Shut Hell Vol.5 : Critiques

En cherchant à fuir les territoires contrôlés par les Mongols afin de mettre en sécurité le Gyokuondô regroupant les écritures tangoutes, Yurul, Baldou et Sudô sont tombés entre les mains de brigands de Jin, mais peuvent compter, pour s'échapper, sur deux choses: d'un côté l'aide apportée par Ibaha, et de l'autre côté une attaques d'une troupe mongole décidée à éliminer le groupe issu du Royaume de Jin. Dans le chaos ambiant, Sudô n'a pas d'autre choix que de se séparer des autres, non sans voir avant ça quelque chose qui lui fend le coeur: alors que notre personnage principal accompagnait Yurul avec le désir de lui éviter de devoir se battre et tuer lui-même, c'est tout le contraire qui arrive...

Toute une partie du volume s'axe alors sur la progression parallèle de Sudô/Shut Hell d'un côté et de Yurul et Baldou de l'autre, pour un résultat où il y a des choses intéressantes à retenir de chaque côté.

Concernant Yurul et Baldou, le voyage se poursuit avec, toujours, l'espoir de retrouver Sudô en vie plus tard. Le binôme se doit de se rendre chez les Song en traversant le Royaume de Jin, mais les frontières de ce Royaume sont fermées car bloquées par les Mongols, ce qui occasionnera notamment une petite course-poursuite à cheval. Mais à côté de ça, on retiendra surtout ce que le jeune garçon continue de véhiculer, que ce soit dans ses quelques réflexions sur l'absurdité de ces conflits guerriers et meurtrier même si ça n'a rien de très neuf dans l'oeuvre, ou dans la valeur qu'il donne à l'écriture pour perpétuer la mémoire des siens (il écrit au sujet de toutes les personnes qu'il côtoie: Baldou, Alfald, les Xia occidentaux... et bien sûr Shut Hell et Sudô).

Concernant l'autre côté, les choses se partagent sur trois créneaux tous intéressants, à commencer par le fait de d'abord retrouver Sudô/Shut Hell à travers sa rencontre avec un autre personnage: la nonne Veronika, qui poursuit sa voie de son côté. Au vu de la mission qui est initialement la sienne pour le compte de Temûjin, on se demande facilement quelle place elle prendra par la suite après cette rencontre plutôt positive avec notre personnage principal. Quant à Temûjin lui-même, rien de neuf de son côté: Yû Itô insiste juste un petit peu plus sur l'origine de sa haine envers les écritures tangoutes et les tangoutes eux-mêmes, une chose que l'on avait déjà vue dans le précédent opus. le deuxième point intéressant sur notre personnage principal est à chercher dans le fait que son corps soit partagé entre deux esprits: celui de Sudô la plupart du temps, et celui de Shut Hell qui est toujours là et qui ne demande qu'à se réveiller quand il y a des ennemis mongols à terrasser. La volonté de Sudô de ne pas tuer si facilement des gens doit alors composer avec la verve vengeresse et meurtrière d'une Shut Hell redevenue aussi sauvage qu'avant sa rencontre avec Yurul... Alors, Sudô saura-t-il trouver la clé pour que la charismatique guerrière "louve" se souvienne, un jour, de tout ce qu'elle a vécu avec le jeune garçon ? Enfin, le troisième point concerne les interrogation de Sudô sur ce qu'il deviendra sur la longueur. Ses actions lui permettront-elles de repartir à son époque et de retrouver Suzuki ? Disparaîtra-t-il purement et simplement ? Dans tous les cas, même si cette dernière solution devait arriver, il y aura toujours, normalement, les écrits de Yurul pour rappeler qu'il a existé... d'où, encore et toujours, l'importance de cette écriture en tant que moyen de transmission.

On ne va pas se mentir: dans ce tome Yû Itô répète un peu certaines choses déjà acquises, tout en faisant tout compte fait assez peu progresser son histoire. Mais entre les différentes pistes de réflexions et les assez nombreux enjeux à différentes échelle, la curiosité bien titillée autour de personnages comme Veronika, le souffle épique toujours bien présent dans les moments plus orientés action, et la dernière partie du tome installant certains soucis supplémentaires, on reste toujours accrochés à cette histoire, et très curieux de voir comment l'autrice compte la faire progresser.