Secret XXX - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 28 Juin 2019

Meguru Hinohara est une mangaka à la carrière toute jeune, puisqu'elle a commencé en 2016 avec l'ouvrage dont il est question ici, Secret XXX, qui est par ailleurs également sa première publication en France. Publié au Japon dans le magazine Dear+ des éditions Shinshokan, aux côtés de titres comme 10 Count ou Le Théâtre des Fleurs, ce récit d'un peu moins de 200 pages nous plonge aux côtés de Shôhei, un jeune étudiant vivant toujours chez ses parents et vouant depuis longtemps une adoration pour les lapins, à tel point qu'il va souvent donner un coup de main dans une animalerie spécialisée dans ces adorables boules de poils. Mais il y a aussi une autre raison à sa présence dans la boutique: son intérêt pour le grand et beau Mito, le petit-fils de la patronne qui y est aussi vendeur. A force de se montrer si enthousiaste et aimant envers les lapinous, le jeune garçon finit facilement par attirer l'attention de l'homme qui lui a tapé dans l'oeil. Mais il lui cache un secret plutôt embêtant, qu'il ne peut en aucun cas révéler, car cela l'obligerait à quitter la boutique: son allergie aux lapins.

Secret XXX démarre très vite, dans des débuts pas forcément très convaincants au niveau de l'histoire. En effet, en plus d'un introduction un poil rapide, la question du problème de Shôhei se résout de manière un petit peu expéditive, et repose surtout sur un rebondissement pas franchement convaincant: être allergique aux graminées au point de ne plus pouvoir respirer, cela signifie être allergique à un sacré paquet d'herbes, de plantes, de types de pollens, et dès lors il est impossible de croire que notre héros et ses proches ne l'aient pas remarqué avant, vu que son allergie dure depuis des années. Cette histoire d'allergie semble donc surtout n'être qu'un prétexte un peu bidon pour pimenter légèrement le début de l'oeuvre, et d'ailleurs tout ceci a beaucoup moins d'importance par la suite.

Cette suite, elle s'avère déjà plus intéressantes, à partir du moment où les deux amants, entre moments intimes érotiques et petites sorties amoureuses, ont l'occasion de mieux se découvrir, notamment en rencontrant leurs proches. Même si les enjeux autour du frère de Mito dans la deuxième grande partie de l'oeuvre sont plutôt succincts eux aussi, ce frangin un brin exubérant amène une bonne dose de dynamisme et de fraîcheur, tout en se montrant à sa manière bienveillant envers son frère Mito. La partie la plus réussie reste toutefois la suivante, avec l'entrée en scène de la mère de Shôhei, une confrontation mère-fils tendue, la question de savoir si celle-ci acceptera la relation de son fils... En quelques étapes, Meguru Hinohara arrive à dépeindre une relation parent/enfant très intéressante, où la dispute cache surtout de l'inquiétude et de l'amour, si bien qu'il est difficile de ne pas s'attacher à cette maman qui, en plus d'un sacré caractère, montre un bel esprit de déduction en observant son fils qu'elle connaît si bien, et sait faire preuve d'une ouverture d'esprit bénéfique.

Au niveau du scénario, l'oeuvre est donc très légèrement faiblarde au départ, mais ne fait que gagner en qualité au fil des pages pour, au bout du compte, offrir quelque chose de convaincant. D'autant plus que l'autrice s'applique assez dans la peinture de la relation entre ses deux héros, de leur évolution ensemble, et de leurs sentiments qui grandissent. Les principales qualités de l'oeuvre restent toutefois à chercher dans son rythme et son ambiance. La mangaka a le mérite d'offrir une narration très emballante, entraînante, qu'elle parvient à renforcer par son dessins de grande qualité: les personnages sont ultra expressifs et soignés, leurs traits fins sont soulignés par des trames finement appliquées, l'impression de mouvement est bien présente... et à tout ça, il faut ajouter une bonne dose de mignonnerie et de douceur, véhiculée par nos héros bien sûr, mais aussi voire surtout par l'omniprésence de lapins tout mimis.

Secret XXX est donc, globalement, une découverte plaisante, assez entraînante et fraîche, et qui plus est servie dans une bonne qualité d'édition. Le papier est souple et sans transparence, l'impression effectuée chez Aubin est très bonne, la première page en couleur est sympathique, et la traduction, malgré quelques rares coquilles d'inattention, fait le job en restant fluide et assez rythmée.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14.75 20
Note de la rédaction