Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 12 Mars 2010
Sous une couverture rayonnante jaune poussin, Saruyama est un shojo apparemment comme les autres. Apparemment. Car on découvre rapidement que, si l’histoire est assez classique, les personnages sont bien plus attachants que prévus, ce qui donne un air très sympathique à ce petit début de série. L’histoire est celle de Haruna Aizawa, une jeune fille assez froide et sérieuse, qui doit changer de lycée en cours d’année, suite à un scandale médiatique impliquant son père. On découvre ainsi, par ces quelques mots, une réalité un peu différente de la famille idéale ou du drame stéréotypé. On en parle juste ce qu’il faut, sans en faire une réalité primordiale où tout ne tournerait qu’autour de ça. On s’intéresse bien plus à son intégration scolaire ! Les élèves de sa nouvelle classe forment déjà un groupe, avec la tête de turc, le clown, les jolies filles, le séducteur … Bref, une communauté bien dirigée, mais totalement ouverte à cette fille quasiment psychorigide. Entre spectacle de classe, sortie en randonnée, jalousies et premiers amours, Haruna va s’intégrer peu à peu à ce groupuscule de « singes », qu’elle pensait ignorer. Elle en viendra même à se familiariser avec le plus animal de tous ces spécimens, commençant très rapidement une relation qui, insouciante et spontanée, va apprendre beaucoup aux deux jeunes gens.
Macharu Yamashita est ce fameux singe parmi les singes, complètement à l’opposé de la jolie Haruna. Il est doué en sport, ne tient pas en place, et est la source de toutes les attentions gentiment moqueuses tandis que sa partenaire sort doucement, au contact de tous ces dynamiques compatriotes, de sa personnalité hautaine et repliée sur soi. Malgré les préjugés, malgré les problèmes de socialisation et surtout malgré les réticences. Le ton est insouciant, extrêmement léger, presque anecdotique. On rentre dans le quotidien d’une jeune fille qui ne cherche pas l’amour de sa vie à peine la porte de l’école poussée, qui ne se lamente pas sur le scandale jeté sur sa famille, qui ne se prend la tête que lorsque la situation l’exige … Bref, un petit quelque chose qui rappelle l’ambiance de l’excellente série de Hinako Ashihara, Le Sablier. Si la douce alternance des saisons n’y est pas et si l’on ne peut juger encore de l’avancée dans le temps, c’est une narration qui explose sans faire de bruit, se révélant vraiment très prometteuse. Entre humour, romantisme et phénomène de groupe, ce n’est pas seulement Haruna que l’on apprend à connaitre et ses camarades, notamment Macharu sont de très bons personnages !
Visuellement parlant, c’est également très bon. Tout en gardant le style du shojo, Saruyama arrive à se démarquer par quelques menus détails. Le look de l’héroïne fait déjà bien plus mature, par ses cheveux longs et un regard souvent triste ou terne. Macharu quant à lui a ce petit quelque chose dans le regard sui séduit, et qui le différencie des autres. Que ce soit dans la forme des visages ou dans l’expressivité qui passe dans les yeux de chacun, l’auteur réussit le pari de faire un dessin shojo très classique tout en se différenciant suffisamment pour accrocher l’attention et en transmettant plus de choses que d’ordinaire. Seul bémol : la mise en page très dynamique ne cache pas le manque de décors et les personnages aux traits un peu trop faciles lors de passages comiques. Soleil a fait ici un très bon choix, et si l’on déplore quelque peu la simplicité criarde des couvertures, on espère qu’elle attirera le regard des curieux ! En somme, mise à part l’insistance un peu lourde sur le pourquoi du titre et la montagne de singe, métaphore un peu décalée et lointaine, c’est une excellente surprise que ce shojo de chez Soleil !