Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 14 Octobre 2025
Même si les deux tourtereaux le cachent encore pour ne pas être troublés dans leur important travail actuel pour Kô, les yeux bienveillants de Shinobu et des autres ne sont pas dupes: quelque chose est en train de se passer entre Aoko et Tatsuki. Les voici effectivement désormais en couple, ils vivent même sous le même toit à présent, et l'harmonie de leurs sentiments semble parfaitement se refléter dans leur collaboration au travail, tant la forme donnée par Tatsuki à la poterie de Kô et les motifs qu'y conçoit Aoko se complètent à merveille. Tout semble donc aller pour le mieux... du moins, jusqu'à ce qu'une crainte s'immisce en Aoko, dès lors qu'elle se souvient que Tatsuki avait initialement affirmé qu'il ne resterait qu'un an à Hasami.
Pendant la majeure partie de ce septième volume, Yuki Kodama jauge très joliment les petites craintes d'Aoko concernant sa relation actuelle avec Tatsuki, dans une recette assez classique qu'elle parvient pourtant à sublimer au fil de différentes étapes où aspect professionnel et aspect personnel s'entremêlent très bien. Ainsi, la suite du projet pour Kô, les ateliers pour les portes ouvertes d'automnes, ou encore la rencontre officielle de Tatsuki avec la famille d'Aoko, sont autant de moments dont la mangaka sait retirer de belles choses, que ce soit un petit moment de jalousie d'Aoko en voyant Tatsuki trop tactile pendant les ateliers, tout ce que le jeune homme finit par avouer à sa bien-aimée concernant son enfance et sa famille où les choses sont loin d'avoir été idéales, la découverte très animée, franche et chaleureuse de la famille d'Aoko qui semble forcément assez éloignée de ce que Tatsuki a connu de son côté... sans oublier tous les instants où la dessinatrice, par la force de son trait fin et minutieux où elle sublime toute la précision des gestes, met en lumière l'artisanat de la poterie. Au bout de tout ça, alors même que plane constamment la question du futur départ ou non de Tatsuki une fois que son année à Hasami sera finie, tout vient encore consolider petit à petit la relation des deux protagonistes: on les sent si bien ensemble, on voit que Tatsuki s'est adouci depuis son arrivée et qu'Aoko tâche d'affronter ses craintes à ses côtés, si bien que c'est avec le plus grand naturel que certaines peurs s'estompent... puis que d'autres arrivent.
Car au bout de cette jolie phase, c'est un nouveau rebondissement, directement lié aux souvenirs laissés par Tatsuki en Finlande, qui vient nous happer dans la dernière partie du volume, en ne manquant pas de jeter un nouveau voile de doute, en particulier dans l'esprit d'Aoko chez qui les traumatismes du passé au sujet de Kumahei. Et si la formule est plutôt classique, toute la maestria de Kodama vient du grand soin qu'elle a accordé au développement de ses deux personnages pour en arriver là: on a parfaitement conscience qu'ils s'aiment, qu'ils sont en harmonie, qu'ils sont devenus indispensables l'un(e) pour l'autre, mais en même temps qu'ils ont encore certains fantômes de leur passé à régler, et que pour ça ils aimeraient se soutenir sans trop savoir comment faire exactement, au risque de se blesser.
Le volume nous laisse alors sur des toutes dernières pages qui ont forcément quelque chose d'assez déchirant, tant le ton trouvé par l'autrice est juste, en nuançant impeccablement ce que peuvent ressentir les deux tourtereaux dans ce contexte délicat. Alors que la série est déjà excellente depuis ses débuts, le plus intense semble encore à venir dans The Blue Flowers and the ceramic forest.