Strange Dragon Vol.1 - Actualité manga
Strange Dragon Vol.1 - Manga

Strange Dragon Vol.1 : Critiques

Strange Dragon

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 23 Août 2018

Les shôjo sont plutôt rares chez Doki-Doki, aussi on est toujours curieux quand on en voit un arriver chez l'éditeur, d'autant que ce dernier nous a déjà amené à quelques reprises des shôjo d'aventure excellents, comme Immortal Rain il y a quelques années. Cette fois-ci, l'éditeur est allé piocher chez l'éditeur japonais Hakusensha, dans le magazine Lala (le magazine de Library Wars, Vampire Knight, Maid Sama...), une romance fantastique en trois volumes. Strange Dragon a été prépublié de 2013 à 2015 dans son pays d'origine, et nous permet de découvrir en France Keiko Ishihara, une mangaka qui a démarré sa carrière à la fin des années 2000 et qui a déjà signé une dizaine d'histoires. Prévu initialement pour être un one-shot, ce récit, qui a connu son petit succès dans son magazine de prépublication, s'est finalement étendu sur trois volumes.

Autrefois, un lien unique unissait les dragons au Roi du pays Saai Roang, en assurant la pérennité du monarque. Mais suite à certains événements dramatiques, ce lien fut brisé, et voici plus d'un siècle que les dragons ne sont plus apparus devant les humains et ont rejoint les cieux. Du temps est donc passé, et à présent, c'est une quête a priori impossible que doit vivre la jeune princesse du royaume, Hibana. Suite à la mort de son père le Roi, c'est son oncle qui a pris le pouvoir, et il ne semble pas enclin à le rendre. Pour démontrer qu'elle est digne du trône, la jeune fille est chargée de retrouver ces dragons blancs, et de revenir avec l'un d'eux au Royaume. La tâche semble impossible à réaliser. Mais Hibana finit par croiser la route d'Isara, gardien du temple des dragons, et jeune garçon timide et solitaire qui risque de lui réserver bien des surprises, jusqu'à bouleverser son existence...

Strange Dragon a le mérite de ne pas faire traîner sa mise en place et de démarrer vite, en dévoilant un univers qui se révèle assez prometteur au fil des pages, tout d'abord via les différents influences que la mangaka puise dans le continent asiatique. Ainsi, il y a bien sûr des références anciennes nippones, mais aussi plusieurs noms qui proviennent de la culture thaïlandaise, ou encore des vêtements d'inspiration chinoise, pour un résultat qui affiche un certain charme. Rien n'est forcément très détaillé, mais pour un récit en trois tomes c'est suffisant et il y a de quoi se laisser immerger par l'univers. Cela dit, pour bien s'y immerger, il faudra quand même accepter la rapidité de tous les événements. On sent un peu que le récit était au départ prévu pour être un one-shot, et ce qui se déroule donc dans ce premier tome va très vite, l'autrice allant à l'essentiel.

Néanmoins, cela n'empêche pas Ishihara de montrer beaucoup de bonnes choses sur un point: la relation qui se noue entre Hibana et Isara, deux êtres issus d'espèces différentes, mais qui se retrouvent vite liés par des douleurs communes et un attachement (voire un amour) sincère qui trouve ses racines dans des raisons finalement assez profondes. La mangaka fait très bien ressortir, avec attachement et émotion mais sans en faire trop, les douleurs que ce couple a en commun, celles de deux êtres exclus dans leur propre clan et jusque-là brisés par une certaine solitude. Leur histoire ne fait désormais que commencer, et en filigranes on découvre avec plaisir certains éléments de fond: la condition d'Isara dans son clan et le rejet cruel qu'il a subi, le statut de Hibana parmi son peuple, les raisons tragiques ayant éloigné les dragons des Rois... Il y a bel et bien tout un background, malgré le côté rapide des choses.

Reste qu'il y a une grosse frustration concernant ce premier volume: Strange Dragon n'y occupe qu'une centaine de pages ! En effet, toute la deuxième moitié du tome se consacre à deux histoires courtes de Keiko Ishihara, sans lien avec Strange Dragon. Concrètement, ces deux brefs récits, eux aussi ancrés dans un registre fantastique, sont plaisants à suivre... mais en occupant la moitié de ce qui est le premier volume de la série, ils cassent beaucoup le rythme de Strange Dragon, et tendent à accentuer le sentiment de rapidité.

Malgré tout, Strange Dragon dévoile un petit univers assez intéressant, et doit beaucoup à l'union qui se crée entre les deux personnages principaux, une jeune humaine et un dragon esseulé qui furent marqués par des traumatismes communs. Il reste à espérer que la suite confirme ces débuts charmants, en espérant que les tomes suivants ne soient pas, eux aussi, amputés à la moitié.

Pour ce shôjo, les éditions Doki-Doki, à l'instar du shônen félin Street Fighting Cat l'année dernière, reviennent à leur petit format qu'elles avaient laissé de côté pendant quelque temps. Grâce à un papier souple et sans transparence, le livre est agréable à prendre en main, et la traduction de Manon Debienne et Sayaka Okada profite d'une belle fluidité.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs