Sengo Vol.7 - Manga

Sengo Vol.7 : Critiques Camaraderie

Areyo Hoshikuzu

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 15 Décembre 2021

Kawashima est, peut-être plus que jamais, toujours tourmenté par son passé à la guerre. Negoro, Hirai, Kadono, etc, etc... Alors qu'il avait, à l'époque, prié ses hommes de ne pas courir vers une mort stupide, seuls lui et Kadomatsu sont revenus vivants, et aujourd'hui encore il regrette de ne pas avoir pu les ramener en vie au pays. Contrairement à d'autres comme l'horrible lieutenant Okabe qui a laissé la guerre derrière lui et avance vers l'avenir malgré toutes les horreurs commises, notre héros, lui, ne peut se soustraire à ses démons, à son sentiment de culpabilité. C'est bien pour ça que, en compagnie de Kadomatsu, il a entrepris de retrouver les familles des défunts (quand ils ont encore de la famille...) pour s'excuser et leur offrir un peu d'argent. Mais même ça ne peut suffire à exorciser les fantômes du passé, car le ressentiments autour de certaines familles est forcément là... Alors, comment diable continuer à vivre, aller de l'avant, oublier cette guerre désormais terminée comme l'a conseillé un moine ? Est-ce seulement possible ?

Il faut bien, à Sansuke Yamada, encore deux tiers de cet ultime volume pour croquer la suite et fin du retour sur le passé de Kawashima et de Kadomatsu, ce passé qui aujourd'hui encore ronge tant l'ancien sergent. Un passé que le mangaka, comme à son habitude, dépeint sans détours, mais également sans rallonges inutiles, notamment à travers une affaire de cotons caché dans un village chinois qui expose nombre d'horreurs ayant pu être commises par les soldats nippons sur place, y compris de la part de la plupart des hommes de Kawashima (Negoro en tête) qui n'étaient pas des anges et en avaient bien conscience. Viols, tortures, bafouement de la vie des continentaux parfois vus comme inférieurs... tout ceci dans le cadre d'une guerre où, typiquement, tout semble permis. Seulement, pas pour Kawashima qui, contrairement à des personnes comme Okabe n'ayant jamais eu le moindre scrupule, n'a jamais pu se faire aux barbaries commises ni les effacer de sa mémoire. Sans doute est-ce ça qui l'amène à sa perte...

Alors, une fois de retour dans le présent du récit, dans cette période d'après-guerre si troublée et que Sansuke Yamada a si bien su retranscrire, quel espoir de salut reste-t-il à Kawashima, coincé dans le passé ? La réponse est à la fois cruelle, touchante humaine et forte. Que ce soit via le dernier face-à-face avec Okabe (pour une ultime opposition de valeurs), toute la symbolique des pierres, la bromance Kawashima/Kadomatsu poussée à son paroxysme dans ces dernières pages où il n'y a pas besoin de tout dire pour faire comprendre, et toujours cette ambiance portée par le style graphique adéquat ainsi que par ces instants mélodiques qui sonnent toujours autant comme un film japonais de l'époque.

A l'arrivée, Sansuke Yamada conclut puissamment son récit. Fresque historique parfois crue, humaine autant dans les mauvais que dans les moins mauvais côtés, criante de vérité grâce à la passion de l'auteur pour cette époque et à ses choix narratifs et visuels, Sengo aura été une série magistrale d'un bout à l'autre.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs