Superbeasts Vol.1 - Actualité manga

Superbeasts Vol.1 : Critiques

Yûgai Chôju

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 12 Juillet 2024

Le mois de juillet voit les éditions Vega-Dupuis lancer un projet assez ambitieux avec Superbeasts, une oeuvre dont le parcours est assez particulier puisqu'il s'agit initialement d'une série d'artbooks que l'on doit au dénommé Toy(e) et où l'on nous présente des créatures monstrueuses sous la forme de rapports militaires secrets, comme s'ils existaient vraiment sans que la population soit au courant. C'est à partir de 2022, et pour le compte du site Young Ace Up des éditions Kadokawa, que le mangaka Nykke, déjà connu en France pour les dessins de la série Lockdown (qui était sortie aux éditions Ki-oon en 2017-2018, et qui ne nous avait vraiment pas laissé un bon souvenir), décide de mettre en scène les monstres de cette série d'artbook à travers une version manga scénarisée et entièrement dessinée par ses soins. Et si l'on vous a parlé de projet ambitieux au début de ce paragraphe d'introduction, c'est bien parce que, pour cette oeuvre, l'éditeur a décidé de nous proposer la totale, en lançant simultanément dans notre pays la version manga, ainsi que la série d'artbooks d'origine sur laquelle nous reviendrons aussi dans une chronique dédiée, un peu plus tard.

Pour sa version manga, Nykke a décidé d'imaginer une base scénaristique on ne peut plus simple. Depuis l'irruption soudaine d'une étrange brume avec en son sein la silhouette d'une gigantesque créature à cinq têtes, l'île de Kibitsujima est régulièrement devenue le théâtre de créatures inconnues, monstrueuses et souvent dangereuses que le gouvernement a décidé de baptiser "Chymer" (pour "Créatures HYbrides et Menaces à ERadiquer", ça reste plutôt correctement trouvé pour la version française afin de faire référence aux fameuses chimères). Par la suite, le gouvernement envoya sur place des membres des forces de la Sureté publique pour évacuer les civils et planifier l'éradication de ces créatures, mais les choses ne furent pas du tout si simples: nombre de monstres continuent d'apparaître sur l'île et dans ses alentours, en ayant poussé à la création de la "Mairie", une organisation de l'île visant à aider la population et à essayer d'en apprendre plus sur ces créatures. C'est en sachant uniquement cela que Kazuki Kisaragi, psychologue et chercheur du centre des sciences humaines, a récemment reçu sa nomination en tant que nouveau dirigeant de la 4e section du département de sécurité de la mairie où, tout en allant lui-même sur le terrain face aux monstres, il devra notamment contrôler le bon fonctionnement des instances de l'organisation et assurer le suivi des "Sorcières", les combattantes parmi les plus efficaces, car elles ont été mutées avec certaines parties des monstres vaincus.

On ne va pas se le cacher, on nage ici dans un scénario de récit d'action et de monstres on ne peut plus classique, ne serait-ce que pour le déroulement assez linéaire (un nouveau monstre apparaît, il faut le vaincre ou le faire fuir, et basta) et pour des idées telles que celle des Sorcières. Néanmoins, cela n'empêche aucunement Nykke d'assurer le divertissement, et cela pour deux raisons.

Premièrement, son travail visuel bien sûr. Avec un tel projet visant adapter une série d'artbooks de monstres fictifs, il va de soi que ce que l'on demande en premier lieu, c'est de voir en action des grosses bébêtes monstrueuses de tous types, ayant des spécificités différentes et ayant chacune un design propre, et de ce côté-là le mangaka fait très bien le job: en reprenant à sa sauce les illustrations des artbooks, il livre un rendu graphique travaillé, très intense et souvent impressionnant, y compris lors des brefs moments d'action qui sont vifs et suffisamment brutaux, toutefois quand nous n'avons pas des confrontations plus tranquilles face à des créatures concrètement moins agressives (coucou le Daho, sorte d'élan géant plutôt pépère et rigolo à observer). Ajoutons à ça des designs humains bien différents et propres, les parties hybrides des Sorcières, des armes et équipements soigneusement rendus, et des éléments de décors bien présents quand il faut (généralement pour être mis à mal par les combats, que ce soit en ville ou dans la nature), et on obtient, dans l'ensemble, une assez bonne petite claque visuelle.

Deuxièmement, la manière qu'a le mangaka d'enrichir quand même petit à petit cet univers, en particulier en confrontant Kisaragi à la cruelle réalité des Sorcières, femmes mutées qui ne sont généralement plus considérées comme vraiment humaines, qui sont souvent vu comme des armes et simples pions de guerre, et que notre héros va devoir gérer pour à la fois contenir leur caractère souvent pas facile et convaincre leurs supérieurs qu'il faut les traiter soigneusement, comme des êtres vivants à part entière. En cela, en attendant de voir ce que donnera la dénommée Kuina apparaissant tout juste dans les dernières pages, dans ce tome 1 on est plutôt facilement séduits par Miko, dont l'allure taciturne cache à la fois une combattante redoutable et des côtés plus légers et finalement attachants (son obsession pour le poulet frit, c'est hyper basique pour la rendre un peu plus "banale" et légère, mais ça fonctionne plutôt bien).

En attendant de voir comment Nykke compte exactement continuer de développer son petit univers certes classique mais ayant tout pour devenir efficace, on se laisse assez facilement porter par les débuts de Superbeasts, en particulier quand on est clients de grosses bébêtes qui sont tantôt très dangereuses tantôt moins agressives mais qui nous rappellent toujours que l'être humain reste peu de chose face à ce genre de "prouesses" de la nature.

Qui plus est, l'édition française est dans l'ensemble vraiment bonne. A l'extérieur, la jaquette reprend fidèlement l'illustration de la version japonaise d'origine, tout en se parant d'un logo-titre plus travaillé et d'éléments en vernis sélectifs. Et à l'intérieur, les trois premières pages en couleurs sur papier glacé sot plaisantes, le papier souple et assez opaque permet une bonne qualité d'impression, le lettrage de Daphné Belt est propre, et la traduction de Patrick Alfonsi est très claire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction