Tinta Run Vol.1 - Actualité manga

Tinta Run Vol.1 : Critiques De l'or au bout des doigts

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 25 Juillet 2018

Critique 1


Quelque part dans le village de Mont-Sereny, sur la presqu'île du crabe, à l'ouest du paisible pays Mérovie, le jeune Arty Henrix suit le stage d'apprenti pâtissier que sa mère Louise, secrétaire de mairie, lui a dégotté... Ou, en tout cas, il essaie de le suivre ! Car son patron Yavano Vitch, un maître pâtissier qui fait la fierté du pays, est une vraie peau de vache, et ses enfants ne sont guère mieux en passant son temps à se moquer de lui. Arty ne s'entend donc pas du tout avec son chef, et ce stage est pour lui une vraie corvée, malgré le soutien d'une autre apprentie de nom de Flanelle Amann, et surtout de Dumond Urvilla, un réfugié clandestin.


Las de ce stage, Arty, lui, rêve d'un tout autre destin, un rêve que son père Pictus, disparu du jour au lendemain, a forgé en lui quand il était petit : s'il maîtrise la tinta, une énergie magique qui régit toute loi dans le monde de Phinéa, et devient un tinter, tous ses rêves se réaliseront. Depuis, il ne cesse de marteler ce rêve, au risque d'être moqué par les habitants qui ne le voient que comme une nuisance provoquant catastrophe sur catastrophe. Et pourtant, un jour où il est encore plus énervé que d'habitude face à son maître, Arty laisse parler d'étranges et surpuissantes capacités enfermées en lui. Des capacités qui ont déjà causé bien des ravages par le passé, et qui vont plonger le jeune garçon vers de nouveaux problèmes... et le début d'un voyage pour se trouver lui-même, dompter sa force, retrouver son père, voire changer les injustes lois du monde.


Nouveau fer de lance des éditions Glénat depuis quelque temps, et déjà auréolée de quelques succès comme Stray Dogs de VanRah, la création française accueille un nouveau représentant chez l'éditeur en ce début d'année 2018 avec Tinta Run, qui n'est que le premier d'une lignée puisque 2018 a vu ou va aussi voir arriver d'autres mangas "à la française" chez Glénat: Versus Fighting, 4LIFE, Mortician...


Tinta Run vient s'inscrire dans le registre déjà très représenté du shônen d'aventure dans un monde éloigné du nôtre, et parmi les références de l'auteur  Christophe Cointault il semble bien y avoir l'incontournable One Piece pour certaines notes d'humour décalé, mais surtout pour la patte graphique qui joue  régulièrement sur plusieurs éléments qui sont la marque de fabrique de l'oeuvre d'Eiichiro Oda: designs de personnages se voulant parfois assez originaux (par exemple en exagérant certains traits ou en empruntant des figures animales pour créer des êtres semi-humains), expressivité un peu caricaturale lors de certains moments forts (surtout quand les personnages sont surpris), animaux assez inventifs (comme le teigneux rockapi), des petites idées comme le téléphone/rudiphone qui peut rappeler l'escargophone de One Piece... Heureusement, l'auteur ne fait pas bêtement du One Piece et, si l'on sent par-ci par-là les influences, il développe assez facilement un style bien à lui. Les vêtements et coiffures se veulent assez travaillés, de même que le design des premiers lieux (le village du début, la presqu'île du crabe avec ses deux rochers en forme de pinces, la capitale Priam qui rappelle un peu paris par certains égards, mais avec ses propres monuments...), les décors sont suffisamment présents pour que les cases paraissent rarement vides, le découpage est dynamique est très fonctionnel...


Côté histoire, les débuts tâtonnent pas mal, il peut être difficile d'entrer tout de suite dans l'univers, qui se contente d'abord d'être présenté brièvement par petites touches çà et là, sans que la cohérence globale n'apparaisse tout de suite. C'est plutôt au fur et à mesure que l'on voit des choses intéressantes se dessiner. Par exemple, on se demande d'abord pourquoi Arty ne veut jamais quitter ses gants, un point balancé un peu vite parmi d'autres choses, puis que l'on comprend un peu plus tard. Puis on cerne que ce monde obéit à des lois strictes établies par les tinters, qu'on y vit selon les préceptes du grand doxa, une stèle de lois que seuls certains tinters puissants peuvent trouver, ce qui fait que seuls ces plus puissants peuvent modifier les lois du monde. Et les lois de ce monde s'avèrent parfois particulièrement injustes, d'où l'un des buts d'Arty: devenir un tinter assez puissant pour pouvoir ajouter lui-même ses lois. Mais il ne s'agit pas de son seul objectif: il lui faudra aussi retrouver la trace de son père disparu, et apprendre à maîtriser le pouvoir colossal qui est en lui, ce qui offre déjà pas mal d'objectifs pour offrir un bon petit récit d'aventures.


L'un des points les plus intéressants vient sûrement, justement, du pouvoir qui est en Arty, car celui-ci est loin d'être forcément bénéfique. S'il ressent en lui un manque, une trop grande frustration ou une trop grande colère, ce qui se réveille en lui a des allures de mal, un mal qui a déjà provoqué des catastrophes par le passé. Pire, depuis quelque temps il entend une grosse voix en lui, se sent brûler intérieurement... alors pourra-t-il vraiment apprendre à maîtriser ce qui est enfermé en lui et qui est apte à provoquer des graves choses ? On note aussi que Christophe Cointault aime bien jouer sur quelques sujets qui peuvent avoir un écho chez nous: la façon de traiter les immigrés clandestins, le contrôle des frontières, l'aspect rupin et hautain de la capitale...


Tinta Run a un peu de mal à bien se lancer au départ, mais montre vite des qualités très intrigantes pour la suite. Christophe Cointault semble avoir bien digéré les grands codes du shônen d'aventure sans forcément vouloir s'en écarter, pose des basses intéressantes qui ne demandent qu'à gagner en consistance, sait rythmer les choses et possède un coup de crayon loin d'être déplaisant. Il y a une réelle volonté de bien faire, qui donne facilement envie d'encourager le titre et de voir ce qu'il a réellement sous le coude sur la longueur.


Critique 2


2018 est très certainement l'année de Glénat en ce qui concerne le manga de création française. Nous avons vu Versus Fighting Story, Horion et Mortician édité cette année mais juste avant ces trois titres, le catalogue Glénat accueillait Tinta Run, récit d'aventure signé Christophe Cointault. La série a rapidement acquis sa petite popularité si bien que l'auteur est désormais régulièrement en dédicace à travers la France.
Un bonne surprise d'un point de vue éditorial donc, mais aussi pour le lecteur puisque c'est un premier volume riche en promesses qui nous est proposé.


Grâce à sa mère, Arty s'est trouvé le stage parfait dans sa bourgade provincale. Recruté chez un pâtissier tyrannique, le jeune homme ne s'entend pourtant pas avec son employer, et les tension s'apprêtent à connaître un tournant explosif.
Car Arty cache un secret et héberge en lui la Tinta, une énergie qu'il ne contrôle qu'à l'aide d'un outil appelé le Quill. Et fort d'une trop grande frustration l'habitant, Arty provoque une véritable catastrophe dans son village, lui réservant une punition plus que sévère... Lui qui n'en peut plus de cet enchaînement, partir à l'aventure semble être la seule option !


Tinta Run fait partie de ces récits dont le premier tome procure une sorte d'émerveillement. Un protagoniste tête brulée, une sorte d'excentricité dans l'esthétique globale qui démontre une imagination foisonnante de la part de son auteur, et un univers déjà dépeint comme très vaste et ne demandant qu'à être décortiqué sur le long terme. Ce premier tome procure cette sensation unique, celle de l'émergence d'une grande aventure dans un monde où il paraît difficile d'en deviner les tenants et aboutissants tant rien ne semble respecter une quelconque forme, et qu'on ressent le plaisir de Christophe Cointault de diriger Arty dans ce monde qui a beaucoup à nous dire. Une sorte de magie que tous les mangas d'aventure ne sont pas capables de retranscrire, et qui fonctionne efficacement sur ce premier volume.


Tinta Run semble alors être le fruit du véritable délire d'un auteur qui ne met aucune barrière pour développer son récit. Et c'est ce qui attire dans ce premier volume, quand bien même on retrouverait quelques ficelles assez classiques pour le genre, comme un Arty qui semble abriter en lui un immense pouvoir et qui désire partir sur les traces de son père, une quête qui n'est pas sans rappeler Hunter X Hunter, par exemple. La comparaison peut sembler légitime puisqu'à l'instar des Hunter, les Tinters sont entourés de mystère mais aussi d'un certain mysticisme, aussi il est difficile de cacher notre envie de voir Arty suivre les traces de son paternel.


C'est un premier tome dense, très dense que nous propose ainsi Christophe Cointault, ce malgré une introduction qui prend son temps. L'auteur s'amuse d'abord à développer la situation catastrophique concernant Arty sur un premier long chapitre de 86 pages, une entrée en matière dynamique et rythmée qui sait créer des questionnements chez le lecteur. Où l'auteur souhaite-t-il nous mener ? Est-ce qu'il parviendra à développer tant de pistes efficacement ? On peut alors sembler perdu au début, notamment parce que les concepts de Tinta et Quill ne sont pas clairement expliqués au départ, mais la suite du volume se charge de fluidifier un peu le tout, rendant les mécaniques de l'univers plus compéhrensibles de telle sorte à ce qu'on se laisse porter par l'aventure. Une aventure qui ne laisse d'ailleurs pas respirer dès que le récit passe au second chapitre, les déboires d'Arty ne manquant jamais de piquant entre bon nombre de situations cocasses, quelques affrontements et même des courses-poursuites face aux autorités locales. Tout un programme, mais on adhère très rapidement !


Visuellement, le style de Christophe Cointault s'avère assez épatant. Sa patte est très expressive et, surtout, ultra dynamique, un style qui se marie donc très bien avec le rythme global de ce premier volume. On apprécie aussi le grand nombre d'influences dans l'esthétique visuelle globale, par exemple la manière qu'a Christophe Cointault de mêler des animaux anthropomorphes aux humains dans cet univers qui devient donc plus hybride à chaque page, et forcément plus passionnant.


Du côté de l'édition, Glénat propose un travail de très bonne facture : un papier souple mais agréable en mains, et quelques bonus très appréciables en fin de tome qui retracent les débuts de la rencontre entre l'auteur et son éditeur, et ainsi la naissance de Tinta Run.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

15 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs