Slam Dunk - Edition Deluxe Vol.4 : Critiques

Alors que le match entre les joueurs de Shôhoku et ceux de Ryônan bat son plein en semblant tourner légèrement en faveur de ces derniers pour l'instant, une blessure d'Akagi oblige le colossal capitaine de Shôhoku à sortir temporairement afin de se faire soigner, ce qui permet à Sakuragi de rentrer sur le terrain. Pour certains, la sortie de l'indispensable leader au profit d'un nouveau venu risque de sceller le sort de la rencontre, et les premières actions de Sakuragi semblent conforter cela. Mais derrière ses évidents défauts, notre héros n'est pas du genre à baisser les bras, et pourrait surprendre plus que prévu ses adversaires et leur coach, le tout sous le regard impénétrable d'Anzai...

Inévitablement, comme toujours depuis le début de la série, il y a encore une forte part d'humour essentiellement nourrie par Sakuragi, par sa méconnaissance de certaines règles, par son côté sanguin hérité de son statut d'ancien loubard, par son désir de s'attirer les faveurs de Haruko, et par son auto-persuasion qu'il est la nouvelle star de Shôhoku, si bien que l'on s'amuse facilement devant ses erreurs grossières, ses coups de sang, sa rivalité puérile avec Rukawa, ou encore la naïveté de Hikoichi. Mais derrière ça, on le sent très souvent: cet énergumène, si imprévisible qu'il rendra parfois presque fou le coach de Ryônan, et finalement peut-être bel et bien un vrai joker pour le malin Anzai, a réellement des qualités à faire valoir. L'un des intérêts majeurs de ce premier vrai long match de la série est alors, forcément, d'observer en même temps que son entourage tout le potentiel de notre héros, potentiel qu'il devra par la suite apprendre à canaliser et à peaufiner pour gommer peu à peu ses défauts de débutant. Une chose est sûre: Sakuragi ne lâche rien, montre par-ci par-là quelques gestes de grande classe derrière son amateurisme, et tâche de tirer au mieux parti de ses récents entraînements avec Ayako, Haruko ou Akagi, ce qui permet également à Takehiko Inoue de continuer à présenter soigneusement à un lectorat néophyte des choses typiques de ce sport comme l'importance du rebond et de savoir faire écran.

Mais le basketball étant un sport collectif, il va de soi que l'auteur ne se focalise pas uniquement sur Sakuragi. Ici, on voit le soutien de battant que peut apporter Kogure même s'il n'a pas les mêmes prédispositions qu'Akagi ou que Rukawa. Là, on sent inévitablement que l'absence du roc Akagi a une influence, tant sa stature et son leadership sont importants dans l'équipe. Bien sûr, même si Sakuragi fait tout pour éviter de lui faire des passes, Rukawa aura l'occasion d'illustrer quelque peu son génie. Mais c'est également dans l'autre équipe que des choses sont à retenir. Et de ce côté-là, même si Uozomi ne manque jamais d'imposer ses qualités proches de celles d'Akagi, les choses prennent surtout un virage palpitant quand Sendô, la véritable star de Ryônan, se décide à passer la vitesse supérieure.

On va soigneusement éviter d'en dire plus sur le déroulement de la rencontre, afin d'éviter tout spoil potentiel à un lectorat qui découvrirait Slam Dunk avec cette magnifique édition (encore dotée ici de 21 pages en couleurs ou en bichromie). Mais ce que l'on peut aussi souligner, c'est l'affirmation du style graphique de Takehiko Inoue: non content que soigner son rendu technique et tactique sur le terrain, l'illustre mangaka est toujours limpide dans sa mise en scène, impressionne parfois déjà dans son rendu des anatomies qui commence à se densifier, et offre déjà quelques séquences où l'on ressent ce qui deviendra l'une des plus incroyables qualités de son oeuvre: la dilution voire la quasi suspension du temps lors des matchs, au gré d'un découpage toujours plus haletant et réfléchi.

Si l'oeuvre cultissime de Takehiko Inoue était déjà très sympathique et emballante depuis ses débuts, c'est avec ce volume et la suite du premier match d'envergure contre Ryônan qu'elle commence à réellement montrer tout son vrai potentiel. A partir de l'entrée en jeu de Sakuragi, le mangaka joue certes encore sur une bonne part d'humour efficace, mais laisse surtout très bien entrevoir le potentiel de son héros ainsi que ses propres qualités visuelles et narratives, ces dernières étant désormais vouées à quasiment toujours se bonifier à chaque nouveau tome.