu'à l'accoutumée, un choix de plus en plus fréquent chez l'éditeur (comme l'attestent Shigurui ou les titres de la collection Yuri). Pour un récit comme Touhou – Forbidden Scrollery qui joue sur sa force visuelle et sur les capacités de son dessinateur à nous enchanter par son trait, le choix est particulièrement judicieux.
Pourvue d'un papier semi-épais et d'une page couleur, l'édition donne lieu à un grand format plutôt fin. La traduction signée Jean-Baptiste Bondis est convaincante tant elle parvient à donner vie aux personnages, l'énergie de leurs échanges jouant beaucoup dans le ton de la série. Signalons aussi le lettrage de Laurie Baum, soigné et calibré, qui garantit le confort de lecture.

Enquête en folklore nippon et tranche de vie teintée de comédie et de fantastique, ce premier opus de Touhou – Forbidden Scrollery est séduisant dans sa forme. Certes éloignée du nerveux des softs conçus par ZEN, la lecture n'en reste pas moins envoûtante, un sentiment aidé par la patte de son auteur, ravissante à chaque page et mise en relief par le choix du grand format. La série totalisant sept volumes, il n'en faut pas tellement plus pour nous convaincre de suivre Kosuzu, Reimu et Marisa dans leurs enquêtes, tandis qu'on se demande si une menace plus grande émergera dans les opus suivants.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14.5 20
Note de la rédaction