Search & Destroy Vol.3 - Actualité manga
Search & Destroy Vol.3 - Manga

Search & Destroy Vol.3 : Critiques

Search & Destroy

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 18 Novembre 2021

"C'est ça... râle ! Mieux que ça ! Enrage ! La colère est une force !"

Petit à petit, Hyaku approche de son objectif: récupérer les 48 parties de son corps qui lui furent arrachées quand elle n'était encore qu'un bébé...mais plus elle avance dans sa quête enragée, plus le doute s'immisce en elle. Non seulement car chaque partie de corps récupérée lui confère des émotions qu'elle était incapable de connaître avant, mais aussi parce que tous les creech ayant reçu l'une de ces parties de corps humaines étaient rongés par des désirs horribles, comme si leur petite part d'humanité les avait corrompus... Alors dans ces conditions, une fois qu'elle aura retrouvé son corps tout entier, notre héroïne sera-t-elle encore elle-même ? Et si non, que deviendra-t-elle ? Ces questions l'angoissent... mais elle n'est pas la seule à être dans la tourmente. Au sein de l'immense mégalopole, le maire est critiqué de toutes parts: d'un côté les civils humains rejettent l'arrêté de protection des créatures qu'ils voient comme des voleurs de travail et manifestent leur mécontentement, et de l'autre côté plusieurs machine montent leur révolte face à cet homme qui ne fait que les exploiter, si bien que la colère gronde de toutes parts et que, bientôt, un acte terroriste secoue la cité. Et c'est dans ce climat délétère que, dans les bas-fonds de la ville, apparaît un étrange couple de creech, à la recherche d'un enfant ressemblant beaucoup à Doro. Ce dernier, en apprenant accidentellement la vérité sur ce qu'il est, finit par fuir, laissant derrière lui Hyaku dont il emporte certaines parties du corps...

Si les deux premiers volumes de Search and Destroy étaient un véritable régal, notamment grâce à l'ambiance et aux visuels travaillés typiques d'Atsushi Kaneko, il y avait de quoi craindre une fin un peu précipitée puisque l'oeuvre est vouée à s'achever avec ce troisième volume. Eh bien, que l'on se rassure, car au fil de cet impressionnant pavé de quasiment 320 pages, le mangaka ne déçoit aucunement, bien au contraire.

Alors que la révolte est en marche en ville face au maire, Kaneko poursuit ici, en parallèle, les quêtes de Doro et de Hyaku,désormais séparés, mais tous deux rattrapés par leur passé, par leurs origines, par les raisons faisant qu'on les a mis au monde, ce qui occasionnera tout ce qu'il faut de dernières révélations fracassantes sur chacun des deux personnages, révélations ayant plus d'une fois quelque chose de très cruel voire sordide. Mais là où, pendant longtemps dans ce tome, Doro se contente d'être traqué par les personnes voulant le récupérer et donc de fuir, Hyaku, elle, reste celle qui traque, déterminée à aller au bout de sa quête, même si elle ne sait pas ce qui l'attend exactement à l'arrivée.

Et qu'on se le dise, l'ensemble est passionnant à suivre, en premier lieu, bien sûr, pour les habituelles qualités visuelles d'un mangaka qui régale toujours autant, pour les raisons déjà évoquées sur les premiers volumes. Mais surtout parce que l'auteur, loin de se limiter à cela, pousse plus loin nombre de réflexions, en tête sur l'espèce humaine, ses émotions, ses vices, ses craintes, ses tares... le tout par le prisme des creech, de leur condition, de leur statut de machines censé les priver de sentiments et de liberté. Mieux, on pourra voir un portrait de société plus profond encore, dans ses aspects les plus contemporains, à travers certains éléments comme, par exemple, la haine des civils humains envers les creech qui leur "vole leur travail", ce qui peut faire écho à certaines réalités sur la bêtise humaine dans nos sociétés.

Le monde humain dépeint par Kaneko est bête, égoïste, absurde. Alors, face à celui-ci, pour se faire entendre et essayer d'y changer quelque chose, il reste la colère. la colère plus ou moins bien dirigée des humains et des creech. mais surtout une colère qui, d'un bout à l'autre, et tout comme ça a pu être le cas dans dans séries de Kaneko (Bambi, Deathco), anime les pas des personnages centraux de la série. Hyaku ne cesse d'enrager dans sa quête vengeresse malgré ses doutes, tandis que Doro finit par apprendre à enrager face aux injustices qu'on veut lui imposer. Et cette notion de colère donnant leur force d'avancer aux personnages, Kaneko l'exploite à merveille et lui donne beaucoup de sens, jusque dans son final très bien tourné (et très bien mis en scène), puis dans son épilogue génial puisqu'il a en réalité des allures de prologue, tout en achevant l'ensemble de la meilleure des manières.

"C'est ça, continue d'enrager ! En rogne... pour l'éternité !"

Ce n'est donc pas encore cette fois-ci qu'Atsushi Kaneko nous décevra, oh que non, tant sa réinterprétation du Dororo d'Osamu Tezuka est intelligente, aboutie, contemporaine, à la fois suffisamment personnelle et fidèle aux sujets de l'oeuvre d'origine. Ce 3e tome est un bijou, dans une carrière qui en compte déjà beaucoup.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs