Tatari Vol.1 : Critiques

Tatari

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 10 Février 2025

Première nouveauté des éditions Glénat Manga pour cette année 2025, Tatari suit son cours au Japon depuis 2023 dans le célèbre magazine Shônen Sunday des éditions Shogakukan, et est la toute première série longue d'un(e) mangaka se faisant appeler Watari. Au programme, une histoire de vengeance mêlant surnaturel et action, tout en surfant quelque peu sur le récit de mafieux, la tranche de vie voire quelques notes d'humour.

Cette oeuvre nous immisce donc auprès de Tatari, un chat qui, derrière son allure féline, est tout sauf normal: yokai de son état, il avait été emprisonné par les onmyoji mille ans auparavant, avant de pouvoir réussir à se libérer il y a quelques années en restant toutefois très affaibli, comme s'il n'avait plus de pouvoir. C'est bien cette faiblesse qui, sept ans auparavant, a failli lui coûter la vie face à un simple chien... s'il n'avait pas été secouru par Takeru, un courageux petit garçon. Depuis, Tatari mène une vie tranquille auprès de ce garçon devenu un adolescent en première année de lycée, et il connaît tout de la triste de vie de son maître envers qui il s'est beaucoup attachée: il n'a jamais connu son père, sa mère passait l'essentiel de son temps à fricoter avec des hommes avant de décéder il y a quelques années, depuis Takeru est condamné à vivre dans une grande pauvreté en devant s'occuper seul de sa petite soeur Yuki, 9 ans, en prime atteinte d'une maladie congénitale rendant sa santé très fragile... Même si Tatari est admiratif face à la gentillesse permanente de Takeru et à son abnégation, il faut bien avouer que Watari enchaîne un peu tous les malheurs du monde sur cet adolescent et sa petite soeur, d'autant plus que Takeru est également moqué et brimé au lycée à cause de sa pauvreté. Et comme si cela ne suffisait pas, voici que le pauvre adolescent est soudainement assassiné, a priori sans raisons valables, en provoquant en Tatari une réaction violente: sa vraie nature se réveille enfin, à savoir celle d'un bakeneko, un genre de yokai s'abreuvant de sang imprégné de rancoeur et pouvant prendre forme humaine. S'accaparant l'apparence de l'adolescent qui prenait tant soin de lui et qu'il aimait tant, le yokai est désormais déterminé à comprendre pourquoi il a été tué et qui a fait ça, afin de le venger...

Alors que l'on aurait pu s'attendre à un côté enquête un minimum poussé, Watari fait le choix inverse en révélant dès le premier chapitre le pourquoi du comment du meurtre injuste de Takeru, ces raisons impliquant, dans les grandes lignes, des conflits internes pour l'héritage dans un des grands clans de la mafia hongkongaise. Et l'affaire sur qui a tué Takeru a beau être très, très vite réglée, la vengeance du yokai ne peut pas s'arrêter là: il lui faudra continuer de veiller sur Yuki comme Takeru l'aurait fait, trouver comment éliminer une bonne fois pour toutes les différents mafieux hongkongais impliqués... et, pourquoi pas, mettre la main sur leur pactole, ce qui pourrait permettre à la fillette de recevoir enfin des soins !

On devine toutefois que le chemin pour en arriver là sera long, et qu'il doit d'abord passer par certaines choses pour Tatari. Tout d'abord, faire face aux éventuels ennemis qui viendraient s'assurer de la mort de Takeru ou qui comprendraient sa nature de yokai, ce qui provoque déjà ici l'entrée en scène d'un descendant d'onmyoji et d'un autre yokai au service de la pègre, avec d'ores et déjà son petit lot d'action et de moments de tension. Ensuite, attendre l'opportunité de se rendre à Hong Kong pour en découdre avec les mafieux et se mêler de leurs querelles internes. Et enfin (voire surtout, pour le moment), parvenir à bel et bien se faire passer pour Takeru, en posant une question simple: un yokai peut-il vraiment réussir à vivre parfaitement parmi les humains ? De ce côté-là, de premières péripéties ont forcément déjà lieu: parvenir à contenir ses capacités folles en sport pour ne pas éveiller les soupçons (ce qui donnera lieu à quelques petites notes comiques), bien jouer le rôle du grand frère auprès de la petite Yuki qui ne manque pas de caractère... et, surtout, régler le cas des brimades que Takeru subissait au lycée, tout en veillant à ne pas laisser trop éclater sa rage, car il ne fait aucun doute que ce n'est pas ce que le si gentil garçon défunt aurait voulu.

Même si certaines situations sont vraiment très grosses (l'entourage humain de Takeru/Tatari ne se pose vraiment pas assez de questions, que ce soit sur le soudain changement de personnalité de notre héros ou sur certaines de ses capacités qu'ils voient quand même), il faut avouer que ce mélange des genres fonctionne assez bien, d'autant plus que Watari tient à maintenir un rythme suffisamment nerveux, et que pour ça il peut compter sur ses dessins vifs et très expressifs, à défaut d'être pour l'instant très détaillés en terme de mise en scène de l'action (disons que c'est propre, mais très classique). Il y a, dans tous les cas, rester assez accrochés à la lecture pour avoir envie de donner une chance à ce shônen pas foncièrement original mais assez facilement entraînant !

Côté édition, on est sur du Glénat pur jus avec un format shônen au papier fin mais bien opaque et à la qualité d'impression convaincante. A la traduction Thibaud Desbief n'a aucun mal à être fluide et vivant dans ses textes, tandis qu'au lettrage Anne Demars offre une copie très propre. Enfin, la jaquette, en plus de rester proche de l'originale japonaise, confirme le choix fait par l'éditeur, depuis quelques mois, de se débarrasser de ses anciennes couleurs criardes selon les genres (vert flashy pour les shônen, rose pour les shôjo...), en affichant ici un noir bien plus en adéquation.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs