Tetsu & Doberman Vol.1 - Actualité manga
Tetsu & Doberman Vol.1 - Manga

Tetsu & Doberman Vol.1 : Critiques

Tetsuwo Beltta: Tetsu no Moto ni Kita no wa Nagagutsu wo haita Neko de wa naku Doberman datta

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 29 Juin 2021

En 2019, Doki-Doki nous proposait de découvrir le mangaka Tsutomu Ohno avec Buchimaru Chaos, un récit de dark fantasy en 3 tomes qui, à défaut d'offrir une intrigue vraiment emballante, laissait entrevoir de jolies promesses sur le plan visuel. Dans tous les cas, une chose est à présent sûre: l'auteur a bel et bien tapé dans l'oeil du label manga des éditions Bamboo, puisqu'il y a fait son retour en mai dernier avec sa dernière série en date, Tetsu & Doberman !

De son nom original (retenez votre souffle) "Tetsuwo Berutta: Tetsu no Moto ni Kitanowa Nagagutsu wo haita Neko dewanaku Doberman datta", cette série est elle aussi finie en 3 volumes, et a été prépubliée au Japon en 2019-2020. Pour l'occasion Tsutomu Ohno a changé d'éditeur nippon, passant du magazine Young Animal des éditions Hakusensha (où a été publié Buchimaru Chaos) au magazine Young Gangan de Square Enix. Et il ne s'agit pas du seul changement puisque, ici l'auteur laisse tomber la dark fantasy pour nous plonger dans un petit univers un peu plus hybride, comme nous allons le voir.

Dans cet univers, on a beau utiliser le yen en guise de monnaie, nous ne sommes pas du tout dans le Japon tel qu'on le connaît, mais dans une contrée où, aux côtés des humains, on trouve des monstres belliqueux, mais aussi des animaux anthropomorphes, tels que l'on pourrait en voir dans Beastars par exemple. Et ces êtres, nommés "limiers", sont des chiens à allure humaine voués à faire équipe avec un humain pour former les "chasseurs", des binômes pouvant accomplir toutes sortes de tâches (simples petits services, traques de bandits, chasses aux monstres...) dans le but d'aider et de protéger les humains. Big One Kurogane est précisément le chasseur le plus réputé: aux côtés de son fidèle limier Doberman, il a accompli nombre d'exploits suscitant l'admiration de toutes et tous, y compris, comme on le voit dans les premières pages, de Tetsu, un petit garçon grandissant dans un orphelinat. Mais tout ça, c'était il y a 13 ans. A présent, voici déjà un an que Big One Kurogane est décédé, visiblement d'une maladie, et que Doberman a disparu de la circulation sans que personne ne sache où il est passé. Tetsu, lui, a bien grandi en étant devenu un adolescent de 17 ans, et il vaque ses occupations entre le quotidien à l'orphelinat et son petit boulot de serveur. Son admiration pour Big One Kurogane n'est pas éteinte, mais lui semble désormais fort lointaine car il a d'autres choses à gérer. Mais quand Zaizen, l'un des hommes les plus riches et influents de la ville, arrive à l'orphelinat avec le projet de faire raser l'établissement pour construire un complexe touristique sans se soucier le moins du monde des orphelins, le sang bout en Tetsu, bien décidé à faire capoter le projet pour protéger le lieu où il a grandi. A cet instant, il ne sait pas encore que sa route lui fera croiser Doberman en personne, et qu'en plus ce dernier, sur demande de Big One Kurogane lui-même, cherchait la trace du jeune garçon depuis un an pour en faire son nouveau maître ! Un nouveau binôme de chasseurs est alors sur le point de naître, et pourrait bien emmener Tetsu plus loin encore que le désir de sauver son orphelinat...

Le moins que l'on puisse dire est que Tetsu & Doberman débute de manière assez standard, avec une première petit épreuve sans grosse surprise, entre un Zaizen en gros cliché de magnat égoïste totalement détestable (mais du coup, justement, on aime assez le détester le temps de quelques dizaines de pages), et la façon basique dont cette première rixe se conclut, en ayant surtout pour but de faire naître le duo Tetsu/Doberman. Et par la suite, les autres petits conflits proposés dans cet opus restent tout aussi rapides et classiques, entre un "duel" contre un autre binôme de chasseurs, ou une missions de traque de bandit qui aboutira sur une affaire un peu plus dangereuse impliquant un monstre. Mais si l'on fait abstraction de ces premières affaires plutôt vite expédiées, l'univers proposé par Ohno possède assurément un certain charme qui ne demande qu'à se confirmer, et ce charme vient notamment du côté un peu hybride évoqué précédemment.

Ainsi, si l'on a des éléments bien japonais (le yen en monnaie, les restaurants de ramen) et pas mal de détails typiques de notre monde contemporain (les télévisions et les architectures de bâtiments, par exemple), on a pourtant pas mal d'emprunts à des choses plus typées fantasy, entre la guilde des chasseurs, les missions qui y sont classées selon le rang, le bestiaire... Le mélange est un brin surprenant mais fonctionne bien, même si les approfondissements restent en surface. Et à tout ça, le mangaka apporte donc une part d'originalité sympathique avec son système de binômes de chasseurs composés d'un maître humain et d'un limier anthropomorphe (dont le nom fait toujours directement référence à la race de chien dont il s'inspire). Binôme qui ne se contente pas d'être chouette sur le papier, puisque l'auteur a imaginé un système de synchronisation prometteur où le chasseur peut ressentir et exploiter les sens de son limier.

C'est donc sur ces bases que le duo Tetsu/Doberman doit faire ses preuves, en particulier Tetsu qui va devoir accomplir les bases: montrer qu'il a de quoi former un duo efficace avec Doberman, aller s'inscrire à la guilde pour accomplir ses premières missions et faire des premières rencontres déjà truculentes... mais en filigranes, un petit scénario plus consistant semble bien se mettre en place, au gré de quelques interrogations justement soulevées. Big One Kurogane est-il vraiment mort de maladie, ou a-t-il été assassiné ? S'il a été assassiné, par qui ? Pourquoi le chef de la guilde est-il si réticent à l'idée d'accepter Tetsu, alors même qu'il a avec lui un lien étroit ? Gageons que la vérité sera faite au gré de l'aventure de Tetsu et de Doberman, deux héros qui, ici, doivent d'abord commencer par montrer leur entente, ce qui est effectué par l'auteur avec efficacité au gré de quelques moments où l'alchimie fonctionne bien entre le garçon déterminé et le limier aussi classe que fiable et expérimenté.

Visuellement, on retrouve les petites limites et les qualités déjà vues dans Buchimaru Chaos. D'un côté, la mise en scène de l'action, bien qu'assez lisible, n'offre pas de gros coups d'éclats, tout comme la narration visuelle qui prend quelques brefs raccourcis. Et d'un autre côté, on retrouve une belle densité de trait, portée notamment par les designs anthropomorphes tout à fait satisfaisants des limiers, auxquels Ohno apporte une vraie richesse et beaucoup de régularité.

Alors, on a droit ici à un début d'aventure encourageant, qui s'avère facilement prenant malgré ses développements qui restent plutôt en surface. Il y a de quoi passer un bon petit moment et c'est tout ce que l'on demande, tout en espérant que l'ouvre, du fait de sa brièveté, saura tenir la route sans décevoir à la fin.

Côté édition, Doki-Doki livre une très bonne copie: papier bien épais permettant une très bonne qualité d'impression, première page en couleurs, lettrage soigné de la part du Studio Charon, et traduction vive et emballante signée Jean-Benoît Silvestre.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.5 20
Note de la rédaction