Si nous étions adultes Vol.2 - Manga

Si nous étions adultes Vol.2 : Critiques

Otona ni Natte mo

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 08 Février 2022

Chronique 2 :

Elle n'a échangé qu'un baiser avec Akari, mais Ayano en ressent une certaine culpabilité, amis aussi un profond trouble, non seulement parce qu'elle se sent réellement attirée par la serveuse, mais aussi parce que, en tant que femme mariée, elle a le sentiment d'avoir fauté et cédé à l'adultère. Au bout du compte, la jeune institutrice a fini par parler de tout ça à Wataru, son mari, mais depuis l'ambiance n'est vraiment plus au beau fixe au sein du couple. Et comme si ça ne suffisait pas, c'est dans ce contexte délicat que la mère de Wataru fait irruption avec de mauvaises nouvelles: le père du jeune homme a dû être hospitalisé d'urgence après avoir fait un malaise. Dans la foulée, le couple fait part de la faute d'Ayano à cette mère sentant bien que quelque chose ne va pas, et la réaction de cette dernière semblerait presque étonnante, tant elle minimise ce baiser adultère comme si ce n'était pas grave... Mais n'aurait-elle pas une idée derrière la tête ? La voila effectivement qui profite du sentiment de culpabilité d'Ayano pour la pousser à se faire pardonner en venant habiter chez eux avec Wataru.

Assez vite dans ce deuxième tome, Takako Shimura amorce donc un rebondissement a priori assez important avec l'installation d'Ayano dans sa belle-famille. Les parents et la petite soeur de la jeune femme ont beau trouver que tout ça va un peu vite, Ayano a le sentiment qu'elle n'a pas le choix. Ainsi, la découverte un petit peu plus prononcée de cette belle-famille est une étape essentielle du volume, et celle-ci passe peut-être avant tout par un personnage en particulier: Eri, la petite dernière de la famille, qui a pour particularité de vivre quasiment recluse, en ne sortant quasiment jamais (tout dépend de son état d'esprit du moment). Pourquoi en est-elle arrivée à arrêter le lycée en cours de route pour ne plus jamais retourner en cours ? Quel peut être son état d'esprit ? Si Shimura nous invitera à entrevoir certaines petites choses en nous plaçant directement du point de vue d'Eri, c'est surtout en observant ses proches vis-à-vis d'elle que l'on reste intrigué, notamment entre un Wataru qui essaie d'éviter sa petite soeur car il n'aurait aucune idée de quoi lui dire, et une mère qui semble surtout compter sur les talents d'institutrice d'Ayano pour pousser la jeune fille à aller de l'avant. C'est, d'ailleurs, ce que notre héroïne commencera à faire, mais on retiendra surtout que cette mère semble surtout ici soucieuse de sauver les apparences face aux regard que d'autres pourraient avoir. Et c'est sans doute aussi dans ce même désir lié aux apparences qu'elle minimise le baiser adultère d'Ayano.

Cette question des apparences, peut-être se retrouve-t-elle aussi à travers d'autres personnages, mais en s'intéressant à un autre aspect: l'attirance d'Ayano pour Akari, qui déstabilise quelque peu celles et ceux qui l'apprennent, en interrogeant volontiers sur l'image que l'on peut avoir des relations amoureuses sortant de la "norme", ou en tout de la majorité. On pense ici à Wataru qui pousse Kaede à "enquêter", à la réaction étonnée de Kaede en découvrant avec une petite surprise la personne avec qui sa soeur a fauté, ou tout simplement à ce que l'on découvre des années d'Ayano dans un lycée pour filles où, à l'époque, elle feint l'ignorance face aux sentiments de son amie Nao qui regrettait qu'elle ne soit pas un garçon.

Avec son habituelle subtilité, Takako Shimura continue de "secouer avec douceur" son délicat sujet, mais elle n'en oublie pas pour autant de continuer à s'intéresser d'assez près aux deux principales concernées elle-mêmes. Ayano reste la plus en vue et, malgré la situation où elle se trouve, malgré son sentiment d'avoir fauté, elle reste profondément troublée: elle ne comprend pas pourquoi Akari lui plaît autant, mais la vérité est là. Quant à Akari, bien qu'un peu moins présente, le travail effectué sur elle reste tout aussi honnête: elle a le triste sentiment d'être celle qui dérange, alors même qu'elle n'est qu'une femme tombée amoureuse, et qu'elle ne pouvait pas deviner qu'Ayano était mariée. Et même si elle ne se dit pas forcément qu'il s'agit de la femme de sa vie, elle ne peut s'empêcher de se questionner: pourquoi l'aime-t-elle tant ? Une chose semble sûre: sa rencontre avec Ayano lui permet d'enfin tourner la page de son précédent amour déçu. Mais c'est aussi sur le plan professionnel que la jeune femme pourrait bientôt tourner une page...

Avec sa minutie dans l'introspection ainsi que sa manière de ne juger personne pour mieux s'intéresser à ces rapports humains délicats, Shimura confirme son don pour s'immiscer dans les failles de ces jeunes adultes. Et avec des cas comme celui d'Eri qui peine elle aussi à se conformer aux attentes qu'on peut avoir envers une adulte, la mangaka parvient à élargir son casting et son sujet avec intelligence.


Chronique 1 :

Wataru, le mari d'Ayano, a découvert que son épouse l'a trompé avec une autre femme, quand bien même il ne s'agissait que d'un baiser. La bonne humeur n'est donc pas au beau fixe au sein du couple, et c'est à cet instant précis qu'entre en scène la mère de Wataru qui leur propose d'emménager au domicile familiale suite à l'hospitalisation du père du mari. Tandis qu'Ayano semble de plus en plus égarée dans ses sentiments, c'est par culpabilité qu'elle doit accepter cette offre.

Les conséquences du flirte entre Ayano et Akari ne se seront pas faites attendre. Wataru connaît la vérité, ce qui suffit à faire planer l'orage sur leur couple. C'est donc sous un chantage à demi-mot que la jeune femme doit accepter la proposition de sa belle-mère, celle d'emménager au domicile familial, un impératif qui ne va en rien améliorer le ressenti de notre héroïne.

Aussi, la situation du premier tome amène une situation conjugale empreinte de tension, tandis que Takako Shimura insiste tout le long de l'opus sur une Ayano perdue, qui ne peut chasser Akari de son esprit, mais qui n'est même pas maîtresse de ses décisions. L'exercice exécuté par la mangaka est fait avec réussite, finesse mais aussi avec drame, tant l'égarement sentimental de la protagoniste est un point sensible qui parvient à nous toucher, sans jamais excuser son comportement adultère, mais dont en découle une situation conjugale qui gagne en toxicité au fil des chapitres. L'indécision amoureuse de l'héroïne couplé à un manque de dialogue évident au sein du foyer amène une évolution qui semble de plus en plus néfaste pour la jeune femme tandis que son passé resurgit devant ses yeux, la poussant à se questionner.

Loin de simplement culpabiliser son héroïne, la mangaka interroge sur le manque d'empathie de ses personnages, et leur non-compréhension des sentiments d'autrui, que ce soit par la discorde au sein du couple phare ou dans le flashback concernant Ayano et une ancienne camarade de classe. Dans tout ça et dans cette histoire de cohabitation quasi forcée, l'artiste amène un zeste de douceur avec le personnage d'Eri, petite sœur de Wataru recluse mais que l'héroïne aider à aller de l'avant.

Et dans tout ça, Akari a finalement peu de présence, ce qui ne veut pas dire que Takako Shimura ne s'intéresse pas à son cas ou à son ressenti. Au contraire, c'est à sa manière que le personnage est aussi perdu dans ses sentiments. L'amour impossible entre les deux protagonistes est donc sans cesse au cœur de l'intrigue, des moments toujours teintés d'une certaine naïveté en contraste avec les autres pans plus durs de ce tome. S'il est difficile de connaître exactement le déroulement de l'intrigue ni comment ces situation sous tension sentimentale va évoluer, il est évident que le lecteur sortira de ce volume avec l'irrémédiable envie de connaître le futur de ce cercle de personnage, et de quelle manière les deux héroïnes ressortiront épanouies de ces événements.
  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs