Sanctuary - Edition perfect Vol.1 - Actualité manga
Sanctuary - Edition perfect Vol.1 - Manga

Sanctuary - Edition perfect Vol.1 : Critiques

Sanctuary

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 14 Septembre 2022

Buronson et Ryôichi Ikegami sont deux artistes appréciés et véritables pointures d'une époque, tout en continuant à oeuvrer aujord'hui. Pourtant, leur présence dans l'actualité francophone du manga est plus rare, aussi toute parution qui leur est lié est un petit événement. Alors, quand Glénat répart une injustice passée en publiant l'une des œuvres conjointes du tandem, l'attente est forcément au rendez-vous.

Initialement lancé au Japon en 1990 dans la revue Big Comic Superior, pour un total de 14 volumes, Sanctuary a une histoire assez particulière chez nous. En 1996, Glénat tente une parution de l'oeuvre mais n'ira pas au-delà du deuxième volume, stoppant la publication bien avant sa fin. Il faut attendre 2004 pour que Kabuto reprenne les droits et éditent l’œuvre tant en tomes simples qu'en coffrets. Mais l'Histoire n'étant pas clémente avec la maison, celle-ci met la clé sous la porte, Sanctuary passant rapidement du côté des titres indisponibles. En cette année 2022, Glénat profite d'une remise en lumière de Ryôichi Ikegami avec Trillion Game, sa dernière série en date écrite par Riichiro Inagaki, pour corriger ses erreurs passées. Ainsi, Sanctuary fait son retour dans un format plus prestigieux, voué à totalisé six volumes aux grandes dimensions et en incluant les pages couleur bichromiques. Une belle initiative qui permet de remettre sous les projecteurs ce thriller sociétal en milieu yakuza.

Dans l'oeuvre de Buronson et Ikegami, le jeune Hôjo est un yakuza montant, appartenant à un clan influent. Lorsqu'il tente de faire chanter un politicien peu scrupuleux avec des photos de ses adultères prises à son insu, il trouve sur sa route le chef de cabinet de ce député, le redoutable Asami. Mais ce que le politicien Sakura ne sait pas, et ce qui a de quoi le faire trembler, c'est que Hôjo et Asami n'ont rien de deux ennemis. Camarades de longue date, tous deux agissent de mèche pour honorer une promesse : Celle d'impacter la société en unissant leurs armes et leurs moyens. Deux figures montantes et jeunes de leurs milieux respectifs s'apprêtent à mettre un coup dans cette fourmilière vieillissante qu'est le Japon.

Nous plongeant d'emblée dans des intrigues mafieuses et politiques, Sanctuary est une œuvre qui ne perd pas de temps et qui s'installe très rapidement. Partant des frasques criminelles du fringuant Hôjo, un yakuza montant qui ne manque pas de charisme, le récit est rapidement guidé vers une double intrigue, deux chemins croisés entre deux camarades de milieux totalement différents mais de mèche, et qui n'aspirent qu'à une chose : Bouleverser le Japon et créer leur « Sanctuary ».

Sur cette base assez simple, Buronson (sous le nom d'auteur Sho Fumimura) et Ryôichi Ikegami nous narrent un récit mafieux dans les plus grandes règles de l'art, impliquant son lot de complot, ses séquences d'intimidation fortes, et ses rivaux entrant en scène. A chaque fois, l'enjeu sera similaire : Hôjo, face à une nouvelle menace de ce monde de l'ombre, devra faire preuve de sang froid et de talent pour s'imposer. D'ailleurs, c'est surtout son parcours que nous sommes amenés à suivre, là où l'ascension politique d'Asami occupe une place plus discrète, mais pourtant passionnante. Deux arcs qui se recoupent, donc, les intérêts des deux protagonistes étant les mêmes. La formule a alors tout le temps pour s'enrichir sachant, on s'en doute bien, que les deux héros ont encore bien du chemin à parcourir pour honorer leur objectif commun.

Et si ce premier tome ne manque jamais de suspense ou d'intérêt, ce grâce à ses moults machinations couplées à une maîtrise des auteurs pour raconter leur histoire avec un habile sens du rythme, on apprécie le discours sociétal qui se construit au fil des pages. Pour Hôjo et Asami, il n'est pas seulement question de jouer les révolutionnaires de comptoir mais bien de pointer du doigt le vieillissement du pouvoir japonais perverti. L'idée était forte à l'époque, et se révèle toujours d'actualité sur certains points. A l'heure où les plus âgés décident avec toujours autant de décalage de l'avenir de la jeunesse, difficile de ne pas être curieux de voir l'ambition des deux protagonistes s'accomplir. Et si leur Sanctuary était aussi le notre ?

Enfin, difficile de bouder son plaisir face à l'esthétique grattée par Ryôichi Ikegami. Véritable figure de toute une école, sa patte cherchant le réalisme est reconnaissable entre mille, et celle-ci est d'une efficacité redoutable dans un thriller sociétal ou mafia s'oppose au gouvernement. L'ambiance noire comme les phases plus légères forment un bon ensemble sous son trait. Ainsi, bien que le titre date de plus de 30 ans, il n'a pas tant pris une ride. Seules les pages couleur bichromiques, datées, attestent l'âge de l'ouvrage. Pour le reste, on se plonge dans Sanctuary aussi bien en 2022 que dans les années 90.

Côté édition, Glénat livre une jolie copie via un ouvrage épais proposant un papier fin mais honnête, un lettrage bien calibré signé Hinoko, et une traduction d'Elena Faure tout en fait en phase avec l'intrigue et son ambiance. Le prix de 14,95€ semble alors honorable pour un volume qu'on met son temps à parcourir, pour un récit à l'intérêt redoutable.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs