Silver Diamond Vol.1 : Critiques La graine d'argent

« Je te prierais de ne pas te montrer aussi égoïste !! Pour qui est ce que tu te prends !? »

Silver diamond est un petit titre qui a déjà fait parler de lui bien avant sa sortie en France. Sa jolie couverture, son intrigue prometteuse, tout était là pour garantir sa réputation. Pourtant la lecture ne se montre pas à la hauteur de la vision sublimée de la rumeur. La couverture et ses couleurs ont en effet le mérite d’attirer l’œil, ainsi que le prix réduit. Mais le petit format du livre n’est pas très agréable, même s’il présente l'avantage de coûter moins cher, et les pages de pubs ne sont pas vraiment limitées, ce qui ne laisse que très peu de place à la véritable lecture. Qui plus est, la traduction laisse de grosses erreurs, notamment en conjugaison : « Il faut que vous sortez », « Reprenez tes esprits », et un peu plus de contrastes n’auraient pas été de refus. La luxuriance des textes n’est pas pour faciliter la lecture, surtout au début du titre, ce qui a la fâcheuse conséquence d’ennuyer légèrement le lecteur simplement curieux, qui n’attendait qu’à être convaincu. Le découpage parfois anarchique n’aide pas non plus à la compréhension, pas plus que l’histoire …

Déjà, on commence la lecture en ne comprenant … rien. Bon c’est un coup classique, mais la transition entre un fusil-branche qui tire sa dernière balle et un lycéen qui distribue des fleurs au lycée avec un grand sourire … Le point commun, qui va se démarquer plus ou moins tout le long du tome, c’est donc la végétation. Luxuriante chez Rakan, absente ou presque dans les paysages d’un autre monde … Parce que Chigusa vient d’un autre monde. Soit. Son adaptation est amusante, son arrivée apporte beaucoup de questions. Trop de questions, qui ne trouvent quasiment aucune réponse. Ayame, Sanome, graine des désirs, prince de descendance divine … Tout va bien trop vite. Et si on ajoute le comportement de Rakan, qui ouvre sa porte à un (même deux) inconnus, sans le moindre soupçon, avec la plus grande gentillesse, pour accepter l’existence d’un autre univers aussi facilement … Certes, sa propre histoire n’est pas banale, alors le surnaturel peut sembler moins effrayant, mais les arrivées successives de deux individus devraient le remuer un peu plus. En somme, les psychologies sont bancales, et l’histoire ne rattrape pas le tout. Sa manie de faire à manger va bien deux minutes, mais elle ne fait qu’apporter de l’humour au titre, puisque rien ne paraît crédible dans cette attitude.

Pour l’instant, ce qui se passe dans le monde réel est juste classique, entièrement téléphoné et presque ennuyant. Heureusement, l’autre monde présente quelques caractéristiques qui ne demandent qu’à être développées : la politique, le prince marionnette, les modes de fonctionnement de la vie là bas, l’importance de la végétation et son absence dans le paysage … Oui, il y a du potentiel à exploiter. Mais ce premier tome est résolument fade, sans suspense réellement prenant, juste de vagues questions qui semblent trop lointaines pour que l’on s’y intéresse. Les dessins sont pourtant agréables, si l’on n’est pas trop pointilleux sur la finesse des traits de tous ces beaux jeunes hommes. Les visages sont assez expressifs, ce qui rattrape les personnalités sans saveur, et les vagues allusions entre les protagonistes ne seront pas pour déplaire à certains lecteurs. Pour ma part, je ne le vois que comme un échappatoire, une facilité qui permet de faire oublier l’aspect bancal de l’histoire de fond. De ce premier tome, on ne retient que Chigusa qui a le mérite de faire parler de lui. Même Koh le serpent ridicule est de trop, et la lecture est globalement décevante. On ira voir le tome 2, mais devant la longue liste des volumes sortis au Japon, on ne peut que se demander si la mangaka saura exploiter les quelques pistes qu’elle avance, ou bien si elle tombera dans un schéma maladroit et redondant.