Sword Art Online - Progressive - Light Novel Vol.1 - Actualité manga

Sword Art Online - Progressive - Light Novel Vol.1 : Critiques

Sword Art Online - Progressive

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 11 Août 2021

Lorsqu'il écrit le roman Sword Art Online en 2002, Reki Kawahara ne pensait sûrement pas donner naissance à l'une des franchises les plus porteuses de la décennie 2010, ni créer un véritable événement au sein du light novel. Projet né pour être proposé au Prix de roman de jeu Dengeki, SAO est refusé, et l'auteur publie son récit en ligne. La victoire à ce fameux prix lui sera accordée par Accel World, titre pourtant plus timide de l'auteur auprès du grand public, ce qui lui permettra de reprendre Sword Art Online en tant que saga, ce dès 2009. Et parce que l'arc Aincrad n'était qu'une histoire destinée à être brève pour correspondre au concours, Reki Kawahara n'a pas pu exploiter autant qu'il l'aurait souhaité ce premier univers, ce malgré un retour via des side-stories dans d'autres volumes de SAO. En 2012, alors que l'adaptation animée donne une franche visibilité à l’œuvre, l'écrivain a le loisir de revenir sur le premier arc, et même de le réécrire. Ainsi naît Sword Art Online Progressive, un titre à part qu'on peut davantage considérer comme un reboot, du fait qu'il narre l'ascension de l'Aincrad étage par étage, tout en modifiant certains aspects de l'aventure de base, comme la rencontre entre Kirito et Asuna qui intervient d'entrée de jeu.

Aujourd'hui, ce dérivé compe 7 volumes et est toujours en cours. Il a donné naissance à trois mangas, la troisième partie étant signée par Puyocha depuis l'année dernière. En parallèle, une adaptation animée verra le jour très prochainement sous la forme d'un long-métrage nommé Sword Art Online Progressive : Aria of a Starless Night (un titre donné par l'auteur pour décortiquer la conquête du premier étage dans son roman). Et tandis que Reki Kawahara poursuit l'écriture de ce reboot à son rythme tout en assurant la continuité du récit initial et d'Accel World (qui dénombre 25 tomes), les éditions Ofelbe ont choisi de proposer cette autre histoire dans son catalogue, avec parution d'un tome par an pour le moment.

Il est donc peu utile de résumer le pitch de base de Progressive pour un connaisseur de Sword Art Online, puisque le démarrage de l'arc Aincrad est respecté à la lettre. Le jeune Kazuto Kirigayan dit Kirito, se trouve enfermé dans le jeu virtuel aux côtés de milliers de joueurs, pour une aventure où la mort in game correspond au décès dans le monde véritable. Comme beaucoup d'autres, il choisit de poursuivre le périple dans l'espoir d'atteindre le sommet de l'Aincrad, et permettre la libération des joueurs en vie. Mais comme une poignée d'autres élus, Kirito a une particularité : Celle d'être un bêta testeur qui a pu expérimenter au préalable les premiers étages. Tandis que cette particularité lui vaudra le mépris de ses semblables au point d'être surnommé « beater », il trouvera une alliée de choix en la personne d'Asuna, une épéiste au caractère bien piqué.

Là où l'aventure de l'Aincrad, qui fait l'objet de la première moitié de notre tome 1 français, s'avérait très expéditive et donc assez décevante, Reki Kawahara fait ici le choix de narrer une ascension complète de la tour, sur un rythme posé. L'intention se ressent dès les premières pages et fait un bien fou : Pas d'ellipses répétées de manière à faire vite progresser l'aventure des joueurs, mais une immersion minutieuse aux côtés de Kirito et Asuna, mais aussi de nombreux autres participants qui vont découvrir les particularités et dangers qui peuvent se cacher derrière SAO. Au terme de ce premier volume, seuls les deux premiers étages sont franchis, ce qui permet de se rendre compte du rythme proposé par Reki Kawahara.

En ralentissant la cadence, ce dernier amène un binôme Kirito/Asuna bien plus efficace que dans l'histoire originale. L'histoire d'amour n'est pas encore abordée, loin de là même, si bien que l'écrivain joue avec ces deux protagonistes aux caractères affirmés, parfois opposés, qui s'associent en permanence sans franchement se considérer comme des alliés. Découvrir leurs interactions dans cette revisite de l'Aincrad procure un vrai plaisir tant la relation est vivante et en mouvement permanent.

L'autre point fort, en dehors des affrontements de boss toujours marqué par une jolie intensité saupoudrée de quelques rebondissements bien sentis, est aussi la présence d'intrigues plus secondaires visant des joueurs « annexes », permettant à l'auteur de créer des sous scénarios en exploitant plus sincèrement son univers vidéoludique. Dans la deuxième moitié de ce tome, il en découle même un véritable arc narratif autour d'une escroquerie menée par un forgeron et ses comparses, un segment dont l'écriture sera poussée jusqu'à la fin de l'ascension de l'étage. Argo, autrement dit « Le Rat », trouve aussi une plus juste présence en étant frontalement liée à certaines intrigues. Bref, Reki Kawahara voit les choses en grand, et donne à sa tour de l'Aincrad davantage de justesse, mais aussi en évitant quelques facilités et autres traits trop grossiers de personnages que nous pouvions trouver dans le récit d'origine. Pour l'heure, on apprécie le côté humain que l'auteur donne à son casting, y compris aux figures secondaires qui se révèlent moins manichéennes, et davantage en accord avec un univers où la mort règne, et où il reste tout à découvrir.

Le bilan de ce premier tome est donc très bon. Peut-être même que les lecteurs ayant été rebutés par le roman d'origine (ou par les adaptations) seront davantage conquis par cette relecture plus posée, habile et qui évite certaines grosses ficelles qui avaient de quoi nous faire grincer des dents dans l’œuvre d'origine. Il reste certes cette capacité qu'ont les personnages à rapidement démasquer les complots autour d'eux, mais la chose est rendue moins bancale dans ce début de Progressive. On ne souhaite donc que le meilleur pour cette vision nouvelle de Sword Art Online, tout en se préparant à une aventure longue. Car Reki Kawahara semble ne pas vouloir se forcer pour accélérer son rythme, et tant pis si cela lui prendrait des dizaines d'années et de tomes. Voilà qui confirme le regard très personnel qu'a l'auteur sur ce reboot du premier arc de son œuvre phare.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction