Sayonara Miniskirt Vol.2 - Manga

Sayonara Miniskirt Vol.2 : Critiques

Sayonara Mini skirt

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 12 Mars 2021

Encore quelques mois auparavant, la jeune Karen Amamiya vivait son rêve d'idol avec pureté et joie, jusqu'au jour où un "fan" l'agressa au couteau. Blessée autant physiquement que psychologiquement, la jeune fille s'est alors retirée de la scène et a changé de nom mais aussi de look, en adoptant une allure plus masculine afin d'échapper précisément au regard des mecs et, surtout, d'essayer de se reconstruire dans un nouveau lycée où elle ne veut pas être reconnue, en tâchant de détester ces garçons qui lui ont fait du mal. Mais les blessures du passé ne peuvent se refermer si facilement: alors que des incidents sexistes se multiplient dans son entourage et que partout subsiste un certaine banalisation à ce sujet, l'adolescente conserve en elle la mélancolie de son rêve d'idol brisé. Pourtant, à ses côtés, il y a désormais Hikaru, un camarade de classe qui l'a reconnue, la remercie même d'être devenue idol, si bien que la jeune fille parvient petit à petit à s'ouvrir à lui... mais pour quelles conséquences ? Tout porte à croire que l'agresseur de Karen l'a retrouvée, qu'il rôde encore autour d'elle en attendant son heure. Et, petit à petit, des pistes semblent avoir convergé vers une personne: Hikaru.

Particulièrement fort dans tout ce qu'il parvenait à évoquer sur la condition féminine dans nos sociétés et sur la banalisation malheureuse de nombre d'injustices envers les femmes, le premier volume de Sayonara Miniskirt parvenait, en plus, à entretenir une réelle tension autour du danger pesant encore sur Karen/Nina, jusqu'à nous laisser sur un réel cliffhanger où Hikaru finissait par apparaître comme le coupable tout désigné de l'agression... Alors, qu'en est-il réellement ?

Ma réponse qui se dessine dans la première partie de ce deuxième tome n'est pas forcément surprenante, mais c'est bien la manière dont Aoi Makino l'aborde qui est intéressante. Car, sur la base des accusations envers Hikaru, la mangaka parvient à aborder avec justesse bien d'autres choses, comme le désir de Nina de faire confiance à son camarade de classe, et surtout ce que l'on découvre sur les raisons réelles du comportement de Hikaru, de ce que lui a apporté le statut d'idol de notre héroïne, et de son désir de ne pas obtenir si facilement la confiance de la jeune fille. Hikaru est lui-même un être souffrant profondément de ne pas avoir su protéger celle qui devait l'être quand il le fallait, qui en ressent encore de la culpabilité, et qui a du mal à s'en relever. Son cas à lui et à sa petite soeur Rikka sera, par ailleurs, l'un des éléments centraux du volume, en continuant d'être peaufiné plus tard, et en ayant beaucoup de chose à véhiculer. L'importance de toujours croire, de toujours écouter les victimes même quand a priori ça ne semble pas très sérieux, et également l'importance d'oser douter des hommes qui semblent hors de soupçon en abusant de leur statut. Car une fois que le pire arrive, il est trop tard. Ce que l'on appréciera aussi alors, c'est l'impact que notre héroïne a pu avoir en tant qu'idol sur la jeune Rikka... preuve que les rêves/idéaux de Karen/Nina, bien que désormais brisés, n'ont pas été vains.

En dehors de ça, l'intrigue plus générale de Sayonara Miniskirt suit ici un déroulement assez classique, mais qui a de quoi entretenir la tension et les attentes: tandis que l'on n'échappe pas aux tout débuts de sentiments amoureux que les personnages, de par ce qu'ils ont vécu, peinent toutefois à accepter facilement, le véritable coupable (dont on peut clairement commencer à avoir une idée de l'identité) rôde toujours et, cruel, apparaît bien décidé à attendre que notre héroïne se soit reconstruite pour la briser définitivement... quitte à devoir faire quelques victimes de plus pour le bien de ses plans. Et ici, la victime collatérale sera forcément une autre jeune fille tournant autour de Hikaru: l'égérie de la classe, Miku, pour un résultat terrible. Terrible pour ce que la jeune fille subit, mais peut-être encore plus terrible pour le comportement qu'elle adopte après le drame: tâchant de ne pas en faire grand cas, comme si rien ne s'était passé, cachant ses blessures autant physiques que morales, afin de ne pas briser l'image de beauté idéale qu'elle renvoie aux autres et en particulier aux mecs, et faisant donc de plus belle le jeu de cette société sexiste où, partout (y compris dans un simple concours de déguisement), de façon banalisée, les filles/femmes sont jugées par le prisme du regard masculin avant tout, en étant bien souvent réduites à leur physique. Le comportement de Miku est donc bien différent de celui de Nina, et on se dit forcément qu'il ne peut rien apporter de bon, car s'enfermer dans le silence, c'est faire le jeu de cette vision rétrograde, au risque que les agressions et autres incidents continuent sans que rien ne change.

Aoi Makino continue aussi, toujours, de croquer en filigranes bien d'autres aspects anormaux, comme les rumeurs, les messes-basses, les réflexions banalisant des situations pourtant terribles, au risque de même culpabiliser les victimes. Et tout ceci contribue à faire de Sayonara Miniskirt une lecture toujours aussi riche et puissante malgré quelques ficelles un petit peu plus classiques.

Presque un an après la parution du tome 1, on reste donc conquis par ce deuxième volume... conquis, oui, mais aussi inquiet, car voici à présent bien longtemps que l'on n'a plus de nouvelles de l'oeuvre au Japon. Sorti dans son pays d'origine en avril 2019, ce tome 2 reste à ce jour le dernier tome en date à être paru, et actuellement l'oeuvre reste en hiatus dans son pays depuis déjà un bon moment... Croisons les doigts pour avoir, un jour, la suite de cette excellente oeuvre. En attendant, cela n'enlève en rien l'intérêt de la lecture, tant ces deux premiers tomes ont déjà vu Aoi Makino aborder nombre de choses importantes, qui ont de quoi bousculer.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction