Six half Vol.11 : Critiques

Les choses semblent être rentrées dans l’ordre au sein de la famille Kikukawa. Akio et Shiori sont arrivés au bon moment pour éviter que les mauvais desseins de leur mère et de son compagnon ne se réalisent. Ils peuvent donc à nouveau former comme il se doit une famille. La fratrie Kikukawa va même jusqu’à proposer une seconde chance à Katsue, la mère biologique de Maho et de Shiori. Tout va dès lors pour le mieux. Sauf si le succès nouveau et retentissant de la carrière de notre héroïne ne vienne mettre une distance certaine entre elle et sa famille... Ce serait une drôle d’ironie, surtout si Akio et Shiori se sont implicitement révélés leurs sentiments l’un à l’égard de l’autre.

« Celle d’avant, celle d’entre-deux, celle de maintenant... Tout ça, ça a toujours été moi ! »

L’heure a enfin sonné pour la série de se conclure. Et cette conclusion sera certainement tournée vers l’avenir. Dans un quotidien qui reprend ses droits, Shiori continue son parcours et voit sa carrière de mannequin et d’actrice complètement s’envoler. La famille Kikukawa s’adaptera tant qu’elle peut à cette situation nouvelle et inédite, sans pour autant changer diamétralement ses habitudes. Les Kikukawa restent les Kikukawa. Akio, même s’il est toujours à la fac, pense à rechercher du boulot, que ce soit à la préfecture ou dans des entreprises privées. De son côté, Maho continue sa scolarité, tout en s’acclimatant aux représailles qu’elle subit de personnes jalouses de la popularité propre à une star telle qu’est devenue Shiori. Cela nous montre que la petite sœur de Shiori a gagné en maturité et en force de caractère. Ce qui fait fort plaisir à voir.

Les jours passent et ne se ressemblent pas. La popularité de Shiori monte encore d’un cran, ce qui pousse son agence à devenir plus protectrice vis-à-vis d’elle. Il devient difficile pour elle de sortir comme si de rien était. Pire, notre héroïne doit commencer à penser à vivre principalement sur Tokyo. Ce qui risque à coup sûr de bouleverser ses habitudes. La vie change et il faut savoir s’adapter, mais notre actrice en herbe pourra-t-elle se faire une raison, même s’il s’agit de s’éloigner une bonne fois pour toutes de l’homme qu’elle n’a cessé d’aimer ? Et, comme toujours, Akio renoncera-t-il ?
En un volume, beaucoup d’éléments et de sujets seront abordés. Parfois tellement qu’on aura l’impression que certaines choses ne sont traitées qu’en surface ou pas suffisamment (l’ascension de Shiori en tant qu’actrice). Mais on ne peut en vouloir à Ricaco Iketani qui doit boucler son récit en peu de temps. En outre, le récit n’en est pas pour autant creux et sans profondeur. Bien au contraire, il est incroyable que l’auteure soit capable d’insuffler autant d’émotions, de réalisme et d’épaisseur dans son intrigue, surtout lorsqu’elle doit développer beaucoup de thématiques en peu de temps. La mangaka gardera comme toujours un ton très juste pour amener tout doucement à la fin de Six Half. Elle ne se précipitera aucun moment pour répondre à la question de savoir si Shiori et Akio finiront ensemble ou non. Elle y répondra sans jamais arriver à la mièvrerie ou à l’excès. Elle y répondra de manière cohérente, sincère et réaliste. Mieux, chaque protagoniste aura le temps de briller une dernière fois et toutes les sous-intrigues connaîtront un terme (on pense notamment à Kai qui attend toujours notre héroïne).

En somme, Six Half n’aura eu de cesse de confirmer ses qualités et de subjuguer son lectorat par l’intelligence et la profondeur de son récit. Il devient rare de lire un shojo d’une telle qualité et d’une telle pertinence. Six Half ce n’est pas juste un manga, c’est une leçon de vie au travers de personnages dont l’humanité transperce le papier. C’est également l’histoire d’une fille torturée qui cherchait simplement sa voie. A notre manière, on est comme cette héroïne qui tente de trouver sa route. C’est à présent à nous de continuer notre chemin, en espérant que Six Half aura répondu à certaines de nos questions.