Shibuya Hell Vol.2 - Actualité manga
Shibuya Hell Vol.2 - Manga

Shibuya Hell Vol.2 : Critiques

Shibuya Kingyo

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 10 Juin 2020

Au bout de leur course pour échapper aux poissons, Hajime et Arisa étaient parvenus à gagner l'hélicoptère venu en secours, du moins avant que la jeune idole ne lâche prise pour rattraper instinctivement son chouchou. En la voyant au sol encerclée par une horde de créatures écailleuses, le jeune garçon, a alors, lui aussi de façon instinctive, lâché l'échelle de l'hélicoptère pour voler à son secours, et... rideau. Puis, retour en cette journée fatidique du 3 mars, où tout a commencé, mais cette fois-ci auprès d'autres personnages. Au sein du quartier de Shibuya existerait un sans-abri si fort et si indomptable qu'il en est devenu une véritable légende urbaine: "Le furet de Shibuya", c'est ainsi qu'on l'appelle. Présente dans son lycée au moment où sont apparus les monstres, la jeune Aki Tôji, 16 ans, essaie, depuis, de leur échapper, après avoir vu ses amis et connaissances se faire bouffer en un rien de temps, et tout en essayant de protéger comme elle le peut Haru, son petit frère de 5 ans. Hélas, l'adolescente, plutôt faible, est du genre à se laisser guider par les autres habituellement, et ne sait pas forcément quoi faire exactement à part fuir. C'est alors qu'apparaît devant elle l'étrange et puissante silhouette d'un sans-abri...

Au bout d'un premier volume un peu plombé par certaines limites et pas mal de clichés, Shibuya Hell parvenait tout de même à assurer le minimum syndical côté divertissement, mais réussissait surtout à attiser une certaine curiosité grâce à une narration assez maligne, nous faisant bien comprendre que l'on est destinés à suivre plusieurs personnages un peu en parallèle, tout en jouant efficacement avec nos nerfs sur un point: une chute de rideau intense sur le cas de Hajime et d'Arisa, qu'on laissait en plein moment tendu pour aller s'intéresser à un autre personnage. Aoi Hiroumi, d'ailleurs, répétera encore ce procédé après 130 pages ici, puisque ses jeux dans le temps, sur cette poignée de jours à partir du 3 mars, aboutira à un nouveau changement de personnages tandis qu'on laisse Aki et Haru en plein moment critique.

Cela signifie donc que dans ce deuxième tome, on suivra plusieurs personnages en parallèle, mais on ne va pas trop s'attarder sur la dernière partie du volume afin de ne pas spoiler, pour plutôt s'intéresser au cas des Tôji et du furet. Introduit dans les dernières pages du tome 1, le fameux sans-abri intriguait assez facilement, et sa route croise donc ici celle d'Aki et de Haru, à qui il semble venir en aide. S'en suit une petite intrigue une nouvelle fois on ne peut plus classique pour essayer de sortir du lycée afin de gagner le réfectoire censé être plus sûr, avec à la clé un petit lot de malfrats patibulaires et de un gros lot de poissons voraces. Derrière la fuite face aux poissons, la sous-intrigue concernant la rixe entre le furet et les malfrats est totalement banale et permet surtout deux choses: d'un côté avoir quelques personnages "chair à pâté" en plus, et surtout, d'un autre côté, montrer à quel point Shibuya est un quartier hétéroclite où le bon côtoie le mauvais, où les coins hyper populaires et les magasins de mode et autres peuvent cacher les ruelles sombres et les petites frappes... Le furet le dit haut et fort: Shibuya, c'est le royaume du chaos ! Alors lui, où se situe-t-il exactement dans cette jungle urbaine désormais en proie aux poissons ?

C'est un peu l'un des éléments-phares de cette partie: essayer de mieux cerner le furet, à travers les yeux sans doute naïfs d'Aki. L'adolescente le prend d'abord pour un sauveur qui va pouvoir les aider elle et Haru, mais est-ce vraiment le cas ? Elle pourra le découvrir elle-même, peut-être à ses dépens, et au bout du compte une chose est sûre: ce sans-abri pas comme les autres impose quelque chose d'efficace dans l'oeuvre par son côté électron libre, par sa violence le poussant à massacrer les poissons plutôt que de les fuir, par sa manière de vivre/survivre en ne se reposant sur personne et en se fichant pas mal des autres, et par sa rage de voir son quartier de Shibuya ainsi détruit... Ca oui, Shibuya c'est son quartier, son toit, sa maison, c'est bien pour ça qu'il dort dans ses rues comme s'il était un SDF classique. Le personnage est certes un brin caricatural et pas foncièrement original, mais il s'avère plutôt bien campé, a une façon d'être qui rappelle légèrement un certain Izaya de DuRaRaRa!! (jusque dans son manteau qui y ressemble un peu), et a aussi le mérite, derrière son effrayante violence, d'éveiller quelque chose en Aki: ne pas compter sur les autres et agir elle-même pour s'en sortir en protéger son petit frère.

En filigranes, l'intrigue globale, elle, avance très peu: on n'apprend rien de plus sur les poissons, sur leur origine... mais on entrevoit tout de même 2-3 petites choses supplémentaires sur ce que font les secours à l'extérieur (ou ce qu'ils ne font pas, commençant à penser qu'il ne peut plus y avoir de survivants), et surtout on reste assez curieux face aux toutes dernières pages qui installent encore un autre personnage intrigant.

Visuellement, il y a encore certains moments peut limpides dans l'action, tandis que d'autres jouissent de quelques bonnes idées de découpage même si elles ne sont pas toujours exploitées jusqu'au bout. La pointe de gore est toujours là, en revanche on se serait bien passés de l'apparition de quelques plans-culottes lourdauds et mal amenés concernant Aki. Les designs des poissons, inspirés d'espèces existantes, restent assez variés et efficaces, tandis que les décors de Shibuya, quartier-héros de la série, parviennent à être immersifs me^me si les photos ne sont parfois pas assez retravaillées.

Au bout du compte, Pika a bien fait de proposer ce 2e opus en même temps que le 1er, car on y cerne déjà un peu plus le potentiel de l'oeuvre. Ca reste encore parfois maladroit et pas foncièrement original, mais il y a ici des personnages un peu plus intéressants que dans le premier opus, ainsi que de jolies promesses dans la multiplicité des protagonistes et dans la narration voulant jouer dans le temps.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.5 20
Note de la rédaction