Sans aller à l'école, je me suis fait des amis ! - Actualité manga

Sans aller à l'école, je me suis fait des amis ! : Critiques

Gakkou e ikenai boku to 9nin no tomodachi

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 14 Juin 2023

Il y a déjà quelques années, les éditions Akata nous proposaient de découvrir l'excellent manga-témoignage Sans aller à l'école, je suis devenu mangaka, dans lequel l'auteur Syoichi Tanazono relatait en détails son parcours d'enfant déscolarisé et toutes les difficultés qui en découlaient, jusqu'à ce que naisse en lui le rêve de devenir mangaka, nourri par sa passion pour Dragon Ball, et avec en point d'orgue sa rencontre salvatrice avec Akira Toriyama en personne. Forte d'un réel succès au Japon, cette oeuvre fut vouée à connaître une suite: Sans aller à l'école, je me suis fait des amis.
Prépublié sur le site Web Action des éditions Futabasha entre 2020 et début 2021 (donc environ 6 ans après Sans aller à l'école, je suis devenu mangaka), ce manga est en réalité un projet de longue date pour Tanazono, qu’il souhaitait réaliser à la fin de son premier one-shot. Mais suite à la forte médiatisation et au succès de son premier ouvrage, il a eu besoin de temps pour trouver le ton juste, pour mettre sur papier la suite de sa vie.
Comme pour plusieurs oeuvres ces dernières années, les éditions Akata ont fait le choix de d'abord proposer ce manga en avant-première numérique, chapitre par chapitre, et cela dès la fin du mois de mai 2020, ce qui a permis de suivre d'assez près la prépublication japonaise ! Il aura ensuite fallu attendre jusqu'à la fin du mois de mai de cette année 2023 pour que l'oeuvre arrive en un épais volume broché d'environ 300 pages, dont le prix de 9,65€ se justifie facilement par l'épaisseur et la qualité: la couverture est dans la lignée du tome précédent, le papier assez épais et peu transparent permet une bonne qualité d'impression, le lettrage d'Elsa Pecqueur est très soignée, et la traduction d'Alexandre Fournier est impeccable.
Notons, enfin, que depuis août 2021 la saga "Sans aller à l'école..." connaît un troisième volet au Japon: Gakkô ni Ikitakunai Kimi he, où Tanazono se veut plus pédagogue en tentant d'aider des enfants déscolarisés à s'en sortir.

Suite directe du premier opus, Sans aller à l'école, je me suis fait des amis reprend donc le parcours de Masatomo juste après avoir été reboosté par sa rencontre salvatrice avec Akira Toriyama, et alors qu'il est âgé de 13 ans. Le présent volume s'applique à retracer plusieurs années de sa vie, allant de son adolescence jusqu'à l'âge de la trentaine, de l'époque où il a commencé à retourner à l'école à la fin du collège jusqu'à la période où, après bien des échecs, il est enfin parvenu à publier un manga professionnel, à savoir "Sans aller à l'école, je suis devenu mangaka" bien sûr.

Ce parcours sur plusieurs années est soigneusement abordé, de façon linéaire mais intéressante, et en dégageant deux grands aspects, le premier des deux étant tout simplement la découverte de chacune des étapes, souvent peu communes, ayant jonché la vie de Masatomo jusqu'à ce qu'il atteigne enfin son rêve: retour à l'école vers la fin du collège, choix de d'abord faire deux ans dans une école d'animation pour s'entraîner au dessin, bref retour dans un lycée normal où il ne s'intègre pas avant de se diriger vers un établissement proche de la free school (un type de lycée pour élèves en difficulté et marginaux), arrivée à Tokyo dans l'espoir de venir assistant mangaka, enchaînement de petits boulots tout en connaissant plusieurs désillusions lors de concours de manga... L'auteur dépeint son parcours, un parcours sortant de la norme, avec d'autant plus d'efficacité qu'il y distille très bien tous les espoirs et les doutes par lesquels il a pu passer. Que ce négativement en ayant des difficultés en cours après tant d'années à avoir été déscolarisé, en peinant parfois à s'intégrer à des groupes, en étant proche du désespoir et de la résignation face à ses échecs pour se faire publier et devant certaines paroles très dures de certains responsables éditoriaux, ou en se demandant s'il pourra devenir un adulte responsable. Ou, au contraire, positivement, quand on vante ses dessins, qu'on le soutient, qu'on lui laisse l'occasion de reprendre confiance en lui pour conforter de plus belle sa vocation pour le manga.

Et dans cette optique plus positive, il y a vraiment une chose qui se révèle essentielle ici dans le parcours de Tanazono. Une chose qui est mise en avant dans plusieurs noms de chapitres et dans le titre de ce manga: les relations et amitiés que, malgré les difficultés, il va réussir à bâtir au fil de ces années, en ayant très souvent un impact salvateur sur lui, aussi salvateur que celui qu'a pu avoir Akira Toriyama par le passé. On pense par exemple à son ami du collège Mikami, élève populaire et pourtant très avenant avec tout le monde, qui lui permet de constater que ses dessins peuvent apporter du réconfort dans des épreuves difficiles. A Kida, jeune homme de l'école d'animation qui pourra faire office de "rival" stimulant. A Itaru, garçon un peu spécial de la free school, avec qui il se disputera, s'excusera et pourra mieux prendre conscience de la valeur du dialogue pour être en harmonie avec son entourage. Ou encore, parmi tant d'autres, à Otto, jeune homme d'origine malaisienne qui veut vite travailler pour envoyer de l'argent à sa famille. Masatomo rencontre ainsi tous types de gens qui ont aussi leurs petits problèmes personnels et qui vont, chacun à leur manière, apporter quelque chose à son évolution.

Sous un dessin très fonctionnel et une narration sobre et claire, le mangaka parvient alors, après la grande réussite de "Sans aller à l'école, je suis devenu mangaka", à proposer ici un contenu lui aussi très intéressant, à la fois riche, nuancé via son portrait tantôt dur tantôt positif, et globalement porteur d'espoir en montrant que, même en suivant un parcours sortant de la norme et malgré nombre de difficultés, on peut tout à fait réussir à retomber sur ses pattes et à tracer sa route.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction