Shaman king - Star Edition Vol.11 - Actualité manga
Shaman king - Star Edition Vol.11 - Manga

Shaman king - Star Edition Vol.11 : Critiques

Shaman king

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 06 Décembre 2021

Yoh ayant renoncé au Shaman Fight, il est temps pour les W-Laws d'honorer leurs engagements en ramenant Ren à la vie. Le pouvoir de Jeanne permet ce miracle, mais notre fine équipe n'est pas au bout de ses peines. Alors que Yoh doit s'expliquer, Horohoro se plonge dans un combat perdu d'avance face à deux sbires de Hao, afin de sauver la vie de l'équipe Icemen. De son côté, Chocolave s'apprête, lui aussi, à devoir assumer la rancœur qu'il a provoqué par ses actes d'antan...

Les choix de Hiroyuki Takei pour la suite de sa compétition sont particulièrement audacieux. Yoh, le protagoniste de la série, est maintenant hors compétition, ce qui posait énormément de questions quant à la suite de l'intrigue. Et contre toute-attente, le mangaka se permet de ne pas répondre à cette interrogation pour le moment, ou du moins pas frontalement. Dans son audace, il va même jusqu'à ne jamais évoquer le tournoi en cours, et préfère s'intéresser à différents points de son scénario, et à des personnages bien précis.

Ainsi, plusieurs grands affrontements nous sont proposés dans ce double opus, équivalent aux tomes 21 et 22 de la numérotation d'origine. Des combats qui, s'ils consistent toujours en des oppositions avec les troupes de Hao ou avec des combattants introduits au préalable dans l'œuvre, n'ont s'ancrent pas dans la grande compétition promise depuis les premiers chapitres du manga. A première vue, on pourrait se demander si Takei a la tête sur les épaules, et à quel point il compte occulter son tournoi. Jusque là, il y avait un cadre solide, bien que classique, qui permettait à l'auteur de diriger ses événements. Et si, justement, Takei en avait ras-le-bol de ce trop plein de classicisme ?

C'est ce qu'on peut se demander puisque nous voilà détachés du Shaman Fight depuis trois opus déjà. A la place, les affrontements contre Hao continuent, l'intrigue autour du fameux golem prend un poil plus d'ampleur, et la troisième faction fait (enfin) son entrée en scène. On ne peut donc pas dire qu'il ne se passe rien, sachant que l'auteur reste fidèle à la trame principale de son œuvre. L'ennemi, c'est Hao, une chose que le tome n'oublie jamais. Yoh a abandonné le tournoi, mais la guerre contre le camp de l'ancêtre des Asakura se poursuit, elle. On est donc à deux doigts de voir la décision du protagoniste comme celle d'un mangaka lassé par le concept linéaire de tournoi, et qui veut maintenant raconter son histoire à sa façon, quitte à ce que ça déplaise. Aujourd'hui, nous connaissons bien le contrecoup d'un tel choix puisque la voie qu'a emprunté Takei mènera à l'annulation de la publication. Mais nous savons aussi que le manga proposé dans cette réédition est une version aboutie et conclu, aussi on aurait tort de ne pas accorder un peu de notre confiance à l'artiste.

Le double volume se consacre principalement à deux affrontement, des combats intenses où le concept de shaman est garni de nouvelles idées, avec pêle-mêle des fantômes mécaniques ou un combattant légo, rien que ça. Shaman King est assez excentrique désormais, autre preuve d'un auteur qui n'en fait qu'à sa tête, ce qui n'empêche pourtant pas le récit de conter des histoires passionnantes. L'idée forte vient probablement du véritable adversaire de nos héros : Eux-mêmes. Après avoir abordé l'engrenage de la haine via Ren, c'est l'état d'esprit de Horohoro et sa défiance envers sa famille puis le jugement de Chocolove qui construisent le fond de ces combats. Shaman King gagne alors en noirceur, notamment avec un Yoh qui diffère largement du protagoniste lisse qu'il pouvait être au tout début. Plus que prolonger inutilement l'intrigue, ces combats ont des enjeux narratifs clair, aussi il serait mal vu de croire que le manga ne « raconte rien » actuellement.

Et parmi toutes les propositions de Takei, difficile de ne pas mentionner l'esprit en scène des Gandhara qui pousse encore plus loin l'univers de la série. Tout son ésotérisme va de l'avant, le concept de Great Spirit prend plus de puissance, et le mangaka va même jouer avec une corde sensible en effaçant la fatalité de la mort. Pour beaucoup, cela sera un gage de facilité, d'autant plus que les parallèle à une certaine œuvre d'Akira Toriyama ne s'arrêtent pas là entre les shaman qui gagnent en puissance après avoir frôlé ou expérimenté la mort, ou le chiffrage des puissances dont l'auteur se joue volontairement. Pourtant, toutes ces idées résonnent bien avec l'étendue mystique du manga. Que la mort ne soit plus un enjeu n'est pas un réel problème, et l'idée est encore plus évidente dans une œuvre qui a posé ses bases sur des âmes incapables de rejoindre l'au-delà. Bref, Hiroyuki Takei fourmille d'idées, ses propositions pourraient permettre à l'œuvre de véritablement se renouveler, et chaque combat amené fait sens avec les personnages principaux et les tourments qui les habitent.

Exit dont le parfait petit shônen classique, il faut alors accepter une œuvre et un auteur qui sortent de leurs zones de confort, quitte à frustrer une partie du lectorat. Pour l'heure, la démarche est réussie, aussi on attendra de voir comment le récit sera développé à partir de ces nouvelles bases.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction