Somali et l'esprit de la forêt Vol.2 : Critiques

Accompagné de la petite Somali, le golem qu'elle appelle affectueusement "Papa" poursuit ses recherches pour retrouver la trace des derniers membres vivants de son espèce : les humains. Arrivés dans un village de magicienne, tous deux apprennent l'existence de la "Biographie de Paraiso", un livre relatant une facette du passé conflictuel entre les humains et les autres espèces. Encore faut-il que le golem trouve un moyen de dénicher ce livre inaccessible...

Fait de quelques petits rebondissements très classiques obligeant nos héros à bafouer certains interdits du village, le tout début du tome a néanmoins le mérite de nous amener jusqu'à la découverte de la fameuse biographie sans trop de facilités, et en nous faisant bien comprendre tout ce que représente ce livre qui n'aurait jamais dû être écrit, ainsi que ce passé qui s'est transmis à travers le temps. Dès lors, on découvre avec intérêt, pendant environ la moitié du volume, ce qui s'est passé  l'époque de Paraiso, où une petite magicienne s'est retrouvée perdue au coeur d'un village d'humains qui l'ont accueillie à bras ouverts... sans se douter une seule seconde qu'elle n'est pas humaine.

Yako Gureishi prend bien le temps de développer un récit dans le récit, celui de cette petite magicienne qui fait la connaissance de Pareiso, et qui est recueillie par les villageois où elle s'adapte petit à petit en se faisant même une amie. On suit avec intérêt  son quotidien dans le village, aux côtés de ces humains qu'elle apprend à découvrir... pour le meilleur et pour le pire. Car s'ils accueillent avec bonté les autres humains, ces villageois repoussent avec la plus profonde haine toute autre espèce. Alors que le trait de l'auteur reste doux, cela donne pourtant lieu à quelques scènes dures et cruelles, par exemple quand les villageois choisissent de tuer sauvagement une créature qui ne leur a rien fait, simplement parce qu'elle n'est pas comme eux. Ainsi, le récit dévoile toute la facette sombre d'une humanité intolérante et apeurée face  ce qu'elle ne connaît pas, au point de tomber directement dans la violence et la haine.

Concrètement, le déroulement des choses pourra paraître un peu lisse auprès de certains lecteurs : le comportement des humains est présenté ici de façon assez stéréotypée, c'est tout ou rien (très bons avec les humains, horribles avec tout ce qui n'est pas comme eux). Mais dans le contexte d'un manga qui a un peu des allures de conte, ça passe plutôt bien, et au bout du compte il y a une légère nuance apportée par la petite fille qui devient amie avec la magicienne. Qui plus est, il est difficile de ne pas ressentir quelque chose pendant cette plongée au plus près de la petite magicienne et de son ressenti face aux événements. Surtout, en un demi-volume, Yako Gureishi parvient à faire comprendre, sans traîner et avec impact, l'état de l'espèce humaine dans ce monde et son passé très tumultueux avec les autres espèces.

Pour le reste, on se régale encore devant la relation qui existe entre le golem, décidé à accomplir son rôle, et la petite Somali qui le considère comme un père et a même peur de devoir se séparer de lui un jour. De même, les planches restent un bonheur visuel permanent où il y a un grand souci du détail, des designs et des décors aboutis... Tout est là pour emporter facilement le lecteur.

Malgré son côté parfois un peu simpliste qui pourra freiner certains lecteurs, Somali et l'esprit de la forêt confirme avec ce deuxième tome très beau et immersif. Le récit a le mérite d'avancer assez bien, et nous promet pour la suite une quête passionnante.