Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 07 Mars 2023
Saint Seiya est une série qui a bercé mon enfance et que j'adule plus que tout, au delà de Dragon Ball, et de tous les autres classiques de cette génération, mais comme Dragon Ball, à force de suites et spin off de qualité plus que discutables et pour certains dont le seul objectif étant de vendre des figurines, la magie a fini par s'estomper, ne reposant plus que sur la nostalgie... Pourtant, l'esprit Saint Seiya perdure malgré tout grâce à des fans devenus auteurs qui perpétuent la magie, car heureusement, parmi les nombreux dérivés il y en a de grande qualité!
Donc attention, après Lost Canvas et Lost Canvas Chronicles, après Soul of Gold et Omega, après Episode G et Episode G Assassin, après Next Dimension et Saintia Sho, voilà venir Saint Seiya - Dark Wing!
Bien entendu, Kurumada est crédité, mais je suppose qu'il suit ça de très loin (c'est à dire qu'il prend les royalties), mais le titre est confié à deux autres auteurs ayant la lourde responsabilité de tenter de faire aussi bien que Shiori Teshirogi (bon courage). Au scénario on trouve Kenji Saito, déjà scénariste de Trinity Seven, et aux dessins Shinshu Ueda qui a travaillé sur plusieurs œuvres au Japon mais dont aucune n'est parvenue jusqu'à nous...
C'est donc craintif et méfiant que je commence la lecture de ce qui est vendu comme un Isekai, genre que je méprise depuis bien longtemps car prétexte à tout et n'importe quoi...est ce que Dark Wing fera parti du n'importe quoi?...On va découvrir ça de suite!
Shoichiro, élève en première dans la prestigieuse université Graad, participe à une croisière avec son frère jumeau Sojiro et son amie d'enfance Cattleya. Ils sont insouciants et surtout inconscients du danger qui plane sur eux: une explosion survient et Shoichiro se précipite pour sauver Yoruhime dont il est amoureux...il s'enfonce dans les ténèbres glacés de l'océan...et se réveille en pleine forme à Elysion, terre des Dieux où ses camarades morts durant la croisière sont devenus des spectres d'Hades. Totalement perdu, il est alors convoqué par ce dernier et il apprend qu'il est le juge des enfers Wyvern, le plus puissant guerrier d'Hades et qu'il doit aller sur Terre pour tuer Athéna qui a attaqué les enfers sans sommation... Shoishiro est totalement perdu et va tenter de comprendre peu à peu ce qui lui arrive!
Force est de constater que cela part plutôt bien, le début est intrigant et soulève de nombreuses interrogations qui nous donne envie d'explorer ce nouvel univers. La bonne surprise vient surtout du fait qu'à priori nous n'avons pas affaire à un isekai, Shoichiro ne se réveille pas dans un autre monde mais est bel et bien mort et rappelé par Hades pour devenir l'un de ses spectres. Jusque là on ne savait pas grand chose de ces derniers et c'est totalement cohérent qu'il s'agisse en fait de morts appelés à servir Hades. Après tout ne règne t-il par sur le monde des morts?
On est donc agréablement surpris, et ce malgré les défauts inhérents au genre comme par exemple le fait de suivre encore et toujours des personnages adolescents...un peu de maturité pour des guerriers appelés à lutter pour le destin du monde n'aurait pas été du luxe. Et tant qu'on est à soulever les détails agaçants et ridicules, bien que pas bien grave, autant évacuer ça de suite!
Première page, on découvre donc Shoichiro, un adolescent donc, et voilà les premiers mots qu'il prononce (il les pense, mais c'est pareil): "J'aime cette mer noir de jais, je sens une douceur enveloppante dans la violence de ses vagues, comme si elle allait recouvrir le monde entier de sa couleur obscure"! Quel adolescent parle comme ça? Vous voulez nous mettre un personnage principal adolescent, soyez cohérent! D'autant qu'il ne ressemble pas à un gothique! Ok, il est destiné à devenir un spectre, mais c'est tout de même très gros!
