Starving Anonymous Vol.1 - Actualité manga
Starving Anonymous Vol.1 - Manga

Starving Anonymous Vol.1 : Critiques

Shokuryou Jinrui - Starving Anonymous

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 12 Octobre 2018

Déjà connu en France pour la série Fortress of Apocalypse, le duo Yuu Kuraishi / Kazu Inabe revient chez Pika avec sa dernière oeuvre en date, Shokuryou Jinrui - Starving Anonymous, qui s'apprête à se finir au Japon avec son septième volume prévu début 2019. Et après les morts-vivants de leur précédente oeuvre, les deux mangakas restent ici volontiers dans une certaine horreur. Mais une horreur qui met particulièrement mal à l'aise, en nous poussant à beaucoup nous interroger sur certaines de nos habitudes alimentaires...


Iye et Kazu sont deux lycéens et amis comme tant d'autres. Iye rêverait de devenir mangaka, tandis que son ami Kazu, lui, a des ambitions plus grandes, en souhaitant devenir météorologue. Après tout, vu l'état de la planète (réchauffement climatique, etc.), il y a de la demande ! Mais les deux adolescents pourront-ils seulement accomplir leurs rêves ? En effet, alors qu'ils sont dans un bus, les voici soudainement endormis et kidnappés avec les autres passagers. Quand Iye se réveille dans un hangar sombre, l'impensable a lieu tout autour de lui: des humains nus, gavés encore et encore via des tuyaux d'une substance hypercalorique et dont ils deviennent dépendants... et ce n'est que le début de tout un enfer qui va s'étaler sous ses yeux, au fil de sa tentative de fuite.


Le principe de la série paraît assez simple: ici, ce sont les humains qui deviennent du pur bétail, tout juste bon à être engraisser et à se reproduire avant d'être bouffé. Dès les premières pages presque normales où les deux héros mangent des nuggets tout en ayant conscience des procédés dégueulasses avec lesquels ces choses sont fabriquées, on sent qu'il y aura ici un sujet de malaise autour de l'alimentation (et d'ailleurs, peut-être ne regarderez-vous plus les nuggets de la même manière après avoir lu le tome). Et dès que le récit entre dans le vif du sujet, on comprend vite que les auteurs ont pris un malin (ou malsain) plaisir à reproduire sur des humains nombre de choses que les humains eux-mêmes font aux animaux pour leur alimentation. Ainsi, le gavage de Kazu et de nombre d'autres humains dans la série rappelle la façon dont on gave la volaille (pour le foie gras, entre autres), plus loin l'injection d'hormones ou la manière dont les femmes sont réduites en simples machines à enfanter jusqu'à l'épuisement (pour donner naissance à de la future nourriture, là aussi) rappellent aussi d'inhumaines pratiques d'élevage que l'on connaît bien dans notre société... Et tout, absolument tout, dans ce premier volume, est fait pour soulever le coeur du lecteur et ne pas le laisser indemne. Entre les déformations physiques d'humains complètement engraissés, la façon dont ils sont bouffés, la chute psychologique complète des femmes "pondeuses" qui sont formatées pour exclusivement penser à mettre bas, le caractère malsain de quasiment tous les personnages, rien n'est épargné sous le coup de crayon sombre et précis d'Inabe, à qui on ne peut reprocher que quelques visages irréguliers. Il y a certes un petit côté voyeuriste dans tout ça, mais il n'est pas gratuit et a toujours pour but de faire réagir le lecteur, et c'est très efficace. Au-delà de tout ça, on a bien une intrigue bien sûr, mais celle-ci se résume pour l'instant à de la mise en place faite de quelques mystères (par exemple, quelles sont les créatures vouées à bouffer tout ces humains élevés comme du bétail ?).


En attendant d'en voir un peu plus côté scénario, Starving Anonymous s'offre une entrée en matière particulièrement réussie, dans la mesure où elle accomplit très bien son rôle: étaler de l'horreur pure, mais nullement gratuite, installer une ambiance très, très malsaine, et pousser le lecteur à s'interroger sur certaines habitudes alimentaires en faisant de nous humains les habituels éleveurs/prédateurs, du simple bétail.


L'édition française s'avère très plaisante pour son papier souple et épais, sa traduction très soignée de Thibaud Desbief, ses excellents choix de police... En revanche, on regrettera la présence régulière de moirages au niveau de l'impression, ce qui gâche un peu certains dessins.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs