School-Live! Vol.1 - Actualité manga

School-Live! Vol.1 : Critiques

Gakkô Gurashi!

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 16 Décembre 2024

En 2015, un anime aux allures de petit OVNI, School-Live!, rencontrait un certain succès international, y compris en France où il fut diffusé sur Crunchyroll (mais malheureusement, aujourd'hui, la série n'est plus disponible sur la plateforme). Et près de dix ans plus tard, son manga d'origine arrive enfin dans notre langue, grâce aux éditions Meian qui en ont fait l'une de leurs dernières nouveautés de l'année 2024, avec la publication simultanée des deux premiers volumes.

De son nom original Gakkou Gurashi!, cette série est achevée en 12 volumes, a été prépubliée au Japon entre 2012 et 2019 dans le magazine Manga Time Kirara Forward des éditions Hôbunsha, et est la toute première publication française du scénariste Norimitsu Kaihô (également connu comme scénariste dans le monde de l'animation et pour son travail avec Nitroplus) et du dessinateur Sadoru Chiba. Forte de son succès, elle a connu dans son pays d'origine plusieurs dérivés en anime bien sûr, mais aussi en manga (avec plusieurs anthologies collectives et une suite en un tome), et même en film live.

Dans les premières pages, tout commence comme une tranche de vie des plus légères, où une insouciante et étourdie adolescente du nom de Yuki Takeya affiche tout son engouement vis-à-vis de l'école, qu'elle voit depuis quelque temps comme un endroit formidable voire comme un vrai petit pays où il y a tout ce qu'il faut: à manger à la boutique, de quoi se divertir, plein d'objets qui ont de quoi éveiller la curiosité au laboratoire... C'est même dans l'optique de profiter toujours mieux de ce que l'école a à offrir qu'elle a rejoint le club de la vie à l'école, où se trouvent trois autres filles: son énergique meilleure amie Kurumi Ebisuzawa qui se promène rarement sans sa pelle (?!), la posée et compétente Yûri Wakasa qui fait office de leader, et la jeune et douce enseignante Megumi Sakura qui se présente comme une responsable de club très indulgente. Ensemble, tout en respectant des règles strictes qu'elles ont mises en place, elles ont la possibilité de dormir dans l'établissement scolaire, de l'explorer comme elles le veulent, et de faire l'usage qu'elles souhaitent des lieux. Ainsi, entre elles, tout semble aller pour le mieux, dans le meilleur des mondes... Vraiment ? Tout ceci n'est-il pas un peu étrange ? Vous auriez bien raison de le penser, car la réalité est tout autre: bienvenue dans un monde arqué par une apocalypse zombie ayant tout ravagé, et où une petite poignée de jeunes filles tâche, au jour le jour, de survivre dans l'enceinte de son école, sans se laisser dépérir.

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'introduction de l'oeuvre, en nous présentant d'abord ce petit univers à travers une Yuki a priori très insouciante et joyeuse, fonctionne très bien, pour mieux nous mettre un premier petit choc dès que se dévoile la réalité, loin de ce que la jeune fille, a priori incapable d'accepter l'état du monde, imagine. A ses côtés, chacune des trois autres filles qui l'accompagnent tâchent donc de l'accompagner du mieux qu'elles peuvent sans la brusquer, et tout en se révélant un peu plus à nous à tour de rôle, puisque pour l'instant chaque chapitre de ce premier tome se focalise en quelque sorte sur l'une d'elles, l'une après l'autre. Et le résultat, dans l'ensemble, est bien là: tout en profitant d'activités à première vue insouciantes (comme un test de courage initié par Yuki) ou en faisant face à des petites épreuves (ne serait-ce que des zombies qui peuvent rôder), chacune des filles se dévoilent un peu plus à nous dans leurs traits de caractère, dans leur rôle, dans leurs inévitables incertitudes face à l'avenir, voire même dans leur mystérieux sentiment de culpabilité, rendant ainsi ce début de récit plus complexe qu'il n'y paraît, mais aussi assez énigmatique quant à la façon dont l'apocalypse zombie s'est abattue.

Il y a ainsi, constamment, un jeu entre deux atmosphères opposées à la lecture. D'un côté, on comprend bien que le contexte apocalyptique est en réalité sûrement terrible à l'extérieur, que la survie reste en permanence incertaine, et que beaucoup de choses doivent peser sur nos héroïnes, les auteurs se permettant même dès ce premier volume un coup dur supplémentaire que nous allons soigneusement taire. Et de l'autre côté, il y a pourtant une volonté, entre elles, de profiter, de toujours s'entraider, de ne pas vaciller, le tout avec autant de légèreté que possible. On retrouve d'ailleurs assez bien cette dualité d'ambiances dans le rendu visuel de Sadoru Chiba: avec ses designs mignons tout plein et très expressifs qui n'empêchent pas de vrais élans sanglants et oppressants quand les menaces et les souvenirs difficiles apparaissent, le dessinateur surfe efficacement sur ces séries jouant sur les contrastes, un peu à l'image de Puella Magi Madoka Magica ou de Higurashi, pour citer deux autres titres publiés par Meian.

A l'arrivée, ce premier volume interpelle facilement, grâce à sa formule plutôt bien campée, grâce à ses contrastes d'ambiance, à sa part de mystère, et à ses portraits prometteurs d'héroïnes que l'on a envie de découvrir et de suivre toujours plus. Il s'agit là d'une introduction qui, dans l'ensemble, accomplit très correctement son rôle, et il n'y a alors plus qu'à voir comment tout ceci va se développer. Dans cette optique, la sortie simultanée du tome 2 est sans aucun doute une bonne idée de la part de Meian.

Enfin, quelques mots sur l'édition française, où le seul petit reproche à faire provient des moirages un peu trop présents dans l'impression. A part ça, la jaquette est très proprement adaptée de l'origine japonaise en plus de bénéficier d'un vernis sélectif sur le logo-titre, les six premières pages en couleurs sur papier glacé constituent un bonus très plaisant, le papier se révèle assez souple, épais et peu transparent, la traduction assurée par Mathilde Gaillard-Morisaka est très claire, et le lettrage de Mickaël Ponsard nous convainc tout à fait.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction