Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 08 Avril 2025
Chronique 2 :
Les modes vont et viennent on le sait! Certaines ont produits des choses remarquables, d'autres sont plus discutables, parfois générationnelles, parfois plutôt shonen, parfois plutôt shojo, on a eu droit à tout!
On a eu les vampires romantiques, on a eu les battle royale / jeu de survie, on a eu les isekai (je déteste ça!!!), depuis quelque temps on a les affrontements entre guerriers de différentes époques (cela doit bien avoir un nom), mais la toute dernière mode c'est de se plonger dans les cours impériales pour y suivre des enquêtes sur fond de romance avec deux individus issus de classes sociales différentes!
Les carnets de l'apothicaire a fait des émules! Le titre remporte un tel succès qu'il connaît en parallèle deux adaptations simultanées (je ne me l'explique toujours pas, je ne comprends comment en terme de droit une telle choses est possible), très proches à tous les niveaux et d'égal qualité! Et après le titre précité, après le palais des assassins, Ki-oon réitère avec le titre qui nous intéresse présentement: La servante de l'empereur!
Issu d'un light novel de Ichiha Hiiragi illsutré par Aya Shouoto, le manga est dessiné par Haruki Yoshimura!
Le titre publié par Square Enix au Japon compte actuellement six tomes et est toujours en cours de parution!
Donc être un "Carnets de l'apothicaire like" c'est bien beau mais ça n'en fait pas un bon titre! Il faut trouver l'angle d'approche qui permettra de s'illustrer de son modèle, trouver le petit plus qui lui permettra de se démarquer. Et ce premier tome, sans révolutionner le genre, se montre de suite séduisant et accrocheur!
L'empire de Koen connaît une situation peu banale: son nouvel empereur n'a que cinq ans! Malgré son âge il faut lui trouver des prétendantes. Toutes les grandes familles proposent un de leur membre pour s'assurer une place privilégiée au sein de la cour. Et si toutes les prétendantes ne sont que des enfants du même âge que l'empereur, Linfa, qui subit les manigances de son père et n'a pas envie d'être là, a 17 ans! La perspective d'être promise à un enfant de cinq ans ne l'enchante guère, mais elle ne peut s’empêcher de se montrer bienveillantes envers ses jeunes concurrentes!
Le régent, un homme d'une beauté hors norme va la remarquer et lui proposer de devenir non pas l'épouse, mais la nourrice de l'empereur! Voyant que son père considère ça comme un affront, Linfa va prendre un malin plaisir à accepter la proposition! Elle va découvrir la vie au sein de la cour aux cotés de Soren le régent et de Shuin son propre frère, ami de Soren...
La question légitime qu'on peut se poser avant de débuter la lecture de ce titre est celle de la redondance ou du manque d'originalité par rapport aux titres qui l'on précédés: intrigue politiques au sein d'une cour impériale, place de la femme au sein même de cette cour, histoire d'amour naissante entre deux individus n'appartenant pas à la même classe sociale...on a bel et bien tout ceci dans "La servante de l'empereur", mais le titre se montre suffisamment habile pour trouver son ton et ses spécificités afin que le lecteur s'y retrouve et soit rapidement séduit.
On découvre donc rapidement une jeune fille (mais pas aussi jeune que ses "concurrentes") ayant la tête sur les épaules, consciente des enjeux mais qui n'a clairement pas envie d'être là! C'est à travers son regard que nous sont présentés les enjeux et les différentes intrigues politiques qui vont sans nul doute nous occuper durant toute la série!
Si avec les Carnets de l'apothicaire nous avons une jeune fille impressionnée par l'empereur qui se rapproche d'un de ses proches, si avec le Palais des assassins on a une jeune fille du même âge que l'empereur qui va sans doute se rapprocher de lui, on a ici une troisième configuration avec Linfa qui va être la servante d'un très jeune empereur (et qui va sans doute créer un lien affectif mais différent de celui attendu par son père) et qui va probablement se rapprocher d'un très proche de l'empereur... Une configuration qui peut amener des situations nouvelles et différentes de celles proposées dans les autres titres du genre!
D'autant qu'ici Linfa sera épaulée par son frère qui sera à n'en pas douter un soutien essentiel.
Ce premier opus va donc nous présenter ces quelques personnages, creuser un peu leurs personnalités, notamment celle de Linfa et on ne peut qu'être curieux de découvrir les interactions qui en découleront...tout ceci bien entendu au milieu d'intrigues et de mystères à résoudre!
Un autre différence majeure avec le désormais classique Carnets... c'est que si Linfa nous est présenté comme intelligente et consciente des intrigues, elle n'est pas non plus une érudite et on ne devrait pas retrouver cet aspect "enquête" où elle va tout résoudre aisément...mais ça l'avenir nous le dira.
A ce stade il est encore un peu tôt pour se prononcer davantage, mais force est de constater que ce premier opus se montre séduisant et particulièrement prometteur, avec des personnages intrigants et qui déjà fonctionnent bien.
Graphiquement c'est vraiment très joli, le trait de Haruki Yoshimura est très fin et pourrait rappeler celui de Clamp! On a des personnages aisément reconnaissables et expressifs, mais tradition shojo oblige on a très souvent des arrières plans vides...mais cela nous oblige à nous concentrer sur les personnages.
Ki-oon nous propose une nouvelle fois une adaptation d'une excellente qualité, autant dans la forme que dans le fond...on a beau y être habitué, il faut saluer le travail et la qualité!
Une belle surprise qu'on n'attendait pas forcément, maintenant il faut attendre le deuxième opus pour pouvoir se faire une idée plus précise de ce que l’œuvre a à nous offrir!
Chronique 1 :
La saga des « Carnets de l’Apothicaire » a cristallisé une véritable tendance du côté de la culture populaire nippone, comme d’autres œuvres ont jadis fait naître les vagues de l’isekai ou du death game. Il n’est donc pas étonnant que divers titres narrant du suspense et/ou des romances au cœur d’une ancienne cour impériale aux inspirations chinoises atteignent nos contrées. Et tant mieux, même, puisqu’une tendance reprise ne signifie pas qu’une œuvre n’a rien à raconter. C’est ainsi qu’en ce mois de février 2025, Ki-oon réitère dans ce registre avec « La servante de l’empereur », un manga de Haruki Yoshimura qui adapte le light novel écrit par Ichiha Hiiragi et illustré par Aya Shouoto. Un roman assez court par ailleurs puisque, publié entre 2021 et 2023, il s’est conclu avec son 3e volume. La version manga, elle, est en cours depuis 2021 sur la plateforme Manga Up ! Des éditions Square Enix et dénombre actuellement 6 tomes parus au Japon.
La cour intérieure de Koen, lieu que seules les concubines de l’empereur peuvent pénétrer, est en plein tumulte. Issues de la noblesse, les prétendantes pour sa très jeune majesté, âgée de 5 ans, sont sur le point de lui être présentées. Parmi elle, de petites filles avoisinant son âge et...Linfa, une adolescente de 17 ans héritière du clan Ryu, qui ne doit sa présence qu’aux manigances de son père, le chancelier de droite. Mal à l’aise à l’idée d’être en concurrence avec des enfants et, surtout, d’être éventuellement promise à un petit garçon, Linfa est rattrapée par son âge et par son affect envers les tous petits, se mettant à agir comme une nourrice pour ses « concurrentes ». Sans le savoir, Linfa vient de sceller son rôle au sein de la cour intérieure, un destin qui pourrait lui permettre de déjouer les manigances de son calculateur de père. Et ça, rien ne pourrait faire davantage plaisir à la demoiselle qui s’apprête à découvrir un tout autre univers, à un poste qu’elle n’aurait jamais imaginé pourvoir !
On commence à être habitués aux histoires se déroulant dans des pays fortement inspirés de la Chine ancienne, où se jouent des luttes de pouvoir au sein de cours impériales avec son lot de harems et de manigances à tout va, saupoudré d’un folklore qui fait toujours son effet. Si la crainte d’une redite peut germer en nous avant la lecture de ce premier volume, on se rassure assez vite sur la nature de l’histoire d’Ichiha Hiiragi qui entre assez vite dans son sujet, notamment en nous abreuvant de notions politiques qui mettent les conspirations au premier plan. « La servante de l’empereur » sera certes l’histoire de Linfa aux côtés d’une jeune majesté (mais pas que), mais aussi des luttes de pouvoir qui n’épargneront sans doute pas l’héroïne. Et sachant que le roman d’origine, assez courte, est désormais conclu, on se dit que l’adaptation manga adoptera un bon rythme pour narrer cette intrigue dans son intégralité.
En réalité, le seul point qui pèche vient de l’enjeu direct de ce tome de démarrage. Sur une grande partie, l’accent est mis sur l’éventuelle sélection de Linfa en tant que future impératrice. Un suspense qui n’en est pas un puisque le titre de l’œuvre nous indique clairement le rôle qu’aura la demoiselle pour sa majesté. Et aucun bémol de traduction du titre eu programme pour l’intitulé choisi par les éditions Ki-oon est une traduction fidèle du titre japonais, « Kôtei heika no osewagakari ». Néanmoins, ce premier opus se rattrape pour tous ses autres éléments, dont les éléments politiques qui plantent un cadre clairement intrigant, laissant entrevoir de futures querelles de pouvoir. C’est dans cette optique qu’entre en jeu un certain personnage, le bel homme présenté sur la couverture dont nous tairons l’identité puisque celle-ci fait partie des mystères de ce premier opus. Difficile de ne pas entrevoir une idée de romance entre Linfa et ce bel éphèbe, mais c’est aussi le rôle du concerné au sein des jeux de pouvoir qui donne directement un intérêt au personnage. Notons d’ailleurs que du côté de l’héroïne, son franc caractère apporte quelque chose dans ses interactions avec le reste du casting tout en étant idéal dans la dimension politique du récit. On se doute d’emblée que Linfa aura un rôle à jouer et que son assurance y sera pour beaucoup, ce qui lui donne une aura forte et un bon potentiel en tant que figure principale.
Puis, difficile de passer à côté du trait chatoyant de Haruki Yoshimura, très fin, précis et expressif, à même pour dépeindre la beauté du cadre et des personnages adultes tout en donnant un côté mignonnet tout à fait craquant aux personnages enfants, dont l’empereur lui-même. L’esthétique dépeinte par l’artiste nous transporte assez facilement dans le cadre de l’œuvre tandis que sa narration, assez majestueuse, renforce l’aura du récit qui, à ce stade, ne semble pourtant pas avoir encore joué toutes ses cartes. L’impact de son style est d’autant plus impressionnant qu’il ne s’agit là que de sa première série professionnellement publiée, la première étant une courte série en quatre volumes écrite par Sei Tsujimori, « Ayakashi Onsen Kitan Kitan ». Haruki Yoshimura, par ce talent indéniable, donne l’envie de suivre son évolution sur la durée.
Certes ancré dans un registre auquel nous sommes désormais familiers, « La servante de l’empereur » propose une amorce convaincante grâce à ses multiples éléments politiques, son cadre ravissant et ses personnages qui ne manquent pas de caractère dans une histoire qui se prête aux complots. Seul le non-suspense quant à la sélection de Linfa pourrait faire tiquer, mais c’est sans compter ce que ce début d’histoire a à proposer à côté. Il y a donc de quoi être curieux d’en découvrir plus !
Côté édition, Ki-oon livre son traditionnel bon travail de fabrication et de finitions, par un papier épais, les pages couleurs de la version japonaise, et un ouvrage globalement solide. Signée Damien Guinois, la traduction pleine de vie est grandement convaincante. Saluons aussi l’adaptation graphique bien calibrée du studio Charon qui n’a plus grand-chose à prouver depuis tant d’années de lettrage.