Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 05 Octobre 2012
Annoncé en début d'année, Tohu-Bohu nous parvient enfin et marque le retour en France de l'auteur Shin'ya Komatsu que l'on a déjà pu remarquer dans AX Anthologie. Habituées à nous offrir des mangas qui sortent du lot, les éditions ne dérogent pas à leurs règles en nous offrant Tohu-Bohu, un manga envoûtant et unique en son genre.
Au programme de ce recueil d'histoires courtes (voir très courtes !) se trouve un univers innovant, un joyeux melting-pot où se mêlent créatures fantasques et technologies farfelues. Dans la plupart des histoires nous suivons les tribulations d'un jeune garçon du nom de Rem qui se ballade au gré de son imagination dans ce monde unique à la fois étrange et merveilleux. Cet univers est d'ailleurs largement mis en valeur entre de nombreuses petites scènes de la vie courante surréalistes, notre héros faisant des rencontres inattendues avec des objets ou des créatures sortant de l'ordinaire.
Dans Tohu-Bohu, il pleut des ampoules, les fruits deviennent des lunes, les champignons prennent la taille d'immeubles, les somnambules marchent sur les murs, bref, rien n'est comme chez nous et qu'il est bon de se plonger dans cet univers riche en idées folles mais pourtant si poétiques...
Le personnage de Rem est en fait l'incarnation même de l'enfance : celui-ci est un garçon curieux de tout, qui s'intéresse à tout ce qu'il trouve et qui n'hésite pas à partir à l'aventure seul, innocemment face à tout ce qu'il rencontrer en chemin. Il est marrant de reconnaître en Rem l'enfant que l'on a été auparavant, à collectionner tout et n'importe quoi et à s'imaginer être un grand aventurier.
D'ailleurs en y réfléchissant bien, l'univers de Tohu-Bohu n'est-il pas la représentation de ce qu'il se passe dans la tête d'un enfant, un monde créatif, beau et simple à vivre, où tout peut se produire ? Bien que l'on peut avoir l'impression au départ d'avoir dans nos mains un manga comme un autre, au fil de notre avancée dans notre lecture on commence à réfléchir plus sérieusement au dessous de l'oeuvre, dont les histoires douces et poétiques peuvent parfois faire froid dans le dos si elles sont interprétées différemment.
L'univers de Shin'Ya Komatsu fourmille de détails et d'allusions diverses à tel point que l'on peut rester quelques bonnes minutes devant une page afin d'observer le moindre objet dessiné. D'ailleurs certains détails reviennent d'une histoire à l'autre mais pour voir ceci il faut garder les yeux bien ouverts. Bien que le trait de l'auteur soit enfantin, cela n'empêche en rien de rendre les histoires profondes et vraiment captivantes, son trait rond apporte beaucoup de douceur à ses personnages et rappelle également un style proche d'anciennes BD franco-belges. Toutes ses idées se révèlent au final à la fois intéressantes comme flippantes !
Les histoires sont plutôt variées et après un départ un peu difficile (les premiers récits sont, à mon goût, trop courts avec une conclusion parfois bancale) l'oeuvre finit par nous captiver notamment avec "Les Os du Tectonosaure" ou encore "Switch", des petites scènes avec comme thème principal les interrupteurs : dit comme ça cela peut paraître anodin mais celles-ci sont vraiment originales et sympathiques !
L'auteur conclue par une petite postface intéressante sur l'ensemble de son oeuvre, agréable à lire après la lecture de son manga qui le fut tout autant.
En terme d'édition, Imho nous offre comme toujours du travail de qualité, entre excellente impression et traduction de bonne facture.
Voici donc un manga qui satisfera petits et grands où le lecteur retombera en enfance et se reconnaitra peut être dans le personnage de Rem. Après un début un peu décourageant, l'oeuvre finit par captiver son lecteur pour nous laisser un souvenir marquant dans notre tête. Encore un bon choix de la part d'Imho !