Saltiness Vol.2 - Manga

Saltiness Vol.2 : Critiques

Saltiness

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 15 Juin 2018

Le voyage de Takehiko à Tokyo pour "tuer le monstre" qui est en lui et pour ne pas être un obstacle au bonheur de sa soeur Aï a, d'emblée, pris une drôle de tournure: méconnaissant le monde et la société dont il s'était grandement coupé pendant 17 ans, le trentenaire a profité de la crédulité d'un chômeur et de la faiblesse d'un étudiant pour avancer à sa manière. Il a désormais un toit où dormir, et s'est lancé dans un job d'homme à tout faire en compagnie de Tanigawa, le chômeur. Après des premiers temps difficiles, un premier travail leur est confié, et celui-ci s'avère plutôt bizarre puisque les deux hommes devront tenter de prendre sur le fait un mystérieux individu qui se soulage à répétition sur une voiture...


Ce premier travail, plutôt farfelu, s'avère bien dans le ton de la série et, dans son approche, a toujours quelque chose d'assez cynique, encore plus quand on apprend la véritable motivation du "malfaiteur" (finalement, il fait ça pour une bonne raison, même si sa solution n'est pas forcément la meilleure), et quand on voit la manière dont Takehiko va, lui aussi, le "faire chanter" afin de continuer sa progression. C'est assez amusant, car le personnage principal de la série continue alors, d'abord, d'avancer dans ses plans d'adaptation en société en exploitant certains travers de cette société sans forcément penser à mal.


Avec ce premier travail, la série aurait pu partir sur quelque chose de trop linéaire avec une succession de jobs, mais il n'en est rien.


Tout d'abord, parce que Minoru Furuya profite des quelques missions pour dépeindre des sujets assez profonds et pour commencer à mieux décortiquer les tourments intérieurs de Takehiko, dont une part de l'enfance douloureuse se dévoile, puis qui montre bien à quel point Aï est importante pour lui. A tel point que pour son bonheur, il serait prêt à ne plus exister, à s'effacer de sa mémoire... Le trentenaire a bien conscience de certaines erreurs, craint de façon bizarre de ne pas changer à temps pour ne plus gêner sa frangine, et mine de rien, ça le rend beaucoup plus humain dans le fond. Son humanité derrière son côté inadapté se ressent parfaitement.


Ensuite, car à sa manière, Takehiko va aussi provoquer quelques évolutions assez importantes chez les gens qui l'entourent, à commencer par Kawai et Matsumoto dans leur relation. Preuve que même le plus "marginal" des hommes peut être utile aux autres, même s'il ne s'en rend pas forcément compte, tant il est obnubilé par sa crainte d'être une gêne pour Aï.


Enfin, parce que du côté des autres personnages ça bouge aussi. Tandis qu'Aï et son grand-père font tout pour retrouver la trace de Takehiko, on fait la connaissance d'un nouveau personnage intéressant en Tarô, jeune homme qui va se révéler étonnant... Et si Takehiko, dans sa manière de faire fi des la plupart des choses de la société, avait été un réel exemple pour quelqu'un ? De même, Tanigawa prend une décision assez importante pour la suite et pour les recherches d'Aï.


En filigranes, Furuya ne cesse, à nouveau, d'évoquer des petits vices de la société humaine de façon plus ou moins marquée, mais toujours avec réussite: le besoin futile des gens de lancer des ragots, l'infidélité, le besoin d'avoir des rêves... Sur ce dernier point, grâce à un autre nouveau personnage tout aussi réussi dans son genre, le récit promet de prendre encore une tournure différente par la suite, Takehiko se lançant dans de nouvelles ambitions.


On appréciera toujours autant la mise en scène au plus près des personnages, ainsi que les dialogues souvent délicieux dans leur mélange de réalisme, de cynisme, de vulgarité, de questionnements, de profonde justesse (un mélange que la traduction rend toujours aussi impeccablement). Saltiness suit sa voie en conservant toutes ses qualités et en sachant travailler comme il se doit son portrait de personnages en marge.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs