Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 26 Octobre 2017
Dans le village où Somali et le golem font halte, une légende raconte que la fleur de la pleine lune, si on la cueille et qu'on la ramène sans la faire faner, peut exaucer un voeu. En apprenant ça de la bouche de Kikila, la petite fille décide de s'aventurer dans le monde d'en bas, sous la ville, afin de trouver l'une de ces fleurs merveilleuses, bravant ainsi l'interdiction du golem de s'éloigner hors de sa vue. Son voeu le plus cher et qu'elle souhaite voir exaucé ? Justement, ne jamais être séparée de son père de substitution...
Cette nouvelle petite aventure, au coeur de la ville servant de point de départ à nos héros pour leur voyage, s'achève plutôt vite et un peu facilement, à l'instar de pas mal des étapes qu'ont déjà connues Somali et le golem dans les deux premiers volumes. Parfois ça frustre légèrement, car on aurait aimé voir Yako Gureishi nous immiscer encore plus profondément dans des recoins vraiment magnifiques, mais l'auteur parvient tout de même à toujours en profiter pour souligner le lien fort qui s'est noué entre les deux personnages centraux. Tandis que Somali considère le golem comme son père, ce dernier, lui, malgré son côté parfois un peu rigide, adopte des comportements de papa, comme le montre sa façon de s'inquiéter pour la fillette, et l'on voit bien qu'il s'adoucit toujours plus à ses côtés. Au contact l'un de l'autre, ils bâtissent une relation parent/enfant où chacun d'eux apprend petit à petit.
Et au moins, le récit a le mérite de ne pas traîner, et ainsi voici l'attachant duo d'ores et déjà en partance, à la recherche d'humains. Petite dune, grand désert, village en forme de coupe et servant de relais pour les voyageurs en plein désert... Tels sont les nouveaux lieux que Somali et le golem parcourent. Gureishi y soigne encore certaines évolutions de ses personnages, comme quand Somali veut traverser la dune à dos d'animal : après tout, ça pourrait lui faire un joli souvenir d'enfance. Et ce voyage apporte évidemment ses nouvelles rencontres, dont deux très importantes dans la dernière partie du tome : Ouzoï, une harpie, et Hytra, un farkohol à tête d'oiseau, qui rappellent un petit peu nos héros par leur statut de duo "mal assorti" et voulant se protéger. Mais sont-ils vraiment ce qu'ils prétendent être ? Une nouvelle fois, les petits rebondissements proposés par Gureishi se résolvent assez facilement et on ne croit pas trop au parfum de danger planant sur Somali. Mais la nature réelle de Hytra promet beaucoup pour la suite...
En attendant, ce qui séduit complètement est à nouveau la beauté visuelle des planches, où Gureishi soigne vraiment beaucoup les choses. Ce n'est jamais vide, chaque endroit (la ville, le monde d'en bas, le désert, la grotte...) possède sa propre identité visuelle et son propre bestiaire, les designs des créatures et des espèces restent sublimes (mention spéciale à la dégaine de Muslika !)... Gureishi sait très bien nous plonger dans les contrées imaginaires qui sortent de son esprit, et s'applique à les mettre en valeur dans sa mise en scène où les décors ont toujours un rôle important.
Après trois tomes, la série, au-delà de ses petits rebondissements parfois un peu trop simples, reste un voyage magnifique et immersif au coeur d'un univers où l'on aime à chaque fois se replonger, aux côtés d'un duo de personnages principaux facilement attachants.