The Legendary Hero is Dead! Vol.1 : Critiques

Yûsha ga Shinda!

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Juillet 2024

Chronique 2 :


Mana Books vient étoffer son catalogue avec une nouvelle série de fantasy entre le comique et l'épique issu de l'imagination de l'auteur Subaruichi (en un seul mot). Entamé en 2014 au Japon le titre se termine en 20 volumes et a vu une suite débutée en 2022. C'est donc le début d'une longue aventure qui nous promet des moments amusants et étonnants et pour l'occasion l'éditeur sort les deux premiers tomes en même temps afin que le lecteur puisse parfaire son idée.

Le héros légendaire, le jeune Sion, a scellé les démons derrière la porte des enfers, mais après trois ans celle ci se réouvre et les démons déferlent à nouveau sur le monde!
Toka, jeune villageois ne se sent pas concerné par tout ça et se préoccupe plus de ses légumes et des cuisses de son amie d'enfance Yuna que du sort du monde!
Mais un beau jour alors qu'un démon attaque son village, Yuna est sauvé par Sion qui passait par là au bon moment. Toka est jaloux mais lui qui ne possède aucune capacité est bien obligé de s'incliner...jusqu'à ce que Sion tombe dans un piège créé par Toka pour protéger ses légumes...tuant le héros légendaire sur le coup!
Les villageois, bien qu'en colère contre Toka décide de cacher la mort de Sion et de cacher son corps pour ne pas avoir à subir la vindicte populaire.
Le lendemain matin Toka se réveille dans le corps de Sion...c'est le choc; mais très vite apparaît Anri, une nécromancienne qui accompagnait Sion dans sa quête et a placé l'âme du jeune paysan dans le corps du héros afin que celui ci poursuive son œuvre... Débute alors une étrange aventure dans laquelle Yuna va les accompagner!

A peine ouvre t-on la première page de ce premier opus que le ton est donné: le sommaire est rédigé sous forme de caractères pixelisés, rappelant les vieux RPG, on sait dès lors qu'on va plonger dans une aventure de fantasy avec ses codes et sans doute ses clichés.
La surprise vient du coté totalement loufoque du récit. Avec un tel titre, indiquant clairement que le héros de la légende est mort, on pourrait penser à Frieren, ce fut mon cas...mais c'est bien le seul point commun! On est loin de l'univers de la nouvelle référence de la fantasy, ici pas de ton mélancolique, seul la légèreté et l'humour domine.

Et à ce niveau le ton est donné très rapidement: lorsque Yuna est attaqué par un démon, la seule idée que trouve Toka pour l'aider est de faire un barbecue pour attirer le démon dans son piège. L'idée est ridicule mais c'est tellement grotesque que c'est très drôle. Piège qui d'ailleurs n'a l'air de rien, qui ne ressemble qu'à une vaste blague, mais c'est ce même piège ridicule qui va causer la perte d'un héros légendaire!

Ainsi on découvre un personnage principal qui n'a rien pour lui: il n'est pas courageux, il ne possède aucun talent, on découvrira plus tard qu'il possède un mana ridicule, il est envieux, pervers...bref il a tout de l'antihéros...ce qui en fait le héros parfait pour un titre ne se prenant pas au sérieux.
On découvre Yuna, la caution charme du titre qui veut être la magicienne du groupe mais qui ne possède pas non plus de Mana, c'est juste un bourrin qui détourne les sorts pour user de sa force. Enfin Anri, jeune nécromancienne qui cache des secrets et qui pour le coup possède de vrais pouvoirs qui seront bien utiles à ce groupe de bras cassés.

C'est ainsi qu'on débute une aventure qui ne se prend pas du tout au sérieux, où chaque page propose un gag, certains fonctionnant mieux que d'autres, c'est inévitable, mais qui garde malgré tout en toile de fond une véritable intrigue de fantasy avec des démons qui ressortent des enfers. Même si à ce stade elle apparaît bien secondaire, même si elle n'a rien de révolutionnaire, cette intrigue a au moins le mérite d'exister, et on se doute qu'à long terme on va avoir des héros qui vont évoluer vers une aventure plus sérieuse, donc autant partir sur de bonnes bases.
Par contre il faut bien admettre que certains gags sont vraiment limites, et ce titre ne fera pas mentir le cliché disant que les Japonais sont des pervers; les gags sur les chaussettes à enfiler aux cuisses des femmes devenant vite lourd.

Déjà de nombreuses péripéties se présentent à nos héros, avec déjà quelques surprises et révélations, déjà un lore qui tend à se développer et qui laisse supposer qu'il pourrait bien se montrer vraiment intéressant.

Au niveau du dessin c'est assez léger. Les personnages bien qu'expressifs ont des traits assez grossiers, très classiques, il pourrait être issus de la main de tellement d'auteurs...Subaruichi ne possédant clairement de patte identifiable à ce stade. Les démons qui entrent en scène ne sont pas non plus les plus charismatiques qu'on ait pu voir dans ce genre de titre...bref ce n'est clairement pas le point fort du titre.

Nous avons un premier tome étonnant et assez efficace même si ce n'est clairement pas un coup de cœur. Un titre qui possède du potentiel mais qui demande un peu plus d'approfondissement! Du coup ça tombe bien que le deuxième opus soit sorti en même temps!



Chronique 1 :


Le début de ce mois de juillet voit le catalogue des éditions Mana Books accueillir un manga dont le nom vous dira peut-être déjà quelque chose, puisqu'il a été popularisé à l'international en 2023 via une adaptation animée qui semble avoir reçu un plutôt bon accueil et qui fut diffusée en France sur la plateforme Crunchyroll. De son nom original "Yûsha ga Shinda!" (dont le titre anglais/international est une traduction quasiment littérale), The Legendary Hero Is Dead! est la toute première (et toujours unique à ce jour) série de Subaruichi, et a été une oeuvre phare de l'application Manga One et du site Ura Sunday des éditions Shôgakukan pendant toute sa publication japonaise, qui s'est étalée de décembre 2014 à décembre 2020 pour un total de 20 volumes. Forte de son succès, la série a même connu de 2022 à début 2023 une courte suite en un seul tome, intitulée "Yûsha ga Shinda! - Kami no Kuni-hen". Par ailleurs, avec un lancement juste avant Japan Expo où elle sera pas mal mise en avant (notamment via quelques goodies assez originaux, chaussettes en tête ! ), la série semble vouée à devenir un pilier de la collection Epic de Mana Books pour quelques années !

L'histoire nous immisce dans un monde de fantasy fait de magie, de guildes et de combats à l'épée, qui est à première vue on ne peut plus banal: voici quelques années que le héros Sion, détenteur de l'épée sacrée qui l'a choisi en tant qu'élu, a vaincu et scellé les démons derrière des portes, avec l'aide de ses compagnons d'aventure. Mais aujourd'hui, ce héros, toujours aussi populaire chez les humains, doit faire son grand retour face au retour des démons ! A priori, tout ceci ne concerne absolument pas Toka Scott, un simple villageois qui vit de sa culture des champs et de sa perversité, le bonhomme ayant une sérieuse et inquiétante passion pour tout ce qui ressemble à de belles jambes et à des cuisses dodues, auxquelles il rêve constamment d'enfiler des chaussettes pour en faire ressortir encore plus la beauté (selon lui). Ne vous formalisez donc pas en le voyant enfiler des chaussettes à des radis à la jolie forme, ou en observant les réactions de dépit de Yuna Yunis, sa sculpturale amie d'enfance et cible privilégiée, qui n'est clairement pas gâté d'avoir grandi avec un énergumène pareil ! Les choses auraient pu s'arrêter là, et Toka aurait pu rester pendant toute sa vie un simple villageois pervers et lâche, mais un coup du sort va en décider autrement: quand Sion arrive au village en vainquant sans mal un démon et en sauvant Yuna qui reste transie devant lui (vous imaginez bien la réaction jalouse de notre personnage principal), un accident excessivement bête fait que Toka le tue involontairement ! Envisageant d'abord d'enterrer incognito le cadavre avec l'aide des autres habitants (pas bien glorieux) pour éviter tout problème, le jeune paysan n'est pourtant pas au bout de ses surprises dès lors qu'Anri, une jeune nécromancienne à l'allure enfantine et ex compagne d'aventure du héros, décide d'accomplir les dernières volontés de ce dernier: le lendemain, le corps en décomposition de Sion s'anime à nouveau, mais c'est désormais l'esprit de Toka qui est en son sein ! Désormais chargé de devenir le héros, Toka n'en a aucune envie mais n'a pas trop le choix, et le voici bientôt parti sur les routes avec Anri mais aussi avec Yuna, son amie d'enfance ayant toujours rêvé d'aventure.

Vue maintes et maintes fois, l'histoire du groupe de héros partant accomplir des quêtes jusqu'au jour où il faudra éradiquer les démons se voit ici revisiter à une sauce plus humoristique voire un peu parodique, à travers des personnages principaux qui n'ont rien de très glorieux. Même en prenant la chose sous un angle comique, il n'y a rien de spécialement neuf, car bien d'autres oeuvres sont déjà passées par-là (par exemple Konosuba, pour ne citer que l'une des plus connues et aimées). Et dans les faits, le déroulement de ce premier tome passe par des étapes très standards du genre: début de la formation du groupe, premières quêtes notamment pour gagner de quoi subsister... sans compter le fait que les deux premières compagnes de Toka soient des stéréotype complets, entre Anri la loli de service, et Yuna le sosie de Lucy de Fairy Tail jusque dans sa personnalité tantôt forte tantôt nunuche et dans sa façon de souvent finir quasiment à poil.

Seulement, il faut bien l'avouer, l'aspect comique a de quoi faire mouche si l'on se laisse prendre au jeu (chose pas trop difficile car l'auteur parvient à installer un certain rythme) et si les différents gimmicks humoristiques nous touchent (ce qui est toujours très subjectif): les facettes les moins glorieuses de Toka (entre perversité, flemme, lâcheté et jalousie, Kazuma de Konosuba ne semble jamais très loin), son corps en décomposition sans doute voué à poser de plus en plus de soucis, la façon dont le mangaka malmène ses personnages (même si bon, il faut vraiment espérer que le traitement fan-service de Yuna ne sera pas toujours ainsi sur la longueur, car un peu c'est éventuellement rigolo, mais au bout d'un moment ça devient déjà lourd), ou encore les comportements rarement glorieux des autres figures secondaires (coucou Spike et certains villageois), sont autant de choses amenant des gags divers, quand bien même Subaruichi ne les équilibre pas toujours très bien et en exploite déjà tellement certains qu'ils peuvent finir par devenir gonflants (on a déjà évoqué le cas de Yuna, mais on pourrait aussi parler de l'obsession maladive de Toka pour les chaussettes et les cuisses bien dodues). Et puis, même si l'humour reste le principal leitmotiv, on pourra quand même déjà apprécier quelques avancées (certes difficiles) de Toka dans son rôle de héros (au moins, sa faculté à créer des pièges, ça lui fait une qualité), et même des petites notes touchantes dès lors qu'on commence à en apprendre un petit peu plus sur la vraie nature d'Anri.

A l'arrivée, derrière le grand classicisme du récit de base et un manque d'équilibre dans les gimmicks humoristiques principaux, The Legendary Hero Is Dead! semble quand même bien parti pour imposer un certain charme, l'oeuvre se voulant avant tout assez fun et sans prise de tête, à défaut d'être toujours du meilleur goût (coucou la pauvre Yuna, trop souvent réduite à sa plastique pour l'instant). Il ne reste plus qu'à attendre de voir si Subaruichi, qui tâtonne forcément puisque c'est là son premier tome de manga, saura vite affirmer la direction et les qualités de son oeuvre. Et pour ça, on n'aura peut-être pas besoin d'attendre bien longtemps, puisque le tome 2 est sorti en même temps que ce premier opus !

Signalons, enfin, la qualité tout à fait convaincante de l'édition française: la jaquette reste proche de l'originale japonaise jusque dans la typo du logo-titre, le papier est souple, plutôt épais et agréable malgré une légère transparence, l'impression est bonne, le lettrage de Studio Charon est très appliqué, et la traduction assurée par Damien Guinois se veut vive et efficace en faisant suffisamment bien ressortir l'humour.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

14.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.75 20
Note de la rédaction