Autre petit détail ridicule (là je titille, mais il faut que ça sorte): Shoichiro tombe à l'eau et commence à se noyer, sa première pensée est alors "si seulement j'avais des ailes acérées..."
Ok, il va devenir le spectre de la Wyvern, mais quand on se noie je pense qu'on souhaite plutôt des nageoires ou des branchies que des ailes... Peut être que je réclame trop de cohérence pour une œuvre destinée à un jeune public (ce que je ne suis plus)...enfin bref!
On se retrouve donc en Elysion et s'ensuit alors une longue phase d'exposition par le biais d'une camarade de Shoichiro, morte elle aussi sur le bateau et revenue elle aussi en tant que spectre. Et là pour le coup, on ne peut que trouver l'idée intéressante, on pense alors que l'isekai était une erreur de communication et l'espoir renaît!
Puis Shoichiro et ses deux accompagnatrices (je garde la surprise pour la deuxième) débarquent au sanctuaire pour tuer Athéna...et les révélations s’enchaînent, les identités de cette dernière et de son protecteur qui vient d'intervenir, le Gold des Gémeaux, sont dévoilées! Ce n'est pas réellement une surprise, d'autant que cela renvoi grandement à Lost Canvas avec le trio Tenma / Alone / Sasha, mais cela annonce un développement intéressant à défaut d'être totalement original!
Nous sommes alors plongés dans un flashback, on comprend que non les Gold Saints ne sont pas formés en moins d'un an comme on aurait pu le croire avec la révélation du Gold des Gémeaux, qu'ils subissent une véritable formation éprouvante...et donc la cohérence avec le reste de l’œuvre s'installe...le fan assidu (et ne laissant rien passer) est aux anges, puis on nous présente d'autres personnages, le Gold du Bélier, excellent, et le Gold du Sagittaire...et là on commence à tiquer. Aiolos? Que fait Aiolos dans cette série?
Le flashback se poursuit, l'histoire se développe, rien à redire tout va bien, puis le Gold du Capricorne entre en scène, et même s'il ne s'agit pas de Shura celui ci est cité...et alors on devine une histoire de monde parallèle, d'univers alternatif...Et ça devient le bordel!
Alors que ça partait bien pourquoi doit on partir dans cette direction si casse gueule et surtout tellement inutile?!
On s’arrête là pour le moment, la tête remplie de questions, mais aussi de doutes! Pourquoi faire ça? Dans quelle direction part-on? Bordel, l'univers de la série est tellement riche, pourquoi ce besoin de toujours placer les spins off durant la même période qu'on connaît déjà par cœur! Le récit avait il vraiment besoin d'être contemporain? Le titre ne pouvait pas nous parler d'une autre génération comme l'a si bien fait Lost Canvas? Même Omega a pris le risque d'évoquer la génération suivante, avec des maladresses certes, mais se voulant globalement cohérente...
Donc voilà où j'en suis à l'issue de ce premier tome, je ne comprends pas à quoi correspondent les twists finaux et redoute la suite!
Le dessin est plutôt réussi bien que très "commun". Durant ma lecture je cherchais où j'avais déjà vu le trait de cette auteure, persuadé d'avoir déjà lu une de ses séries, mais en fait pas du tout, c'est juste que son trait ressemble à celui de beaucoup d'autres. Mais attention, cela ne veut pas dire que c'est fade, voire même moche. Cela reste joli et détaillé; les personnages sont expressifs, le découpage est efficace...il n'y a rien de révolutionnaire mais c'est très satisfaisant!
A l'issue de ce premier tome je suis bien incapable de me faire un avis sur ce que sera cette série: approche intéressante et pertinente ou titre bancale et opportuniste... Ce qui est sur c'est que je suis sceptique et curieux...mais j'aurai tellement aimé être optimiste. On attend donc le volume 2 pour avoir quelques réponses, et, croisons fort les doigts, la belle surprise que j'espérais dès le premier tome!