Soft Metal Vampire Vol.1 - Actualité manga
Soft Metal Vampire Vol.1 - Manga

Soft Metal Vampire Vol.1 : Critiques

Soft Metal Vampire

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 13 Février 2019

Même s'il n'est pas le plus prolifique des auteurs, Hiroki Endo est un mangaka trop rare en France au vu de ses talents. Jusque-là, l'artiste n'avait été édité en France que par les éditions Panini Manga, avec son époustouflante fresque Eden, ses Nouvelles, et enfin le malheureux All Rounder Meguru qui fut stoppé en cours de route par l'éditeur après seulement 3 volumes. Il était donc sans doute temps qu'un autre éditeur relance l'auteur dans notre langue, et ce sont les éditions Casterman qui s'en chargent en ce mois de février 2019 avec sa dernière série en date, Soft Metal Vampire, une oeuvre qui a été lancée au Japon en 2016 dans le magazine Gekkan Afternoon des éditions Kôdansha, et qui est prévue en six volumes.

Cette série nous plonge dans notre monde, dans un futur proche où l'espèce humaine a été asservie par les vampires, ces derniers ayant la faculté de manipuler les éléments chimiques et contrôlant la planète Terre comme une grande réserve de nourriture. C'est dans ce cadre que les humains tentent pourtant de poursuivre leur vie normale, à commencer par Miika Itsuki, une lycéenne de 16 ans vivant avec son père. Mais voici qu'un jour débarque face à elle, avec fracas, Alan, alias "Four", un dhampir qui se met à lui faire des avances et intègre sa classe. Bientôt, la pauvre jeune fille se retrouve attaquée par d'autres forces sans trop savoir pourquoi, et ne sait pas encore qu'elle renferme en elle une capacité à même de changer la face du monde: alors qu'elle est humaine, elle peut contrôler l'argent, ce qui en fait l'humain le plus important au monde, mais si elle n'a rien demandé.

Autant le dire tout de suite: toute la première partie du volume peut décontenancer, dans la mesure où l'auteur n'explique rien de précis concernant son univers, le contexte où les vampires ont asservi les humains, les pouvoirs des personnages, le conflit qui tombe sur Miika... Si on ne lit pas le synopsis en 4e de couverture, on ne sait quasiment rien de tout ça. Cela peut rendre au début la lecture très peu immersive voire barbante, si l'on n'accepte pas de se laisser "mener en bateau" pendant un bon moment, un peu comme l'héroïne tout compte. Ou, tout simplement, si l'on ne se laisse pas avoir par l'ambiance assez étrange, partagée entre fantastique, action et humour. Un humour toutefois assez particulier, notamment via le personnage de "Four" qui n'est pas des plus finauds dans ses tentatives d'emballer Miika.

Mais à vrai dire, même si par la suite l'ensemble décolle un peu plus, il faut également accepter une intrigue qui, pour l'instant, reste on ne peut plus basique. Les vampires dominent les humains, une humaine dangereuse est repérée en Miika et celle-ci devient donc la cible de toutes la attentions, et elle se retrouve prise au beau milieu d'une guerre entre vampires, humains, dhampirs et même loups-garous dont elle est le principal enjeu. Pour l'instant, ça se résume à ces quelques mots, et étant donné que la série ne fera que 6 volumes il n'est pas sûr que ça aille cherche beaucoup plus loin.

Pour le reste, la série promet surtout de se reposer sur deux points.

Tout d'abord, l'idée assez saugrenue, proche de la parodie tellement c'est tiré par les cheveux, de proposer des combats avec pouvoirs basés sur... le tableau périodique des éléments de Mendeleïev. En effet, Endo a décidé ici de s'amuser avec différents éléments et leurs possibilités, notamment leurs réactions chimiques face à d'autres éléments. Par exemple, Miika a la capacité de contrôler l'argent, sa compagne Loan peut manipuler l'hydrogène, "Four" contrôle le carbone, un ennemi manipule le fer... Ca donne quelques moments d'action assez fun, comme quand le manipulateur du fer se forge vite fait une armure, quand Loan met à l'oeuvre toute son expertise dans les réactions de l'hydrogène, ou quand, en toute dernière page, "Four" vide purement et simplement un ennemi de tout son carbone. Mais au-delà de ça, même si l'idée saugrenue est assez bien pensée, l'auteur ne va pas chercher très loin ses explications sur telle ou telle réaction.

Ensuite, il y a une chose un peu résumée par une discussion entre Miika et l'une de ses nouvelles compagnes :
"- Mais j'ai rien fait !
- C'est comme ça.
- Mais...
"
Ce "c'est comme ça" résume assez bien l'état d'esprit que semble avoir l'auteur dans ce tome 1 : il raconte son histoire comme il veut, et s'il semble vous manquer des trucs c'est comme ça et pas autrement. Non pas qu'il s'en fout, mais le mangaka a visiblement décidé de faire un peu ce qu'il veut, même si ça peut parfois paraître vain ou bancal, et son hilarant mot d'auteur à la fin tend à confirmer ça. Il ne faudra donc sans doute pas s'attendre à une oeuvre aussi profonde qu'Eden, mais juste à un petit délire où le mangaka se fait plaisir, quitte à laisser sur le carreau une partie de ses lecteurs.

Il y a néanmoins un point où l'artiste devrait peu décevoir: sa patte graphique, toujours là et plutôt intacte. On regrettera quand même certains mouvements un peu figés ainsi que des designs parfois trop relâchés ou des décors trop monolithiques et froids, mais dans l'ensemble c'est plaisant, surtout dans certains découpages des gestes et de l'action, avec une mention spéciale à la planche où le visage humain de Keira se décompose soudainement en quelque chose de plus... monstrueux.

Côté édition, en plus d'un papier bien épais et d'une impression convaincante, on a droit à une traduction efficace de Julien Delespaul, qui fait assez bien ressortir certaines répliques décalées ou incisives.

Au final, Soft Metal Vampire est un peu difficile à appréhender sur ce seul premier volume. Entre un scénario qui tient en deux lignes, un concept capillotracté autour des éléments, et une ambiance voguant habilement entre anticipation, action, fantastique et humour, on a pour l'instant un petit trip qui ne devrait pas beaucoup se prendre la tête, auquel on accroche ou non, où l'on regrette quand même un peu de pauvreté, mais qui fait son petit effet. Reste à voir ce que la suite réserve, en espérant que l'auteur ne décevra pas, à défaut d'emballer vraiment pour l'instant !
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
12.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs