Sidooh - Sunrise : Critiques

Sidooh - Sunrise

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 09 Janvier 2025

Un peu plus d'un an après la conclusion de Sidooh, les éditions Panini nous font le plaisir, en ce début d'année 2025, de publier l'unique volume de Sidooh Sunrise, spin-off que l'illustre Tsutomu Takahashi dessina en 2011, dans la foulée du final de la série-mère, toujours pour le compte du magazine Young Jump des éditions Shûeisha.

Dans cette sorte de suite, plusieurs années se sont écoulées depuis la conclusion de Sidooh. Et Kodama Yukimura, le fils de Shôtarô et de Mozu qui n'était alors qu'un bébé, a bien grandi. En 1886, alors qu'il est désormais âgé de 19 ans, le voici aspirant sur le Kamui, un nouveau navire de guerre japonais qui doit prochainement être mis en fonction, sitôt que sera fini son rapatriement depuis la France, le pays où il a été construit. La marine japonaise compte beaucoup sur ce nouveau navire, puisqu'elle a injecté dans sa construction la moitié de son budget annuel, et que la mission de rapatriement de celui-ci compte 30 marins japonais, 70 marins français dont le capitaine Jean Adrésen et le jeune Alain Jeunet qui est devenu un ami très proche de Kodama, ainsi que 15 civils. Mais le destin en décidera autrement, dès lors que le navire fait naufrage en étant pris dans un typhon, et en précipitant tous ses pensionnaires dans les eaux glacées de la Mer de Chine méridionale. En s'accrochant au mât flottant du navire, seuls 7 japonais (dont Kodama) et 15 français (dont Jean et Alain) parviennent à survivre, jusqu'à être recueillis par le navire militaire russe Igor. Mais cette étape se présente vite comme une nouvelle épreuve pour les survivants nippons: Sergueï Rebrov, le capitaine de l'Igor, hait au plus haut point tous les Japonais, depuis que des samouraïs ont tué son père une trentaine d'années auparavant lors d'un des conflits nippo-russes pour le contrôle de Sakhaline. Voici alors les 7 survivants japonais jetés dans la cale et traités comme s'ils n'étaient pas humains, en étant voués à être envoyés en camp une fois la terre ferme regagnée, tandis que le capitaine français Jean est rapidement convaincu par Sergueï de faire comme si de rien n'était pour, plus tard, rejeter la faute du naufrage sur les japonais. Commence alors, pour les 7 japonais eux-même divisés (car Shingoro Domoto, un civil gérant une prospère maison de commerce, est lui-même prêt à tout pour s'en sortir, y compris à mettre l'honneur de côté), une lutte pour leur fuite et leur survie, en devant compter essentiellement sur deux choses: les facultés de Kodama qui s'impose en leader du groupe, et l'aide extérieure d'Alain qui ne compte aucunement abandonner son précieux ami.

Ce one-shot d'un peu moins de 200 pages a beau être un spin-off voire une suite de Sidooh, ne vous attendez pas vraiment au même type d'oeuvre: Tsutomu Takahashi a beau faire quelques brèves références historiques (au conflit russo-japonais pour Sakhaline, entre autres) et faire appel au sang de samouraï d'Aizu coulant dans les veines de Kodama pour justifier sa force, son courage, sa dignité et son grand sens de l'honneur (contrairement au marchand Domoto ou au capitaine Jean, par exemple), on a vite fait de constater que l'on est finalement plus proche ici de certains des précédents récits de thrillers/huis-clos/survie de l'auteur (comme Alive, ou plus encore Blue Heaven qui, justement, se déroulait lui aussi sur un bateau en perdition).

Et à vrai-dire, ne vous attendez pas non plus à un spin-off très poussé, car en un seul petit volume Takahashi enchaîne très vite ses événements, si bien que l'on a à peine le temps d'apprécier le parfum de huis-clos marin et de survie que les choses sont déjà finies, en étant surtout portées par un Kodama très idéalisé (derrière son son leadership, son courage et son sens de l'honneur, c'est aussi quasiment un surhomme parfois, par exemple quand il réagit à une vitesse stupéfiante pour éviter une balle et enchaîner un contre) et par son indéfectible amitié avec le jeune français Alain.

On a donc connu le mangaka plus subtil et plus profond... mais il reste que le divertissement est bien assuré, en grande partie grâce aux qualités visuelles habituelles du dessin noir et charbonneux de l'artiste entretenant bien l'ambiance, et au plaisir que les fans de Sidooh auront à voir un peu ce que devient la progéniture de Shô et Mozu. Quant aux personnes n'ayant pas lu Sidooh, elles pourront facilement profiter de ce spin-off elles aussi, dans la mesure où il peut tout à fait se lire indépendamment de la série-mère.

Servi dans une édition française dans la droite lignée de Sidooh et où les trois premières pages en couleurs font plaisir, Sidooh Sunrise est une lecture sympathique, sans être indispensable, et donnant surtout l'impression que Tsutomu Takahashi a voulu surfer encore un peu sur sa longue fresque historique pour plutôt se faire plaisir, en revenant à certains de ses précédents amour faits de thriller, de huis-clos et de lutte pour la survie.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs