Saturn Return Vol.2 - Actualité manga
Saturn Return Vol.2 - Manga

Saturn Return Vol.2 : Critiques

Saturn Return

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 28 Décembre 2022

Chronique 2 :


Depuis le décès d'Aoi, Risuko s'est embarquée dans un périple pour connaître le vrai sens de sa disparition. C'est aux côtés de son actuel éditeur, le jeune Koide, que l'autrice a entrepris ce voyage. Après avoir appris que huit femmes ont reçu des demandes en mariage de sa part, le duo parvient à trouver une très maigre piste, qui les emmène dans le monde des bar à hôtes.
En parallèle, Kazufumi est bien décidé à entretenir sa relation avec sa femme, ignorant tout du périple qu'elle mène. Et si toute l'heure idylle avait déjà volé en éclat ?

Le passionnant drame d'Akane Torikai nous a déjà pris aux tripes avec son premier tome, aussi la hâte de découvrir la suite de cette histoire était forcément présente. Un sentiment d'autant plus fort que nous savons aujourd'hui que la série est vouée à s'achever avec son dixième opus, ce qui laisse une belle marge pour l'intrigue d'évoluer, et les personnages d'avancer. Car ce que nous retenons à l'issue de ce deuxième volet, c'est que Saturn Return est tant une quête de vérité qu'une succession de portraits.

Cette vision s'établit par le découpage de ce tome qui ne se contente pas de jouer les thriller dramatiques. Il n'est pas uniquement question de la quête de vérité de Ritsuko et de Koide à propos de la mort d'Aoi, mais plus globalement d'une fable sociétale qui insiste sur les difficultés des uns et des autres à s'épanouir, voyant parfois ce à quoi ils tiennent leur filer entre les mains. Akane Torikai étant une autrice qui aime s'interroger sur les pensées de ses personnages face au monde qui les entoure, cette démarche résonne particulièrement bien dans un tel récit teinté de mystère, toujours ancré dans l'incertitude, aussi bien en ce qui concerne la fameuse vérité sur Aoi que le destin qui guide chaque figure de l'histoire.

Saturn Return, par ce deuxième tome, a donc plusieurs moyens de nous accrocher. En premier lieu, il y a évidemment l'enquête autour de l'ami de Ritsuko et sa disparition annoncée mais toujours percutante pour l'héroïne, menant cette dernière et Koide dans un bar à hôte, véritable lieu d'enjeux et de défi. Il aurait été facile pour la mangaka d'aborder la face néfaste de ces établissements, alors celle-ci aborde cette phase avec un autre regard, celui des employé eux-mêmes qui vivent dans un monde de compétition, ce dont Ritsuko va devoir profiter pour obtenir ce qu'elle cherche. Le passage est clairement prenant, en plus de faire preuve de subtilité dans son écriture et d'interroger, de manière différente, sur ce qui compose la société japonaise contemporaine.

Pourtant, l'intrigue n'avance pas tant que ça, dans le sens où le chemin vers Aoi reste encore bien plongé dans le brouillard. C'est alors aux personnages d'évoluer, que ce soit Koide qui façonne son chemin aux côtés de l'autrice qu'il a en charge, ou encore Ritsuko qui doit briser la glace avec son mari. Le flashback de leur rencontre ouvre le tome, là où le dernier chapitre semble sceller leurs destins, ce qui fait de cette suite un véritable film qui trouve son élément déclencheur et une résolution, bien qu'une ouverture soit glissée. En revenant à cette tranche de vie de couple, et en laissant ainsi de côté l'intrigue d'Aoi, Akane Torikai permet à sa protagoniste de s'émanciper et de faire un immense pas en avant. Et si franchir cette étape était nécessaire dans son aventure ? C'est une question qu'on est en droit de se poser, et dont nous découvrirons peut-être la réponse dans les tomes futurs.



Chronique 1 :


Pourquoi "Aoi", alias Nakajima, est-il mort ? Que s'est-il passé dans les instants qui ont précédé son suicide ? Quel est le sens des demandes en mariage qu'il a envoyées à huit femmes différentes juste avant de passer à l'acte ? Poussée par son nouveau et jeune responsable éditorial Koide qui l'accompagne dans ses investigations, Ritsuko enquête, pour essayer de comprendre ce qui a poussé son ami à se donner la mort dans ces circonstances, ce qui permettra peut-être à la romancière de retrouver une inspiration littéraire, elle qui souffre du syndrome de la page blanche depuis le succès de son premier roman quelques années auparavant, ce roman qu'elle avait précisément écrit pour Nakajima...


La majeure partie de ce deuxième volume se consacre alors à la suite du voyage de Ritsuko et de Koide pour essayer de comprendre les actes du défunt Nakajima, ce qui passe par le besoin de retrouver les huit femmes ayant reçu l'étrange demande en mariage. Et en l'absence de la moindre aide d'Emi, la petite soeur du disparu qui semble avoir une profonde aversion pour Ritsuko en la traitant d'oiseau de malheur, le binôme décide alors de tenter une approche auprès du club de hosts où Nakajima aurait apparemment travaillé pendant quelques mois peu de temps avant sa mort, et précisément sous le nom d'Aoi. C'est à grands coups d'alcool et de sommes faramineuses que tous deux essaient d'en apprendre un peu plus, et même s'il faut avouer que de ce côté-là Akane Torikai fait vraiment avancer l'enquête à petits pas, le fait est qu'il y a toujours quelque chose qui nous accroche dans sa narration, dans le petit portrait un peu critique qu'elle fait du monde des hosts où tout n'est qu'apparence, concurrence, appât du gain et exploitation des client(e)s, et surtout dans le portrait d'une héroïne que l'on sent toujours aussi perdue, ne serait-ce que quand on la voit enchaîner les dépenses en alcool sans regarder afin d'obtenir des indices.

Dans le fond, quelle pouvait être la profondeur de son lien avec Nakajima, cet ami pour qui elle a écrit son premier succès et qu'elle n'avait pourtant revu depuis quelques années ? En réalité, c'est directement par la bouche de notre héroïne que la principale révélation-choc de ce deuxième tome arrive, dans les dernières pages. Et cela traduit surtout une chose: au-delà du mal-être de Ritsuko, la source du problème semble bel et bien venir d'elle-même, de son for intérieur, de ce qu'elle a pu vivre jusque-là, de ce sentiment irrémédiablement mélancolique que la vie (sa vie) n'est qu'une succession de pertes, et de son impression que cette vie ne lui appartient pas vraiment. Et si Torikai parvient aussi puissamment à sonder les troubles de son héroïne, c'est également parce qu'elle la travaille aussi à travers son entourage, en particulier ici son époux Kazufumi, dont on suit les propres tourments (notamment professionnels) dès le début du tome, dont on découvre aussi le rapport si particulier qu'il a avec cette épouse pour qu'il il se donne autant que possible... le tout nous laissant alors sur une dernière partie de tome assez terrible, quelque part.

Soulignons, enfin, le cas de Koide qui, tout en poursuivant assidument ses investigations pour essayer de sortir notre héroïne de sa détresse, se frotte lui-même à quelques épreuves supplémentaires, que ce soit l'omniprésence chez lui de la toujours aussi énigmatique Maki, ou le nouveau travail qu'on lui confie auprès de Madame Akiba, autrice qui semble beaucoup s'attacher à lui. Torikai a beau offrir quelques brefs changements de ton un peu bizarres via les petites "mésaventures" cocasses ou sexy du jeune éditeur, tout ceci interpelle facilement en vue de la suite du récit.

Globalement, ce deuxième opus, bien qu'un peu moins fort, confirme sans le moindre mal la belle réussite que fut le tome 1. Akane Torikai prend certes son temps pour faire avancer réellement l'enquête autour de Nakajima, voire semble faire quelques petits détours, et pourtant son introspection sur le spleen de son héroïne ainsi que son travail sur certains autres personnages (Kazufumi en tête), couplés à une réelle force visuelle (en particulier quelques doubles-pages), n'en finissent pas de frapper juste.

  

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Takato

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs