Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 16 Juillet 2012
Les élections pour le poste de professeur n'ont toujours pas eu lieu, et la donne a changé : le professeur Noguchi est gravement malade du coeur. Il propose aux docteurs Kunitachi, Kirishima et Kato de lui présenter chacun un protocole thérapeutique. Celui qui proposera le meilleur aura le soutien de Noguchi pour les élections et sera donc quasiment sûr de l'emporter. Mais le professeur rajoute une difficulté : le protocole doit composer avec ses intérêts politiques. Noguchi veut être arrêté le moins longtemps possible pour se lancer dans un nouveau défi.
Le point le plus intéressant du tome demeure l'interrogation qui se pose dès les premières pages : quel est donc le protocole proposé par Akira Kato, qui suscite l'ire du professeur Noguchi et la stupéfaction chez ses concurrents ? On se doute qu'il doit s'agir d'un protocole expérimental à base de traitement médicamenteux, mais cela n'est pas confirmé. Il faudra donc attendre le tome suivant pour connaître les détails.
Autre point fort de ce vingtième tome : il ne se contente pas de mettre en avant la bataille entre les trois prétendants au poste de professeur. Il relance dans la course Asada, qui était resté en retrait dans les tomes précédents en se rangeant aux côtés de Noguchi, un ralliement vécu par Akira comme une demie-trahison. Piqué dans son orgueil, Asada profite de la présence d'un de ses anciens collègues du temps de son service pour une ONG et du meilleur anesthésiste au monde pour attaquer Kunitachi sur son soi-disant immense talent. Asada veut opérer Noguchi car il estime être le meilleur chirurgien et la complexité de l'opération requiert le meilleur. Ainsi, il est plaisant de voir que chacun des personnages peut retourner sa veste selon les circonstances, puisque les soutiens de Kunitachi sont intrigués par la pertinence des propos d'Asada, qui argue du fait que Kunitachi a délaissé le terrain et ne doit pas être si bon que cela. De plus, Asada se lance dans une opération révolutionnaire qui impressionne ses détracteurs. Ce tome marque donc le grand retour d'Asada sur le devant de la scène, sans que son comportement soit particulièrement irritant et outrancier, comme cela a pu être reproché à la série.
Les derniers chapitres sont tout aussi réussis, se concentrant sur l'anesthésiste Arase, qui sombre toujours plus dans l'alcool et la drogue. La présence du meilleur anesthésiste au monde, un Américain, et des paroles sans concessions d'Asada, qui le critique ouvertement sur son niveau, perturbe ses certitudes. C'est le jeune interne Noboru, qu'Arase aime embêter depuis le début de la série, qui semble être le seul à pouvoir le relever.
Des points noirs ? Oui, hélas. Ce vingtième tome n'échappe pas à l'exagération et à des choix scénaristiques caricaturaux. Il est quand même surprenant de voir débarquer dans un CHU japonais de province, aussi grand fût-il, les médecins les plus talentueux du monde selon les dires de leurs pairs. De plus, le fait de présenter les deux anesthésistes comme des junkies notoires (une légende urbaine répandue dans le monde de la médecine), ou encore le culte voué aux médecins en provenance des Etats-Unis (c'est bien simple, dans Team Medical Dragon, les meilleurs médecins du monde sont japonais ou américains...) n'est franchement pas opportun et ne fait pas honneur à la série.
Pour le reste, on retrouve les mêmes éléments : des graphismes où les expressions des visages sont largement déformés par les émotions, et un vocabulaire médical très abondant, technique et complexe pour le profane (mais les explications de Glénat sont toujours de grande qualité).
Notons la régularité de cette série, son homogénéité dans la qualité. Team Medical Dragon a su garder un cap pendant une quinzaine de tomes. Il n'en reste plus que cinq, et la série est toujours aussi agréable à suivre. Des retournements de situation aussi bien écrits dans un univers médical aussi réaliste, avec pour toile de fond une critique du système de soins nippon, on en redemande, d'autant que beaucoup de surprises restent à venir !