Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 28 Juillet 2025
Après avoir été déclarée morte, Ono est de retour à l’école. Mais celle-ci a changé, surtout son corps, ce qui la rapproche de l’adulte dans cette société où les enfants sont sanctifiés. Pour Hifumi Oshibu, le directeur de l’établissement, rien n’est plus nocif que l’adulte, aussi la sanction qu’il réserve à Ono sera sévère. Ne pouvant accepter cette injustice, Sanda se dresse contre le directeur et se transforme en Père Noël afin de gagner la liberté de sa camarade au terme d’un combat.
Les récents événements peuvent donner l’air que les enjeux de la série sont quasiment résolus. Avec le retour d’Ono et l’affrontement pour sa liberté qui se joue entre Sanda et le directeur Oshibu, la situation initiale du manga est presque résolue. Pourtant, Paru Itagaki sait propulser son histoire bien plus loin avec cet affrontement spectaculaire entre un héros qui découvre toujours un peu plus les possibilités de son nouveau corps et un Oshibu artificiel, aussi fascinant par sa psychologie qu’effrayant pour l’enveloppe charnelle synthétique et digne du monstre de Frankenstein qu’il a su se bâtir.
Au-delà de l’action, c’est tout le message sur l’enfance et l’âge adulte qui continue de retentir dans le récit. On sent que la mangaka a énormément de choses à développer autour de ces phases de l’existence humaine, sur ce que signifie devenir adulte, à quel point il est nécessaire de laisser les enfants vivre leurs vies, le fossé générationnel entre les tranches d’âge… Le propos est puissant et, cette fois, ne laisse pas de place à l’ambiguïté, ce qui le rend plus universel que dans l’opus précédent. Avec Beastars, on savait que Paru Itagaki a bien des messages à partager sur notre société, et Sanda lui permet de réitérer dans une optique différente, mais captivante.
Dans un second temps, alors que l’identité secrète du jeune héros devient l’objectif de l’inquiétant Oshibu, un nouveau pan de scénario s’ouvre autour d’une classe cachée et dangereuse. Tout en développant son univers via des sentiers originaux, la mangaka aborde ses messages sous de nouveaux angles et permet à la quête de Sanda de trouver de nouveaux chemins de concrétisation. On apprécie cette excentricité des idées qui mènent à des réflexions qui s’imbriquent parfaitement dans le récit et l’univers, une marque de fabrique de l’autrice qui fait toujours mouche dans sa seconde série majeure. Avec l’idée d’une classe qui réunit des élèves ayant déjà ôté la vie à des adultes, le récit est à la fois inquiétant et intense, et permet à Sanda de poursuivre sa quête initiatique dans un écueil particulièrement original.
Après trois tomes, on peut confirmer tout le potentiel de l’œuvre de Paru Itagaki et la subtilité du traitement des sujets abordés, le tout couplé à un univers singulier qui cache une réelle densité derrière ses airs loufoques. Sanda nous a plus que convaincus, et on attendra la suite avec hâte.