Scum's Wish Vol.1 - Manga

Scum's Wish Vol.1 : Critiques

Kuzu no Honkai

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 21 Juillet 2022

Mengo Yokoyari est une autrice qui peut diviser. Nous l'avons d'abord connue pour le mitigé No Control chez Delcourt/Tonkam et scénarisé par Lynn « Elfen Lied » Okamoto, d'abord sous sa forme de deux volumes puis une intégrale en un opus, avant de la retrouver au dessin de l'excellent Oshi no Ko, cette fois écrit par Aka Akasaka. Deux œuvres que la mangaka n'a fait que dessiner, aussi l'annonce de Scum's Wish chez nous, aux éditions Noeve, était l'occasion de voir ce que l'artiste pouvait faire en dirigeant d'elle-même et de A à Z une histoire. A noter que certains ont peut-être déjà découvert l'intrigue par le biais de son adaptation animée produite par le studio Lerche en 2017, qui nous fut rendue disponible via Amazon Prime Vidéo.

C'est sous le titre original Kuzu no Honkai que Scum's Wish naît, dans les pages du magazine Big Gangan de l'éditeur Square Enix. La série s'achèvera en 2017 avec son 8e opus, avant qu'un neuvième tome sous-titré « décor » ne soit proposé l'année suivante.

L'histoire est celle de Hanabi et Mugi, deux lycéens qui ont leur caractère et dont le couple qu'ils forment semble idéal aux yeux de tous. Leurs échanges sont tactiles et langoureux, tous deux éprouvant une attirance claire l'un envers l'autre... du moins en apparence. En réalité, chacun est épris par un autre, des personnes innacessibles, et reportent leur frustration et leur manque par cet union factice, dupant ainsi leur entourage. Mais cette manière de tromper la réalité est-elle la bonne ?

Soyons clair : Scum's Wish est l'un de ces titres qui peuvent diviser, tant son atmosphère ne se destine pas à l'appréciation de tous. Partant d'une romancée lycéenne somme toute basique, si ce n'est que les baisers entre Hanabi et Mugi sont bien plus torrides que ce que nous sommes habitués à voir dans le genre, ce premier volume se dirige assez rapidement vers un ton oscillant entre le sombre et le mélancolique. D'entrée de jeu, Mengo Yokoyari montre qu'elle ne veut pas présenter un amour guilleret comme un autre, mais une histoire d'adolescents meurtris par un amour impossible, un peu perdus par cette déception, mais qui développent des émotions et des envies naturelles à leurs âges. Le but, pour ces deux protagonistes, sera de combler leurs manques respectifs, à la fois tactils et émotionnels, mais sans jamais tomber amoureux l'un de l'autre.

Sur ces bases, Scum's Wish aurait pu être particulièrement racoleur, sur le plan visuel notamment. Et si quelques planches s'enrobent effectivement d'une certaine chaleur, la mangaka ne fait que jouer avec les limites sans les transgresser. En marchant sur ce fil de funambule, ce sont avant tout les fors intérieurs de ses personnages qu'elle traduit, leurs déceptions comme leur curiosité libidineuse naturelle à cet âge. Le fait que, pour l'heure, le manga ne parte pas dans le voyeurisme mais se serve de ce léger érotisme pour nourrir une ambiance est tout à l'honneur du titre. Il faut dire qu'une telle démarche n'est pas exempte de difficulté, notamment pour établir cette balance entre le sulfureux sans outrepasser l'interdit morale. Et fort heureusement pour nous, cette amorce ne verse jamais dans le malsain, tout au plus dans la liaison torturée.

Aux côtés de planches assez fortes, c'est toute l'histoire sentimentalement mitigée de Hanabi et Mugi qui nous est développée. Leur lien se voit étoffé en progression tout le long du tome, de même pour ces sentiments impossibles qu'ils éprouvent pour des figures fraternelles. Le récit ne nous vend jamais l'éventualité de ces souhaits exaucés, tout résidant dans la manière dont les adolescents vont gérer leurs frustrations, par une liaison peu saine de prime abord. Les promesses de l'œuvre sont donc là : On reste curieux de voir si la suite parviendra à délirer ces jeunes gens de leurs situations torturées, et comment tous deux s'acclimateront à un cadre lycéen plus classique, puisque eux-mêmes sont cibles d'intérêt sentimentaux de personnes de leurs âges.

Les débuts de Scum's Wish ne manquent donc pas d'intérêt, encore faut-il adhérer à la proposition et à l'atmosphère développée par Mengo Yokoyari et ce simili érotisme qui ne franchit jamais la ligne rouge. Tout sera question de sensibilité, et il est normal qu'un tel titre ne fait pas l'unanimité. Mais Scum's Wish, sur ce premier tome, sera certainement une curiosité pour bon nombre de lecteurs pris au dépourvu. Et sur une série plutôt courte, on a envie de voir comment l'histoire de Hanabi et Mugi, mais aussi des personnages qui les entoures, va évoluer.

Concernant l'édition, c'est sans surprise que Noeve livre un joli ouvrage, notamment par cette couverture aguicheuse sur papier de soi et divers effets de vernis sélectif qui confère aux éléments textuels un peu de relief.
Aurélie Brun assure un très bon travail de traduction, ne serait-ce dans la transcription des tons variés de ce premier tome, oscillant entre noirceur et humour. Côté lettrage et maquette, Bruno Durand de NO HIT Studio rend une conception graphique bien calibrée.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs